LUNDI 8/2 LIMA
LUNDI 8/2 LIMA
Se réveiller aux rayons du soleil levant sur la plaine de Nazca est fabuleux. J’ai du mal à réaliser ce que je vis. Hier, un couple de français faisant le tour du monde en 5mois a fait un commentaire sur les porte clés que je ramène de chaque destination, et j’ai alors pris 1mois de voyage en pleine face ; tant de choses vues et vécues, de personnes rencontrées, d’expériences partagées.
La plaine de Nazca est un vaste désert de roches et de poussière d’où émergent des monts arides. Au centre, la route, large, droite, s’enfonçant dans le sable jusqu’à l’horizon incertain. Une oasis teinte parfois de vert cette étendue abandonnée aux vents. Cela m’a fait penser, dans une certaine mesure, à la route de Casablanca à Marrakech, l’atlas comme toile de fond.
Les 200 derniers kilomètres défilent entre les plages et les dunes, chacune grappillant à la route quelques centimètres, grain par grain.
Arrivé à Lima, je prends un taxi me hélant à la sortie du terminal ; bien que peu conseillé, le risque ne semblait pas plus important que de prendre 2colectivos bondés avec mon sac à dos. 10soles me paraissent raisonnables ; je ne comprends rien à ce que me dit le chauffeur. Apres quelques efforts, je déchiffre qu’il veut m’emmener dans une auberge de sa connaissance. Les guides mentionnent cette connivence et je m’empresse de lui rétorquer que j’ai déjà une réservation. Ce sera finalement 12soles… (Il faut savoir qu’il n’y a pas de compteur et qu’on fixe le prix à l’avance et pour 2soles je ne fais pas mon rat)
Le quartier est très international et on est loin du Pérou andin de Cuzco. Cela serait plutôt une cité balnéaire faite pour les désirs touristiques de chacun. A 15minutes de taxi du centre : Miraflores ! L’auberge y est située en plein centre ; propre et animée, elle ressemble à son quartier. Des restaurants aux noms bien éloignés de l’espagnol se battent de l’autre coté de la rue. McDo et BK affichent de grandes façades. Je dois colmater mon estomac, je cède donc.
La plage est à 10minutes de marche. Au bas de hautes falaises abruptes, une étendue de galets lisses roule sous les vagues. Plusieurs surfeurs semblent apprécier les creux. Les nuages et la journée éloigne la foule ; je serai donc tranquille pour lire.
Le soleil en déclin tente une percée, une forte odeur marine accompagne le ressac, quelques mouettes tentent un solo désaccordé, les embruns viennent rafraichir ma peau.
A l’épicerie, une femme me demande d’où je viens. Quand je réponds France, elle me dit Patricia Kas. Heu… Kamoulox ? Enfin, elle aurait pu citer Rock Voisine…
Une réflexion intéressante aujourd’hui dans « le collectionneur des mondes » de I. Trojanov sur la vie de RF Burton, voyageur polyglotte, lieutenant de la compagnie des Indes, visant la compréhension d’un peuple par l’immersion totale. Son professeur arabe :
« Tu peux te déguiser autant que tu veux, jamais tu ne sauras ce que c’est d’être l’un d’entre nous. A tout moment, tu peux quitter ton déguisement, il te reste toujours cette dernière issue. (…) Jeûner n’est pas la même chose que d’avoir faim. »
Appliqué au voyage, il est toujours possible de voir, d’apprendre, de vivre parmi les gens, les coutumes et les traditions, je serai toujours prisonnier d’une éducation, d’une culture, d’un physique, d’un passeport européen : l’issue. Il manquera alors cette vérité d’être. L’espagnol a bien compris la différence et il s’agit ici de « ser » par opposition à « estar », la racine que je ne pourrai qu’entrevoir. La marge de manœuvre reste colossale et pourquoi ne pas en faire une vie ?
J’ai oublié de faire le résumé de l’AR à Cuzco en bus : des routes d’aventures fantastiques, 8films en espagnol/anglais, 2bingos, 20h aller, 22h retour, une ménagerie sur les cotés, 3accidents éviter de justesse (dont un à 2m prés, la voiture d’en face s’écartant dans l’herbe au dernier moment), 2 dépassements par la droite et un chien écrasé ! Evidemment, ca, ce n’est que de jour…
Note à moi-même : ne plus prendre les salchipapas (frites et knackis) de l’auberge, j’ai ma dose de cholestérol pour les 6prochains mois.
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