Dimanche 11/09 Sarajevo

Dimanche 11/09 Sarajevo

Dimanche 11/09 Sarajevo

C’est quand même con ; je finis au restaurant par défaut… Non pas que rien n’est ouvert, au contraire ; tout est complet ! Au moins, j’ai mon verre de vin bosnien !

Je suis arrivé hier soir. Pour résumer, Saarbrücken est pourrie, son aéroport est pourri et wizzair est pourrie ! Bref, j’atterris à minuit avec une heure de retard. Taxi à 50 mark bosnien (BAM) soit 25€. Je reconsidère sérieusement l’intérêt de ces low-costs d’aéroports pourris…

MAIS j’adore Sarajevo !!! Et ça, ça n’a pas de prix ! enfin si, mais relativement limité : 40€ la nuit dans une jolie chambre propre, proche du centre historique. J’y dors plutôt bien et me réveille tranquillement. J’ai un éclair de motivation ce matin et je réserve un free Walking tour ce matin et un autre sur l’Histoire du siège de la ville cette après-midi.

Mais avant, un café bosnien bien fort et un plateau de petit-déjeuner typique : fromage, noix, charcuterie et confiture… Le lieu est particulièrement agréable dans une jolie rue calme : Ministry of Cejf.

S’en suit une journée Histoire. Sarajevo est un musée à ciel ouvert… à qui sait regarder. Pays multiculturel, multi confessionnel, multi ethnique, la Bosnie s’est forgée sur 1000 ans des différentes dominations. Ottomane, austro-hongroise, serbe ; musulmane, catholique, orthodoxe, c’est ce mélange qui fait de Sarajevo, la Jérusalem des Balkans. La ville, comme le pays, est bâtie sur trois ethnies représentatives : les bosniaques musulmans, les serbes orthodoxes et les croates catholiques. Pour compléter ce melting-pot, les juifs, autant achkenazes que séfarades, sont arrivés entre le 15eme et le 16eme siècles.

Lorsqu’on se balade dans la vieille ville, ce sont toutes ces influences qui se mêlent et s’entrechoquent. Mosquée et caravansérail font face aux synagogues. La cathédrale orthodoxe offre une façade baroque. La mosquée arbore un style austro-hongrois. L’horloge centrale est, elle, à l’heure de la lune pour sonner les temps de prières. Tant de signes d’interdépendance. Et cela, depuis le 16eme siècle, et le bâtisseurGaziHosrev-beg, qui acquit et développa la vieille-ville. Au lieu de la léguer à ses enfants, il organisa un consortium qui gère toujours, 500ans après, le « parc immobilier » comprenant mosquées, écoles, bibliothèques…

Un peu plus loin s’élance le pont latin. Il fut peut-être le point de bascule du 20eme siècle : c’est en effet là que le 12 juillet 1914, l’archiduc Franz Ferdinand, alors en visite d’inauguration d’une ligne de chemin de fer, fut assassiné par un jeune anarchiste bosnien : GavriloPrincip. Par effet domino, la 1ere guerre mondiale était lancée !

Après un tel voyage dans le temps, je m’arrête gouter les Cevapi. Ce sont de petites saucisses de viande hachée, assez épicées, et servies avec du pain et des oignons. Sympa !

L’après-midi sera consacrée à l’Histoire récente. Cette fois, nous sortons de la vieille ville pour étudier un moment central : le siège de la ville de 1992 à 1995 ! Après la mort de Tito en 1980, puis de l’effondrement de l’URSS en 1989, un vent d’indépendance souffle sur les Balkans. Slovénie, Croatie, Albanie… Chacun son peuple et son territoire. Mais quid d’un pays aussi divisé que la Bosnie ? Surtout quand le voisin serbe se verrait bien regrouper toutes les régions de population « serbe ». La Serbie envahit la Bosnie et s’installe sur les collines entourant Sarajevo. De là, l’artillerie pilonne les bâtiments et les snipers visent les passants. Durant 4 années, les forces serbes resserrent le blocus. Et il faudra attendre les révélations de divers génocides et massacres dans le pays, dont Srebrenica, pour alerter l’opinion publique et l’Occident.

De nos jours, il reste encore des traces visibles, des impacts de balle ou d’obus. Au sol, les Roses de Sarajevo témoignent de la violence du siège en signalant d’une marque rouge les impacts mortels.

La visite se termine sur deux lieux symboliques : tout d’abord le tunnel de l’espoir. Durant le siège, seuls deux kilomètres ne permettent pas à l’armée serbe de refermer le cercle : l’aéroport ayant été sécurisé par l’ONU et les casques bleus. C’est donc à cet endroit que les bosniens construisirent un tunnel de 800m de long, perpendiculaire à la piste, pour atteindre la zone « libre ». Bien trop étroit pour une évacuation (80-160 cm au 1m au maximum), il permit toutefois de faire passer blessés, nourriture et même… une chevre ! Notre chauffeur du jour l’aura parcouru à 5 reprises durant le siège. L’entrée, elle, ne fut jamais découverte durant la guerre.

Nous finissons sur la piste de bobsleigh abandonnée. Construite en période de paix pour les JO d’hiver de 1984, elle fut ligne de front pendant le siège. Elle est désormais un friche où se trouvent parmi les plus intéressants graffitis de la ville. La montagne qui l’accueille, Trebevic, est encore considérée par les locaux comme maudite !

Une superbe journée, pleine à craquer d’Histoire, comme je les aime !

Une vendeuse à qui j’achète un porte-clé et un autocollant, me conseille trois restaurants. Ils sont malheureusement tous complets ce soir. Le temps de rédiger ces notes, plutôt longues (et j’ai fait des impasses) et il sera l’heure de digérer tout ca. Demain, retour au soleil ; direction Mostar !

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