Dimanche 17/12 Chà d’Igreja

Dimanche 17/12 Chà d’Igreja

Réveil 7h au chant du coq. J’ai déjà quelques courbatures. La nuit fut bonne, la vallée était plongée dans le noir, les grillons comme bruit de fond.

La journée s’annonce belle mais dure. Nous prenons un solide petit déjeuner : œuf, fromage de chèvre, jus de papaye, galette de mais, confiture de mangue et surtout, le plat emblématique du Cap-Vert, la cachupa. C’est une bouillie de haricots ronds, de fèves, de chou… le tout grillé à la poêle. Tous les produits viennent de la vallée et ca se sent au gout.

Tout ca pour affronter 6h de marche avec un dénivelé de +1000 -900 via les cols d’Os Cabrios et de Mocho en passant par les vallées de Ribeira et d’Os Cabrios. Que du kif !

 

J’ai mal aux jambes ! Bizarre non ? Du tres bon sport pendant un peu plus de 5h. On attaque sans échauffement par une montée à flanc de montagne qui nous mène dans la vallée de Ribeira. Je suis déjà en nage, et ca ne s’améliorera pas de la journée (25° soleil et nuages). La montée dans la vallée de Ribeira se fait par un chemin jalonné de digues. Elles ont pour fonction de ralentir les pluies diluviennes qui tombent parfois et inondent les vallées. La rivière est aujourd’hui à sec. L’eau est le principal problème de l’archipel avec peu de sources et une faible pluviométrie. L’ile de Santo Antao avec son profil accidenté attire une partie des précipitations et donc de l’agriculture.

L’arrivée au col d’Os Cabrios (les chèvres) est sublime et le panorama englobe les deux vallées. D’un coté, celle de Ribeira, étroite, incertaine, et de l’autre celle d’Os Cabrios, profonde, faite d’une impressionnante muraille rocheuse que les terrasses sculptent. En bas, les villages verdoyants contrastent avec l’ocre des montagnes. Sublime !

Descente par un chemin d’âne. Mon genou commence à faire la gueule. T’inquiète, dans 3h c’est fini ! Dans la vallée, nous retrouvons les plantations de cannes à sucre et de tabac entre autres. Arlindo croise un ami qui nous dépose au début de la montée du col de Mocho. Dommage, 1km de plat n’aurait pas fait de mal pour la récupération.

On s’attaque alors au col de Mocho. Le soleil est de la partie et tape. Nous serpentons à flanc de montagne sur le désormais habituel chemin d’âne, parfois de terre, souvent de roches, et toujours pentu. Tout du long, nous faisons face à la Horta da Gracia, un col naturellement doux.

Nous bifurquons alors pour l’ascension finale vers le col de Mocho. Pas lent mais (étrangement) sûr après 4h de crapahutage. La vue une fois en haut vaut bien l’effort. A nos pieds, une sorte de cuvette s’entoure d’une muraille rocheuse. A l’arrière, les montagnes culminent et dominent. Au loin, nous retrouvons l’océan.

Pique-nique à base de pates à la viande de chèvre tres bonne mais qui m’en ferait presque regretter le poisson tant il y a de petits os à recracher.

La descente vers Chà d’Igreja offre un spectacle singulier. Posé au centre d’un paysage lunaire d’ocre et de roche, le village multicolore s’alanguit sur un tapis de verdure que forment les plantations. Ces vallées sont faites d’oasis, là où l’eau daigne se montrer.

Dernière étape, dernière épreuve, nous descendons dans le canyon de Chà d’Igreja forgé par les pluies torrentielles. Il est à sec pour le moment. Sur le plateau, le village profite. Autour de l’église s’élance 3 petites rues autour desquelles s’articulent de petites maisons colorées et fleuries. C’est dimanche et la place regroupe les enfants autour d’un pneu et les adultes à la buvette autour de l’inévitable grogue.

Ce soir, nous dormirons dans la pension Mité. Les chambres sont jolies et propres et elles ont des douches privées avec eau chaude (luxe !). Et cette dernière fait beaucoup de bien après la marche !

Une sieste, un bouquin et du temps.

Arlindo frappe et me propose un punch sur la place. L’équilibre de la journée est respecté !

Et ca se transforme en expérience de la vie locale. Arlindo m’introduit auprès des hommes du village prés de la petite cahute qui sert de bar. La TV a été mise à la fenêtre et retransmet un match du Sporting Lisbonne. Un banc a été installé à l’extérieur. La retransmission est aussi mauvaise qu’un porno en crypté sur Canal+ (instant poésie…)

Les hommes se désintéressent peu à peu du foot et s’attroupent sous l’arbre proche. Une partie d’Uril a été lancée !

L’Uril se joue à un contre un, sur un plateau à 12 calebasses (ou creux), 6 pour chaque joueur se faisant face. Chacun a 24 grains, 4 par creux. Chaque joueur à tour de rôle prend tous les grains d’une calebasse et les distribue un par un dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (et donc également dans les calebasses de son adversaire). Si à la suite de ca, les calebasses se faisant face sont en infériorité numérique, le joueur remporte les grains et les sort du jeu. L’objectif étant de prendre le 25eme grain !

Vous n’avez pas compris ? Moi non plus ! Mais c’est plutôt stratégique et ca aura occupé son monde jusqu’au soir.

Le diner ne sera pas tres léger avec un mérou, moins bon qu’avant-hier, des ignames blanches (je n’accroche pas), des carottes goutues, du riz, des frites, de la salade… Rien que ca !

J’ai trop mangé… heureusement, il me reste une grosse journée de marche demain de Chà d’Igreja à Ponta do Sol par le chemin côtier. C’est qu’on y prend gout !

PS : ma chambre pue le poisson… Riche idée que d’avoir laissé ma fenêtre ouverte à l’heure du repas !

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