MERCREDI 01/02 BUENOS AIRES

MERCREDI 01/02 BUENOS AIRES

Une bonne nuit de sommeil, ca recharge les batteries ! Ajoutons à cela croissants, thé, pain frais et oranges juste pressées.

La gare de Retiro est décidément loin sous cette chaleur ; mais il fait beau. Journée des extrêmes géographiques avec le quartier de Nuñez/Belgrano au nord et de la Boca au sud. Et surtout les territoires des 2 légendes du football argentin : River Plate et Boca Junior. Bien plus qu’au niveau foot en étant les clubs les plus titrés du pays, ils s’opposent également sur bien d’autres terrains. Passée l’analyse géographique évidente, le contraste social des quartiers est extrême. Belgrano est un quartier résidentiel de maisons et d’immeubles propres et beaux encadrant des avenues et ruelles bordées d’arbres. Zone sportive par excellence, elle héberge le ministère des sports, d’innombrables terrains de tennis en terre battue (2nd sport du pays ?) et l’immense stade de River Plate. Rouge et blanc, il se fait discret dans la zone, et ne s’aperçoit, un comble, qu’au détour d’une rue, en fond. Il est pourtant bien desservi par le périphérique proche, la gare à pied et un grand parking, point final de 2larges rues. Du 2eme étage de ce dernier, on découvre le stade s’étalant, majestueux. Le tour est beaucoup trop cher et je ne vois pas l’intérêt qu’offre un stade vide. C’est l’expérience de la passion argentine qui doit s’y vivre. Malheureusement, rien au programme.

A l’opposé de la ville, la Bombonera défie River Plate, la Boca l’ouvrière lorgne sur Belgrano la tranquille. Bardé de jaune et bleu, le stade de Boca Junior est le phare de ce quartier pauvre de BA. Véritable symbole de l’euphorie populaire, le fanion Oro y Azul s’étale en grand sur les murs, les devantures, les balcons et les piliers. Un festival de couleurs qui ont fait la réputation de ce quartier chaud et chaleureux, artistique et touristique, où se mêlent dollars US et charrettes à journaux. Comme un symbole, le Caminito éclaire de ses rouges, verts, jaunes, bleus des étales de peintres inactifs aux croquis criards mangeant une vision de carte postale. Un bout d’histoire et de passion, entre le port et le stade, un air de tango dans les oreilles dans la chaleur moite d’un après-midi d’été orageux. Sortir des 2-3rues touristiques, c’est découvrir le monde réel du stade et du port, le travail et son exutoire quand les jours chômés bien trop nombreux ne se font pas à l’ombre de maisons délabrées et de trottoirs défoncés. Je pourrais y sentir les regards alentours se demandant ce que fait un voyageur égaré du circuit des flashs. Les épiciers n’offrent au passant qu’une petite fenêtre derrière une grille épaisse, attenante à une grande pièce ouverte au vent chaud ressemblant à un ancien hangar où vivent des parents avachis dans des canapés éventrés prés de leurs enfants joueurs. Malgré les différences, je ne ressens aucune animosité de leur part. Un quartier de foot et de Tango, la Boca Populare.

Un mot s’impose sur les transports de BA. J’ai déjà parlé du train pour Tigre. Il faut savoir que bien que peu nombreuses, les lignes de la ville ne sont pas tenues par les même compagnies, en fonction de la gare. C’est de même pour les bus que l’on paye semble-il à l’étendue du  parcours, le prix varie d’une ligne à l’autre, quelle que soit la destination du passager. Dans la logique du pays, il ne faudra pas s’étonner de trouver à Retiro, la gare centrale des transports, l’arrêt du bus 51 à coté du 87 et ainsi de suite pour prés de 150lignes. Le plus simple est d’en repérer un dans une rue adjacente, et d’y trouver un arrêt, ou dans sa parallèle, en fonction des sens uniques. Pour résumer, mon parcours entre les stades de River Plate et de Boca aura été marche-train-marche-recherche-marche-bus-marche ; une plongée culturelle intéressante. Cela reste la meilleure façon de découvrir un endroit, une ville dans son originalité et sa personnalité. Même si ca peut parfois devenir quelque peu énervant… D’autant que la ville déplore d’un manque flagrant d’indications, quelles soient géographiques ou touristiques. Partir sans carte ou avec une simple idée du lieu rend le périple bien plus aventureux que prévu. Aussi a-t-il été assez difficile, et passablement énervant, de trouver ne serait-ce que le stade de River ou le terminal de navettes aéroportuaires. Je pars demain à 8h10 au lieu de 9h, départ 4h45 pour prendre la navette de 5h30 qui me coutera 30fois plus cher que le bus (colectivo) passant devant l’auberge pris à l’aller (mais n’étant pas en service si tôt). Merci LAN.

En la comparant à Santiago, BA semble garder malgré les crises successives, un train d’avance dans son développement autant économique que culturel ou urbain. Mais, pour filer la métaphore, elle semble encore avoir raté quelques arrêts (sociaux, rationalisation, modernisation) et n’avance qu’en corail quand l’Europe file en TGV. Les rails ont au moins le mérite d’être alignés dans la bonne direction.

La chaleur moite aura eu raison du ciel bleu, et s’abat désormais en trombes d’eau sur la terrasse gorgée sous les éclairs. 

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