Mercredi 8/3 Antarctique J4 : Baies de Cuverville et du Paradis

Mercredi 8/3 Antarctique J4 : Baies de Cuverville et du Paradis

La journée commence bien. Alors que nous prenons le petit déjeuner parmi les icebergs, une baleine à bosses (Humpback whale) vient nous accueillir en battant de la queue et des nageoires.

Puis 2 à tribord, 4 puis 6 à bâbord et une multitude suivant le bateau à une quarantaine de mètres. Fantastique !

Et 12h plus tard…

Je manque de superlatifs pour décrire ce que nous venons de vivre. Quand les guides les plus expérimentés n’en croient pas leurs yeux, n’ont jamais vu ca en 20ans, qu’ils vibrent autant voire plus que nous. Quand nous sommes 20 kayakeurs émus aux larmes, de joie, d’excitation, d’un bonheur partagé. Car ca n’arrive jamais et ca vient d’arriver.

« Ca », ce sont 20 à 30 baleines à bosses qui nous entourent, nous frôlent, nous éclaboussent de leur jet. Ca, ce sont des baleines joueuses, curieuses qui se faufilent entre les kayaks, à 1metre, à les toucher, qui disparaissent pour réapparaitre de l’autre coté du groupe. Ca, c’est à ne plus savoir où donner de la tète tant elles sont partout, proches. Ca, c’est un guide qui ne sait plus où aller, ivre de bonheur. Ca, c’est un moment d’une rare beauté. Ca, c’est l’Antarctique !

Ma batterie est morte avant les plus beaux moments mais d’autres les ont immortalisés pour moi. Chris mitraille, sur et sous l’eau, j’en prends plein les yeux tout en dirigeant le kayak. « Restez à 15metres sauf si elles viennent vers vous ». Elles n’ont pas arrêté pendant 3h. Personne ne veut rentrer. Personne n’a ni faim, ni froid. L’adrénaline nous suffit, dans une baie oubliée du bout du monde.

Difficile d’enchainer après « ca ».

L’après-midi nous réserve quand même un beau rêve : fouler le continent Antarctique. Non plus des iles mais la terre ferme. Pas de kayak, notre groupe fera l’impasse pour toucher le continent blanc, le 7eme et dernier pour beaucoup d’entre nous.

Nous atterrissons sur la base argentine de Brown, au niveau du 64eme parallèle. Les scientifiques l’ont quittée la semaine dernière et ne restent qu’une centaine de pingouins Gentoo pour nous accueillir. J’ai rechargé les batteries et je ne rate pas une miette des mouvements erratiques et si comique de ces petites boules de plumes. Les petits au plumage gris sont déjà grands mais ne sont pas encore prêts à prendre la mer. Les parents au plumage noir et blanc continuent de les nourrir en régurgitant la nourriture dans le bec de leur progéniture.

Une courte marche mène au-dessus de la Baie du Paradis. Du promontoire nous dominons la base, les pingouins, mais surtout l’immense et spectaculaire baie sous le soleil pour la première fois depuis 4jours. Des icebergs de 10 à 15metres e long se laissent glisser du glacier jusqu’au centre de la baie.

Une courte balade en zodiac nous amène jusqu’au glacier, bien plus impressionnant que le Perito Moreno, avant de nous déposer au bateau. Cette dernière balade laisse aux kayakeurs un gout d’inachevé. On aurait pu le faire à la force des bras…

La journée déjà bien entamée ne s’arrête pourtant pas là. Apres le diner d’un  buffet asiatique où j’arrive enfin à me restreindre, nous filons vers le canal Lemaire. Il s’agit d’un passage de 200m de large, entouré de montagnes. Navigable uniquement de novembre à mars, il commence à se refermer sous la glace. Notre bateau manœuvre et se faufile lentement entre la roche et un iceberg immense qui réduit l’entrée de moitié. Une véritable prouesse qui laisse mes doigts congelés d’avoir voulu filmer.

La fin de soirée sera plus calme. Nous partageons un verre de vin offert par Gareth avant que Dani, notre instructeur argentin ne fasse tourner son pot traditionnel de yerba maté.

Il m’explique comment le préparer :

  • Remplir le pot au ¾ de maté
  • Fermer le pot avec la paume de la main et secouer afin que les herbes les plus fines remontent
  • Humidifier légèrement et placer la paille au travers sans la boucher.
  • Arroser l’herbe d’une eau à 70-80°C (plus chaud détruirait les bienfaits du maté)

C’est en écrivant que je réalise combien les journées peuvent être pleines, riches et variées.

Et demain, si le temps le permet, on remet ca !

Moment parfait : baleines dans Paradise bay

Kayak avec les baleines Antarcique 17 (Chris W)

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