DIMANCHE 5/2 CUZCO

DIMANCHE 5/2 CUZCO

Dernier jour à Cuzco. Je profite enfin du petit déjeuner de l’auberge. Son originalité tient en la totale disponibilité de la feuille de coca. La vertu première est la stimulation (légère) du corps. J’en mâche une feuille jusqu’à en avoir un gout amer dans la bouche, puis j’en infuse 3-4autres dans du maté (thé andin). Peu d’effet apparent. La production de la coca n’est plus autorisée que dans quelques pays d’Amérique du sud comme le Pérou ou la Colombie. Si certains pays l’interdisent, la consommation y est autorisée, comme en Argentine. Selon la tradition, la feuille péruvienne est la plus noble.

Petit point hostels.com : très bonne auberge, excellente situation, dans le centre-ville, staff très sympathique, propre, organisée et animée. Un service de snack très bon et abordable. Chambre-dortoir calme et bon lit. Salle de bain propre.

J’ai quelques heures libres jusqu’à 16h et le départ de mon bus. Je me balade à l’envie dans le centre historique, le ciel étant plus clément aujourd’hui. Quelques emplettes touristiques Et je tombe sur le musée de l’art religieux kuzkeien. Je me laisse tenter par le guide audio. Il faut garder en mémoire l’importance de la religion en Amérique du Sud. L’art kuzkeien des 16-17eme siècles est une réinvention de l’art religieux européen, et principalement hollandais. Il s’agit d’un art métisse qui conjugue les croyances incas et chrétiennes. Par exemple, les archanges sont généralement représentés avec des arquebusiers, soldats espagnols durant la colonisation. Autre mélange culturel, il est fréquent de trouver des représentations de la vierge en triangle. Cela reprend la symbolique de la montagne sacrée, de la terre-mère, de la Pacha-Mama.

La plus importante fête religieuse de l’époque est une preuve de cette réconciliation spirituelle. Le Corpuschristi coïncide ainsi avec la fête inca du soleil. Les images des idoles sortent des églises pour rejoindre la cathédrale de Cuzco. C’est une fête principalement populaire même si elle réunit espagnols et incas de toutes les classes sociales. Elle a été initiée sous sa forme métisse en 1612, soit il y a 400ans, et perdure encore.

Le musée expose également une série de tableau suivant la technique du bocateado ; il s’agit de recouvrir à l’or pailleté les ornements de vêtements sur les peintures. L’or se retrouve également dans les cadres et meubles religieux, comme l’autel d’une 12aine de mètres totalement recouvert d’or 22carats et dédié à la vierge. L’ossature de bois sculpté est très chargée et magnifiquement dessinée.

La visite se termine par une série inachevée du peintre Quispe Tito, initiateur et maitre de l’école kuzkeienne. Elle représente les 12 signes du zodiaque associés chacun à une parabole christique. La particularité des tableaux de cette époque est qu’ils ne prennent jamais un fond montagneux et andin, mais plus une sphère céleste, un paysage irréel (bien que composé d’éléments terrestre).

Petit resto local en suivant avec pour 15soles : petite salade de poulet et légumes (délicieuse), une crème d’asperges onctueuse, du lomo saltado (émincé de bœuf avec riz, pomme de terre, oignons, tomate et petits pois), une bière locale Cusquena, et un Pisco sour en digestif. Mon estomac n’est pas sûr de tenir le choc.

Mais il est temps de partir. Le trajet quittant Cuzco est une pure merveille pour les yeux. D’immenses montagnes sauvages plongent dans des rivières déchainées, créant des vallées profondes s’entrecroisant. La route à flanc de montagne flirte avec le précipice. Il n’est pas rare d’y croiser vaches, chiens, villages perdus et certains tronçons sont encore des pistes caillouteuses. La nuit tombe, une chanteuse péruvienne (Alicia Robertson) s’agite à l’écran, et mon estomac n’est pas au mieux. Bonne nuit.

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