JEUDI 19/01 SYDNEY

JEUDI 19/01 SYDNEY

Je ne sais vraiment pas pourquoi j’utilise encore des cartes quand je pars en rando…  La matinée grisâtre avait pourtant commencé avec un plein de mappemondes lors de l’exposition « Antarctique » à la grande bibliothèque. Une magnifique présentation chronologique, non pas seulement sur ce dernier continent avec Shackleton, Scott et Amundsen, mais également de la vision cartographique du monde à travers les âges. Depuis les grecs anciens d’où viendrait le nom antarctique avec antarktikos, du grec arktos, l’ours, et du lien avec sa constellation. Cette idée d’un autre monde à l’opposé viendrait pour « équilibrer » la Terre, elle sera plus généralement appelée ensuite Terra Incognita.

Un peu de culture avant de partir à la plage, mais cette fois, de l’autre coté de la baie : Manly Beach, la première des Northern beaches. 30minutes de traversée en ferry à travers la baie (c’est quand même moins cher qu’une croisière privée). Pique-nique sur la plage et reconnaissance de la rando pour aller à Northern Head, la pointe nord de la passe. Je quitte assez vite Manly qui n’est finalement qu’une petite cité balnéaire avec une belle plage et une grande zone de surf. Le début du chemin est clair, entre paysages méditerranéens et petites mangroves. Une fois à mi-parcours, tout se corse. Je suis les indications vers Northern Head… qui me ramènent par 2fois à mon point de départ. Je laisse alors la carte et pars à l’inspiration par un premier chemin sans indication puis un second. Je passe ainsi une forêt de bambou, végétation méditerranéenne, mangrove, vestiges de la ligne anti-aérienne de la WW2, des murs de séparation entre les zones appartenant à l’église et privées il y a quelques décennies. Je me retrouve sans trop savoir comment dans une base militaire ouverte, j’y découvre un chemin d’honneur aux combattants australiens à travers les guerres (je ne le retrouve pas sur la carte…). Je continue au hasard des chemins ; je me retrouve alors face à un mur ! Sauf que j’aperçois des gens de l’autre coté. Je le longe donc jusqu’à une entrée de la base. Une route, et enfin un panorama monumental sur la passe, les falaises beiges plongeant dans une eau marine qui la frappe turquoise en écume d’un blanc éclatant au soleil. Je pourrais me contenter de ce point de vue mais je vais jusqu’au bout par un dernier petit chemin et quelques autres vues, la ville et le pont à travers la brume servant d’arrière plan. Je crois que le soleil commence à me taper après 2h30 de marche : je parle à un rat, je joue à une pseudo discussion avec un oiseau qui me répond une grosse minute avant qu’un énorme corbeau ne le chasse. Ceux-ci, un dragon d’eau (gros iguane) et une multitude d’oiseaux m’ont accompagné. Un paquebot de croisière quitte la baie, alors que je me prépare au retour.

Celui-ci chemine différemment de l’aller, plus direct. Je gagne 1h. Il en reste très étrange. Je passe d’abord devant un ancien cimetière militaire du 19eme siècle envahit par la végétation. Quelques stèles dépassent encore à la mémoire de leurs invités. Suivent ensuite de vieux bâtiments militaires désaffectés qu’une série Z aurait volontiers transformés  en terrain de jeu pour psychopathe à la hache et jeunesse fêtarde insouciante (si possible sortant de son bal de promo, le couple pom-pom-girl/quater back étant obligatoire). Comme les panneaux « défense d’entrer » ont la fâcheuse tendance à m’attirer, je découvre au bout du chemin un ancien poste d’observation datant certainement de la WW2, en bois vermoulu et à l’horizon bouché par de hautes plantes. Le reste du parcours se fera plus calmement à la lumière du soleil couchant. La chaleur et la fatigue prenant le pas, un arrêt s’impose à Sandy Beach pour un plongeon rafraichissant dans cette petite crique à l’eau transparente aux fonds propices à la plongée. Mais je n’ai pas mon tuba… J’y finis ces lignes avant de repartir prendre le ferry en espérant une vue intéressante de la baie de nuit au retour.

Je n’ai pas précisé que j’ai également croisé des piti lapins (je n’avais pas de moutarde, snif) et une espèce de mini raptor traversant à 20m de moi sur ses 2pattes arrières. Bizarre…

Lors de mon pique-nique sur le quai, on m’apprend que des petits pingouins nichent juste en dessous ; je dois donc me décaler pour que leur retour de l’océan soit dans de bonnes conditions. Je deviens alors un vrai gamin, je veux ma photo de Pingu ! Apres 2h d’attentes les plots sont enlevés, ils sont donc partis se coucher sans me raconter une belle histoire. Le bateau part, je suis triste. Hunk…

Le trajet du retour me console en partie. Imaginez. La baie plongée dans le noir. Quand au détour d’un cap s’expose devant vous les buildings du centre d’affaires s’illuminant de milles fenêtres sous leurs enseignes tapageuses. Puis au centre vient se placer, discret, l’opéra de son ton crème. Enfin à droite, s’illumine bleu vert le pont, grandiose. Imaginez maintenant un feu d’artifice digne d’un 14juillet parisien s’élever en étoiles multicolores au dessus de la ville et se reflétant dans l’eau à peine troublée de la baie. Imaginez cela sur le pont d’un ferry voguant paisiblement vers son attache, par un soir d’été, une légère brise marine. Imaginez. Vous êtes à Sydney.      

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