SAMEDI 4/2 CUZCO/MACHU PICCHU

SAMEDI 4/2 CUZCO/MACHU PICCHU

Commençons par un peu de géographie pour situer le reste du récit, car aujourd’hui : MACHU PICCHU ! Le trajet depuis Cuzco traverse les montagnes afin d’arriver dans la vallée sacrée. Le trajet le plus courant est de prendre le train à Poroy, village à 30minutes de Cuzco, pour un premier arrêt à Ollantaytambo, une sorte d’entrée de la vallée, pour arriver enfin au bas de la citadelle du MP à Aguas Calientes ; ce dernier tronçon ne peut être fait que par train. La montée ensuite chemine à flanc de montagne par bus. Voilà plus ou moins ce que j’avais réservé, en suivant les guides et réservant via les sites officiels : beaucoup trop banal !

Levé 5h30 pour prendre un taxi que j’avais demandé à réserver la veille, et qui n’arrivera qu’après un nouvel appel de la réception. Direction Poroy pour prendre le train comme mon billet l’indique. Le chauffeur me dit qu’aucun train ne part plus de Poroy pendant la saison des pluies. Je persiste ; ViaRail, n’aurait pas vendu un billet pour un train inexistant. Ben si… Poroy, personne, sauf un garde qui appelle la compagnie. En fait, un bus de ViaRail part de Cuzco jusqu’à Ollantay. C’est évident ! Il passera me prendre à Poroy. Le village est très pauvre et assez sale, je reste dans la gare. Un taxi arrive, un couple semble avoir eu la même confiance que moi. Le mini bus arrive à son tour et nous ne sommes que 3touristes avec des agents endormis de la compagnie. En route.

A mi-chemin, nous passons à Urubamba. Il porte le nom de la rivière déchainée le traversant. Ollantaytambo est lui un village touristique dont le principal intérêt est le magnifique paysage andin l’entourant d’immenses montagnes verdoyantes. C’est vertigineux. Une brume épaisse alourdit le mystère. Le train part enfin (Je ne sais même plus s’il est en avance, en retard, ou prévu pour aujourd’hui…). Je suis inquiet, la brume devient de plus en plus épaisse et risque de gâcher la vue. C’est déjà le cas depuis le train, et il se met à pleuvoir… On peut tout de même apercevoir une végétation tropicale sur les cotés de la voie. Quitte à ne rien voir, autant discuter. J’ai un japonais de Tokyo à coté de moi. Il fait un trip au Pérou et en Bolivie. Un père de famille en face de moi commence à me parler en espagnol. A 8h du mat’ c’est difficile. Nous discuterons finalement 45minutes, soit la moitié du trajet. Lui et sa famille sont de Buenos Aires, ce qui fait un premier sujet. Ils voyagent au Pérou durant les vacances. Puis nous parlons de Paris, où il a été en 2008 ; il a bizarrement apprécié non seulement la ville, mais aussi les parisiens. Le discussion tourne un peu sur le foot avec le fils supporter de River Plate. Ils sont plutôt de type caucasien, ce qui est plutôt rare en Amérique du sud, sauf en Argentine. Le père a des origines allemandes. Une famille sympathique. Le petit dej’ offert dans le train ne fait pas de mal. Arrivée finalement à 10h30.

Aguas Calientes, n’a pas grand intérêt hormis ses eaux thermales, et le marché « artisanal », construit comme un labyrinthe. Je trouve le bus avec rapidité et chance. Bus moderne et confortable. Mon inquiétude se transforme en dépit ; la montée intensifie la couche de brume jusqu’à ne plus voir à 20metres. Une nuée de guides s’affole à l’arrivée du bus. A 100soles le guide, j’achèterai un livre en France…

Il est assez difficile ici de décrire ce qu’est l’une des 7merveilles du monde. Une cité de granit, capitale d’un des empires les plus puissants d’Amérique latine, accueillant la noblesse inca dans son enceinte. Construite à plus de 3000m d’altitude, son accès est quasi impossible, d’autant plus à l’époque. La cité est divisée en zones agricoles en terrasses, d’habitations en pierre encore bien visibles et très organisées. Enfin, le parc central, les temples et l’observatoire. Les constructions sont entourées d’un coté par la montagne du Machu Picchu et de l’autre par le Waina Picchu. De part et d’autre, une falaise abrupte. La vue sur les monts alentours, dont certains culminent à plus de 5000m, est impressionnante. La magie opère alors plus puissamment en imaginant durant le parcours, les 600âmes, notables, prêtres, agriculteurs et leurs familles, vivant sous vos pas, travaillant à 1m de vous sur une terrasse le maïs, la pomme de terre du Pérou ou la coca. La coca a des vertus diverses et est utilisée dans la culture inca a chaque moment de la vie d’un individu, en purification, communication avec les dieux, soins (notamment les maux d’altitude). Quelques lamas paissent sur la place centrale herbeuse. Je pense alors au capitaine Haddock dans le temple du soleil. Je dis au lama qu’il a le bonjour de Tintin et que le capitaine se souvient de lui ! Il me regarde, j’ai l’air con, je sais haha…

Le temps s’est un peu dégagé et la vue n’en est que plus fantastique. Je sais pourquoi je suis là. Un guide péruvien me prévient de profiter de cette heure avant le retour de la brume. Je mitraille donc. Les pierres originales glissantes n’aident pas à la marche. Mais quelle visite époustouflante. J’essaie d’imaginer la cité au soleil, les profondes vallées bien dessinées. Cela doit être encore plus prenant. Il faut tout de même apprécier l’impact des nuages caressant la montagne, couvrant et découvrant la cité, se nichant dans un contrefort. Cela ajoute un coté mystique au lieu. Je profite de quelques guides avec groupes pour prendre des infos avant la redescente.

Le trajet jusqu’à Ollantaytambo est plutôt agréable dedans et exceptionnel dehors. L’animation musicale dans le train est typique avec une démonstration de costumes incas et d’ouvrages en alpaga. Je goute l’Inka Kola. Ca a un gout de chewing gum avec des bulles et coloré de jaune fluo. J’ai la chance d’être au premier siège de la première voiture. J’ai donc une baie vitrée face à moi. Le temps s’est bien dégagé et quelques rayons de soleil éclairent le parcours. Des passages à l’aller invisibles resplendissent majestueusement. Si le groupe de touristes américains profite des défilés, je n’arrive plus à détacher mes yeux de la vitre. 1h30 fabuleuse après une visite mythique et inoubliable. 

Le train s’arrête à Ollantaytambo, comme mon billet. Et je redescends (ou plutôt remonte) comment à Cuzco, moi ? Je fais 30minutes de queue à un guichet qui ne vend pas de billet pour Cuzco. Je pensais prendre le bus ViaRail comme indiqué à la gare. Bon ben heu voila…  Je tombe par hasard sur un colectivo qui part justement. Un minibus de 12places tout à fait typique du Pérou. La fille fait la rabatteuse et le père conduit. Des péruviens, 3boliviens, et un européen : moi. On ne doit pas être beaucoup à avoir fini la visite comme ca. J’aime ce coté différent, complètement hors des tour-operators, très immergé dans la vie réelle du Pérou. Peut-être inconscient, je trouve ca palpitant. D’autant plus que la nuit vient de tomber. Le bus franchit le col sous le clair de lune. En 2h, soit 30minutes de plus que le train, et pour seulement 10soles, le chauffeur me dépose devant l’auberge.

Je me suis énormément enrichi aujourd’hui. Cette journée pleine m’a considérablement apporté. Bien sûr la visite a été le point culminant, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce retour atypique a ajouté le plus qui rend une journée inoubliable.

Je suis épuisé, je l’étais déjà à 15h, comme décalé. Je fais confiance à mes rêves pour cette nuit après une telle journée.

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