SAMEDI 11/02 PLAYA DEL CARMEN

SAMEDI 11/02 PLAYA DEL CARMEN

Je n’ai pas un sommeil très revigorant ces temps-ci. Réveillé à 5h, j’attends 7h30 un omnibus qui m’emmène hors de la ville pour prendre le bus touristique direction Chichen Itza. Bus confortable et guide qui à l’air sympathique et compétent. Il nous fait un exposé de la culture maya, absolument passionnant.

Les mayas sont un peuple dont les origines lointaines sont polynésiennes. Leur langue est très éloignée de l’espagnol et se rapproche plus des langues orientales tel le mandarin. Cette différence crée une discrimination à l’embauche dans les hôtels de la cote. L’espagnol étant un pré-requis et pourtant difficile à apprendre pour les descendants mayas, ces derniers sont cantonnés à des travaux généralement sous payés.

Quelques mots mayas : Box Amalik (salut), Malo Kin (bonjour-bon soleil-), Ium Batic (Merci). Ils venerent prés de 260dieux (polythéisme naturel) : Itzamna (roi des dieux), Ak Kin (dieu du soleil), Ix Sak Un (lune), Xaac (pluie), Yum Kaax (Maïs), Ex Chuah (commerce), KuKulkan (vents), Ah Puch (mort)… Il faut savoir que dans la légende maya, l’homme est sorti d’un maïs, aliment de base à l’époque.

Les mayas étaient doués avec les chiffres, que ce soit en calcul ou en date. Leur système numérique est composé de grain de maïs (.), de bâtonnets (_) et de coquillages (¤). « . » pour 1 avec un maximum de 4, « _ » pour 5 max 3. La lecture et le calcul s’effectue du haut vers le bas. Leur système de multiplication est également très intuitif :

En comptant le nombre d’intersections par zone, on trouve le résultat. Méthode simple pour un calcul rapide.

Apres ce petit cours, un premier arrêt s’impose. C’est la visite d’un petit lac souterrain. Après un bref spectacle de musique et danses cérémoniales mayas, la baignade dans cette eau pure est un régal. Faire la planche n’aura jamais eu autant de sens qu’avec un plafond de stalactites forgés par des siècles d’érosion.

Le guide raconte et explique à la fois en anglais et en espagnol ; j’ai parfois l’impression d’avoir un écho dans le bus, mais au moins j’ai la double version. Le bus passe prés d’un champ d’algave azul, plante de base de la Tequila. Voici donc d’où proviennent parmi mes pires lendemains de soirées (ou soirées elles-mêmes) !

Sachant compter, les mayas ont su enregistrer le temps, ce qui est vite devenu une obsession. Le calendrier maya se déroule sur une année de 18mois de 20jours. Un cycle complet dure 52ans avec l’alignement des 4 premières planètes du système solaire (Mercure, Venus, Terre et Mars) avec le soleil. Les fractions de cycle sont représentées en trois roues liées de 365, 20 et 13 grades. La dernière fin de cycle était en 1960, la suivante sera le 21/12/2012 ! Si la fin d’un cycle ne coïncide pas avec la fin du monde tous les 52ans, une donnée supplémentaire s’ajoute à la prochaine : nous serons alors à la fin d’un demi-cycle galactique de 25000ans (durée d’une demie-rotation de la voie lactée). Dans la mythologie maya, cette date constitue le passage d’une ère matérialiste à une ère de conscience. Le 22/12/2012 deviendra alors le jour 1 de cette nouvelle ère !

Je passe rapidement sur le repas qui se transforme en parodie du tourisme de masse où des pantins déguisés s’efforcent de sourire à un estomac sur pattes plus obsédé par son pseudo plat mexicain en libre service que par l’artisanat en série exposé devant la collection de bus. Bref, je file au plus vite au fond du parc adjacent en attendant le départ. J’ai échappé au racket de la boisson. Youhou !!!

Direction Chichen Itza qui signifie en maya la bouche de brot du magicien de l’eau (… ???). Pour la petite histoire, Cancun ou Kan Kun signifie nid de serpents et a été développée à la fermeture de Cuba au tourisme dans les années 60 pour offrir une alternative.

La zone archéologique principale est composée de la pyramide, du temple des colonnes, du stade de pelota, d’un ossuaire, d’un observatoire, d’une zone de danse, de musique, et de divers petits temples. La zone s’étend encore dans la jungle mais ne sera pas ouverte avant une dizaine d’années. A l’époque maya, l’entrée était réservée aux militaires, religieux et gouvernants.

Au centre trône la pyramide principale. 24m de haut, 55m de coté, 9plateformes et 91marches, voilà pour les chiffres. Son orientation a été calculée pour pouvoir servir d’horloge solaire. En effet, aux équinoxes, le soleil partage la pyramide en 2cotés sombres et 2cotés lumineux (à l’origine, les faces étaient vertes et or), le jour et la nuit, ainsi que les saisons. Une singularité architecturale est liée à ce phénomène : le corps d’un serpent se dessine de lumière sur la face sombre jusqu’au bas de l’édifice où s’allonge une imposante tète de serpent. La pyramide renferme également d’autres pyramides dans son antre. En effet, à chaque fin de cycle de 52ans, le grand prêtre l’annonce à la foule grâce à l’acoustique distordue de la tour et lance alors la construction d’une nouvelle pyramide sur l’ancienne.

Autre lieu de grande importance dans la société maya : le stade. Loin des divertissements actuels, il aurait 2principales attributions pour un unique jeu : la pelota. Le but est d’envoyer sans l’aide des mains, des pieds ou de la tète une balle souple de la taille d’un ballon de handball dans un cercle verticale à environ 7m de hauteur. La balle étant plutôt lourde, des protections sont autorisées aux hanches et bras.

La première fonction du jeu est de régler un conflit autrement que par les armes entre 2groupes mayas. Sous l’autorité des gouvernants, les 2joueurs (1par groupe) s’affrontent jusqu’au premier « panier ». Le jeu s’arrête et le gagnant est alors sacrifié par le perdant, le sang lavant le conflit. (Il s’agit ici d’une mort digne chez les mayas, le sacrifice d’un pour éviter des combats sanglants)

La 2eme fonction est religieuse. Lors de la cérémonie de l’alignement des planètes, 2equipes de 7joueurs s’affrontent durant 4jours, le capitaine gagnant a alors la tète tranchée sur le terrain par le capitaine perdant. Celle-ci est alors amenée par le gouvernant jusqu’à l’ossuaire sacré.

Au-delà des considérations culturelles, il faut ressentir la vie des siècles plus tôt à chacun des pas, entouré de jungle. C’est une petite magie que d’imaginer le quotidien se déroulant devant une camera anachronique.

Au retour, nous passons par Valladolid, village typique colonial restauré en 2010 pour le bicentenaire de l’indépendance mexicaine. Les façades comme guirlande de fête luisent encore de leurs teintes multicolores dans la nuit tombante.

Encore une journée pleine de couleurs, de découvertes, de culture, de surprises. Ma tète s’éloigne du bus et retrouve le pic du midi sous les cloches de village. Je sais où est mon pays. « Il est un coin de France, où le bonheur fleurit ; où l’on connait d’avance, les joies du paradis… »

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