Lundi 13/03 Antarctique J9 : Canal de Beagle

Lundi 13/03 Antarctique J9 : Canal de Beagle

La nuit fut particulièrement calme. Aucun signe de mal de mer. La moitié du bateau était au lit à 21h. J’aime ce sentiment de puissance des éléments. D’autant plus quand je n’ai pas envie de rentre mon repas !

Nous avons atteint le canal de Beagle peu après minuit, pour nous mettre à l’abri. La mer était calme ce matin et nous avons pu sortir sur les ponts. J’ai aussi pu apercevoir 4 dauphins qui sautaient à coté du navire. A croire que chaque jour apporte sa part de magie.

Le temps s’est considérablement détérioré cet après-midi. La tempete est à son paroxysme au niveau du Cap Horn avec des vents de 50-70noeuds et des vagues de 10 à 15m. Ici, à l’abri du canal, les vagues n’ont pas la distance pour se former mais le vent atteint 40noeud et creuse la mer de 3-4m. Les portes sont désormais fermées.

J’ai eu une discussion avec Sarah, la leader d’expédition, sur ma sortie d’hier. Elle me dit qu’il n’y avait  en effet pas de problème pour que j’y aille et qu’elle avait elle-même songé à sortir car elle avait eu la même information que moi du poste de commande. Elle savait que j’avais l’équilibre pour le faire. Elle a juste voulu éviter la contagion aux autres passagers. La foule et le vent auraient alors créé une vraie situation de crise. Je suis rassuré, je n’aime pas laisser une mauvaise impression. En tout cas, quel moment que cette sortie !

C’est très calme sur le bateau aujourd’hui. Pas grand-chose à faire, on en profite pour se reposer et lire. Les présentations du jour sont encore une fois de grande valeur. Scott, l’historien, continue son Histoire de l’Antarctique avec les explorations de Shackleton au début du 20eme siècle. Puis John le biologiste nous fait un résumé des différents pingouins vus, ainsi que des autres vivants dans d’autres parties du monde. La distinction principale : avec ou sans jambe. Ou plutôt la faculté de chaque espèce à se mouvoir sur la terre ferme comme les otaries ou non comme les léopards de mer.

Nous avons la chance d’avoir à bord un physicien en vacances qui a vécu 1an sur une base scientifique allemande en mer de Ross. Il nous explique la vie sur la plateforme dans des conteneurs hermétiques alors qu’à l’extérieur il fait -50degres. Il nous décrit un peu ses expériences. Son premier sujet traite de la diffusion de la chaleur au sein des regroupements de pingouins. Le second analyse les on semis sous la mer par les différents phoques et baleines.

C’est ensuite l’heure du quiz de fin de trip ! Et avec 22/40, on aurait peut-être du éviter de dormir devant certains cours…

On sent la fin avec les derniers recaps, les dernières présentations. C’est la soirée d’adieu du capitaine, avec champagne et petits fours. C’est aussi l’heure des ventes aux enchères pour les organisations de préservation de l’antarctique. Une dizaine d’objets à la vente mais mon intérêt se porte sur la carte marine utilisée durant l’expédition par le pont, avec parcours et signature du capitaine. Je m’étais fixé 250$ mais elle part finalement à 375$. Dommage pour cette fois mais c’est Gareth qui la ramène. Ca reste dans le groupe. Tout comme le drapeau du bateau que tous les kayakeurs signent qui revient à Chris pour 200$. Le prix n’est pas l’important. La symbolique oui !

Le diner est encore une fois de grande qualité avec un maki de saumon et un chateaubriand de bœuf. En bon français, ce sera vin et fromage en sus. Phil a réservé 3tables pour les kayakeurs. L’ambiance est bon enfant et excellente. Un groupe hétéroclite mais toujours tourné vers les mêmes buts, les voyages et les découvertes, géographiques et humaines.

Tout comme les gens de ce bateau. Tout comme Ray, 65ns et en route pour 4mois en Amérique du Sud, tout comme Susan, 74ans et ses 150pays, tout comme Manon, Australo-canadienne kayakeuse du bout du monde, tout comme Chris, « A man of no shame », tout comme Gareth, entre l’antarctique, la Norvège et le Népal, tout comme John et son 150eme voyages sur le continent blanc, tout comme Dani et son maté, tout comme Andrew, le musicien américano-toulousain, tout comme Phil, tout comme Vaghul, tout comme Andy, tout comme Ken, Tory, Julia, Doug, Megan… Tout comme ce petit monde qui revient de l’exceptionnel. Tout comme cette expédition qui m’a rendu humble face aux éléments, face à la nature. A tous, merci !

« Demain, dés l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai ». Il sera temps de débarquer, une dernière fois.

Encore un jour à Ushuaia et un vol à 17h pour Buenos Aires, puis un bus de nuit pour Montevideo. L’Uruguay, un pays de plus, des kilomètres encore.

La route oblige aux sacrifices, elle avance, droite, éternelle. Le passé n’est plus, mais le présent est intense. Tourner la page, ne garder que le cœur léger des moments d’exception. Car demain sera une autre aventure. Partez !

« I am the albatross that awaits you

At the end of the world.

I am the forgotten souls of dead mariners

Who passed Cape Horn

From all the oceans of the world

But they did not die

In furious waves.

Today they sail on my wings

Toward eternity”

Sara Vidal

P1010053 copie

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