DIMANCHE 29/01 SANTIAGO
DIMANCHE 29/01 SANTIAGO
Pour l’une, la tète va avec le reste, pas pour l’autre.
Bref, aujourd’hui, c’est dimanche et le dimanche, les musées sont gratuits à Santiago. Enfin quand un musée est gratuit, c’est qu’il est fermé. Ou payant, au choix. Les rues désertes et la température déjà élevée en cette fin de matinée n’annoncent pas une journée très animée. Le premier musée sera le Colonial San Francisco. Gratuit à 500 pesos (0,80€), c’est l’annexe de l’église San Francisco. Il regroupe l’histoire de l’église, de San Francisco, de sa congrégation et de l’influence de la religion dans le Chili colonial. Principalement des objets épiscopaux, mais également une collection de 54 tableaux du 19eme siècle reprenant la vie de Francisco de Assis, de son enfance aisée, sa profession de foi, son cheminement dans la religion, ses miracles, jusqu’à sa mort. C’est une part de la culture évangélique chilienne.
Durant mon trajet vers la maison de Neruda au bas du Parque Communale, je passe par les rues Paris et Londres, bordées de vieilles demeures typiques et le devant de la colline Santa Lucia, et sa magnifique fontaine de Neptune. J’arrive ainsi cheminant vers l’une des 3maisons du prix Nobel de littérature et poète Pablo Neruda. La Chascona. Il possédait également une retraite sur la isla Negra près de Valparaiso et la Sebastiana. La maison est dans les tons colorés du quartier de Pio No ; jaune et bleu pour la maison, rouge, jaune, orange, vert, bleu… tout autour. L’entrée coûtant 3000 pesos pour voir une chambre et un bureau, je me rabats sur un poème illustré, « Oda a la bicicleta » (tercer libro de Oda). Santiago s’enorgueillit également d’un 2eme prix Nobel de littérature en la poétesse Gabriela Mistral.
Je me décide à redescendre vers l’auberge me poser, ne souhaitant pas entamer le budget. Je me retrouve sans l’avoir trop cherché sur la plaza de armas. J’en profite pour prendre à nouveau les bâtiments historiques en photo sans la foule des derniers jours. Je tombe par hasard sur le musée de l’histoire du Chili dans l’un des bâtiments. Un coup de pouce plus que sympathique du destin à mon parcours culturel. Et il est gratuit ! Quel musée fantastique. S’il mise essentiellement sur le synthétique pédagogique plus que sur le pléthorique, il permet de cerner par l’explication et l’illustration historique ce que fut le Chili.
Les premiers hommes seraient arrivés il y a 15000ans via le détroit de Béring lors d’une période d’assèchement. L’histoire se concentre dés lors sur le passé hispanique du pays. Des premiers navigateurs comme Magellan à la conquête du pays, l’exposition fait force de portrait, objets d’époque et explications pertinentes donnant envie d’en apprendre beaucoup plus sur cette société. La suite du parcours permet de comprendre la vie durant la période coloniale. Relativement pacifique, elle est extrêmement liée à la religion, et se déroule comme en Europe selon les catégories sociales de naissance. Si l’élite suit les mœurs européennes, la population reste pauvre et rurale. O’higgins deviendra un personnage central du développement du pays. Une guerre civile amènera l’indépendance en 1810. S’en suivent de fortes discordes sociales liées au courant des Lumières en Europe, et une puissante volonté de liberté. A la fin du 19eme siècle, les affrontements entre présidentialistes et parlementaristes mèneront à une nouvelle guerre civile, suite à plusieurs décisions des présidents successifs allant à l’encontre des desideratas de l’élite chilienne. Le pouvoir du président en sortira grandi par le soutien de la population. La crise de 1929 touchera durement le pays qui mettra 4années, jusqu’en 1933 pour reprendre son développement. En 1970 est élu Allende, président aux vues sociales ; il restera en poste jusqu’en 1973 (11septembre) où il sera retrouvé suicidé à la Moneda (palais du gouvernement) après le putsch de la junte militaire de Pinochet. Celle-ci, ayant débuté à Valparaiso, mettra fin à 48ans de démocratie au Chili. Les influences extérieures durant la guerre froide sont à prendre en considération.
Les reconstitutions de la ville de Santiago en maquettes ou peintures permettent de suivre l’expansion de la cité au fil du temps. Il s’agit d’une exposition fascinante dans un bâtiment du 18eme siècle, ancien siège du gouvernement au 19eme, aujourd’hui classé monument historique.
La piscine de l’auberge accueille fraichement toute cette culture que le soleil remet en place. Le repas à la petite échoppe de vendredi ne m’ayant pas tué, il m’accueille à nouveau pour un petit sandwich-boisson à 600pesos. La plaza Brasil, derrière l’auberge, est le théâtre d’un dimanche d’été en soirée : les enfants jouent dans les fontaines et sur les balançoires pendant que les parents s’installent sur les bancs en discutant. Quelques stands vendent des livres ou des drapeaux. Un groupe entonne des chants de lutte, rêvant de la future révolution en vendant des cartes postales à l’effigie de Staline ou Marx. Comme un signe, il finit par un tango argentin. Il est temps de rentrer, demain Buenos Aires.
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