LUNDI 20/02 THE CANADIAN : JASPER/EDMONTON

LUNDI 20/02 THE CANADIAN : JASPER/EDMONTON

« Tout va vite, si vite de nos jours. Notre époque bouge plus rapidement que son ombre. A l’ère des réseaux sociaux, des gazouillis virtuels et des technologies instantanées, on a l’impression d’être dépassé et inefficace si l’on met plus de 15minutes pour répondre à un texto. Or, un mythe canadien qui perdure à travers les âges fait l’éloge du moment présent, voire du temps suspendu : c’est celui de la traversée du pays à bord d’un train. » ViaRail.

Que dire de plus quand le réveil se fait à la lueur bleutée des Rocheuses au petit matin ?

La nuit fut bonne et reposante dans un train à moitié vide. C’est avec 2larges sièges que je ferai mon espace pour ces 4prochains jours. Deux wagons pour territoire de marche et une grande fenêtre complétée d’une zone panoramique comme écrans d’un des spectacles naturels les plus fascinants.

Je suis l’un des rares à faire la traversée complète, ce qui me vaut l’honneur d’être nommé « Emergency man » avec à la clé un cours sur la procédure d’urgence et d’ouverture de la porte. La fille du bar m’explique non seulement ses produits mais surtout les arrêts utiles pour mon ravitaillement.

L’arrivée à Jasper est imminente. J’aurai passé ma journée à observer le défilé sauvage des montagnes majestueuses, coupées ca et là de rivières et de lacs en partie gelés. Sur les flancs doux s’étalent de blancs et de verts les forets de sapins enneigés. Le soleil d’hiver s’élève péniblement pour allonger les ombres dans les vallées. Il fera bientôt nuit malgré l’heure encore peu avancée dans l’après-midi. Un décor toujours renouvelé empêche la monotonie qu’un tel voyage pourrait engendrer. Un livre et de la musique compléteront le tableau en cas d’urgence. Mais quel rêve en dehors !

J’ai vu des MOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOSES. Enfin des caribous. Comment ca c’est qu’un cerf ? Ils se baladaient le long de la voie à Jasper, sans se soucier de l’homme travaillant à coté. La petite ville est très mignonne et ressemble en tous points à une station de ski typique, avec ses chalets, ses cafés, ses loueurs de matériels. Mais tout cela est joliment intégré dans un décor fabuleux. Dans des nuances de gris, de blanc ou de noir, les monts semblent dessinés au fusain.

Il est assez difficile de décrire la beauté des paysages traversés et les sentiments qui en ressortent. Je ne regrette pas mon choix de voyage. Prendre le temps de vivre des moments inoubliables.

Aucune de ces lignes n’a été écrite d’une seule traite ; je m’interromps toutes les 5minutes pour prendre une photo ou simplement regarder défiler les rêves.

A cet instant, le train longe une étendue gelée entourée de forêts de pins dressés tels des épées sous l’œil vigilant d’un rempart montagneux solennel, comme pour protéger le diamant scintillant en son sein.

J’ai réussi à renverser mon chocolat chaud (car à Jasper il faisait assez froid pour que je sorte bonnet, gants et écharpe). Heureusement, en tant qu’Emergency man, le contrôleur m’offre un bon pour une boisson. Je suis peut être comme un amoureux niais n’entendant que les qualités de sa douce, mais je ne peux m’empêcher d’être chaque jour plus passionnée par ce merveilleux pays. Serais-je « tomber en amour » ?

Une tache blanche s’échappe de la terre assombrie. Le lac se craquelle en attendant la nuit. La brume vacillante caresse la surface à la blancheur azur. Le soir tombe sur mes yeux ayant tant vu. Maudite nuit qui cache tes secrets, bénie sois-tu de m’apporter le repos.

Un couple, Christina et Dale, 2guitares, 1harmonica, et quelques chansons dans le wagon-bar. Plutôt rock, le mélange de voix clôt cette journée de la meilleure des manières. Finir sur Summer of 69 de Bryan Adams donnera le sourire à mes rêves.

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