Jeudi 2/3 Torres Del Paine
Jeudi 2/3 Torres Del Paine
Sincèrement, je ne pensais pas avoir le courage d’écrire aujourd’hui. Je suis éreinté. J’ai atteint mon objectif pourtant, mon μ, mais je m’en réjouirai demain…
Ce matin, je suis plutôt en forme après une nuit correcte, malgré les chants bourrés des jeunes du staff, travaillant là pendant l’été. On en discute, entre autres choses, avec une nancéenne d’une cinquantaine d’année qui fait globalement le même parcours que moi mais à l’envers et en 3-4jours.
Départ 8h avec un peu de retard, socialisation oblige, pour 10-12h de marche selon la carte. A la fraiche, la première partie se fait dans les collines au bord du lac. Une balade tranquille que je plie en 3h30 au lieu de 4h30 jusqu’au Campo Chileno. Je suis à l’entrée de la vallée Ascencio, qui mène aux Torres. La 2eme partie, jusqu’au pied de l’ascension du Mirador Torres se complique un peu, malgré la courte distance. Une pluie fine revient de plus en plus fréquemment, ce qui a le don de me refroidir et de me mettre sur les nerfs. J’ai plus de mal en montée, le sac de 10kg, eau et nourriture incluse n’aide pas. Je ne jette qu’un regard furtif sur le paysage de monts noirs qui plongent dans la vallée, formé d’un torrent. Je m’attends à une 3eme partie des plus difficiles, donc j’avance.
C’est au pied de la dernière montée que commence mon avis de décès : « Mort un genou en l’air, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau ». Annoncé 45minutes pour un petit kilomètre, il me faudra une bonne heure pour franchir les 350m de dénivelé dans la rocaille humide. Le chemin me rappelle la dernière partie de l’ascension du Pic du Midi (le vrai, celui de Bigorre !). J’ai déjà fini toutes mes barres énergétiques pour me donner un coup de fouet.
La température a bien baissé lorsque j’atteins enfin le lac face aux Torres. Enfin, en face théoriquement, car là, on ne voit pas plus haut que la barrière rocheuse qui encadre le lac de ce bleu glacé si typique. On les devine en fond… Je réunis les dernières onces d’optimisme que la journée l’a laissé, et je me dis qu’avec la distance de ces 2 jours, je suis déjà sur une belle performance.
Le problème d’avoir utilisé cette once, c’est qu’il n’en reste plus en rabe. Apres avoir croisé un coyote ou fennec local (un chien sauvage quoi…) derrière un rocher, je me pose moi-même à l’abri du vent pour le déjeuner/pique-nique préparé par l’auberge. Je suis frigorifié et … IL NEIGE ! Bordel, à 1000m d’altitude en plein été, il tombe des flocons blancs sur mon sac rouge. En temps normal, j’aurais trouvé ca superbe/génial/poétique… là, putain de bordel de merde, c’est quoi ce temps pourri ?!? (L’once d’optimisme…).
Il me reste 8km de montagnes russes, sous la pluie, le genou au bord de l’agonie. Et puis enfin l’Hosteleria Torres, dans la plaine, après 25km en 7h, plus de 40km en 2jours. Au moment d’écrire ces lignes, je suis heureux de ce que j’ai accompli, plus que prévu, en ayant vu des paysages sublimes. Il y a 2h, par contre j’aurais hurlé « sortez-moi de cette montagne !!! ».
Une dernière montée, pour me narguer, le soleil réveillé, pour me réchauffer. Une bière, pour me féliciter !
Il me reste 1h30 avant mon bus pour Laguna Amarga (3000CLP) puis Puerto Natales (8000CLP). Je me pose dans les canapés moelleux de l’hôtel en attendant. Je suis dans un état de crasse tel que je ne me serais pas laissé entrer chez moi ! Commande spéciale « fin de trek » : un thé pour me réchauffer, une Fanta pour le sucre l’eau pour… l’eau, et une bière pour la détente. Le combo parfait !
Je suis désormais content du parcours que j’ai accompli autant sportivement que touristiquement. La vallée Frances et le refuge Cuernos me semblent être de vrais coups de cœur, plus que les 2 attractions principales. Ils se méritent toutefois, bien cachés dans la branche centrale.
Bientôt l retour à Puerto Natales et la douche. Demain, départ 7h pour 12h de route jusqu’au bout du monde : Ushuaia !
De retour à Puerto natales, le gars de l’auberge m’apprend que finalement, le lit qu’il pensait dispo ne l’est pas. Mais, il a pris l’initiative d’en réserver un dans l’auberge d’à coté. C’est mieux, moins cher et à 3 lits au lieu de 6 (avec un vrai lit !!!). On ne va pas cracher dessus !
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