Samedi 9/5 Iguaçu

Samedi 9/5 Iguaçu

Je ne suis pas inspiré ce soir. Non pas qu’il n’y ait rien à raconter, bien au contraire, mais la langueur de la soirée dans le patio calme après une longue journée de marche n’incite pas à l’effort. La petite maison est presque vide depuis 2jours. Cela me laisse le dortoir libre avec salle de bain privée, le calme en bonus.

Je me sens bien reposé ce matin, en forme, levé 7h. Vers 1h, il y a eu des cris puis la police dans la rue. Peut-être un cambriolage. Je comprends mieux les hauts murs rehaussés de fils électrifiés autour des hôtels. Le petit déjeuner est à la hauteur de l’auberge et je prends de l’énergie à l’orange fraichement pressée. Aujourd’hui, direction les chutes, coté argentin.

Le trajet en lui-même est un début d’aventure. Je prends après 45minutes d’attente un premier bus pour passer la frontière (4brl-20ars-1,2€). Pas d’arrêt coté brésilien (on peut descendre se mettre en règle mais le bus n’attend pas), et arrêt à la douane argentine. Là, le bus attend de l’autre coté. Les douaniers semblent intrigués par mon passeport et feuillettent chaque page avant d’obtenir le sésame. Une fois à Puerto Iguazu, il faut prendre un second bus vers les chutes marqué « Cataratas », pour 50ars (pesos argentins) et 30minutes de trajet. Le parcours sera le même en sens inverse, avec l’appréhension de ne pas se faire contrôler à la douane brésilienne (très rare, des dires des locaux) car on sort du territoire illégalement en ne s’arrêtant pas à l’aller. Les bus sont vieux, bruyants mais propres. Pour les autres, il y a les taxis qui vous mentent sur les prix des bus, ou les excursions organisées ou les locations de voiture. Vu les bouchons à la frontière argentine, cette dernière n’est pas conseillée.

Il est temps de s’attaquer à la bête ! Je file directement sur le sentier de 3km menant à la Garganta del Diablo. Je passe devant la gare de train faisant le même trajet : ces idiots de touristes s’agglutinent dans la file d’attente, alors que j’arriverai finalement en même temps qu’eux. Le train degueule son flot de beaufs encapuchonnés, prêts à mouiller le bas des chaussures au dessus des chutes.

Elles sont fantastiques, dans un vacarme assourdissant et forte pluie d’embruns sous le ciel bleu-gris. On ne reste pas plus de quelques minutes sous peine de ne plus sécher. C’est impressionnant. Tant la beauté du lieu que la puissance des éléments. Et je repars dans l’autre sens, me retenant de jeter par-dessus la rambarde les groupes de touristes marchant à 2 à l’heure sur toute la passerelle. « Tu veux la voir, la chute ?!? TU VEUX VRAIMENT LA VOIR ?!? »

La chaleur et l’humidité tropicale ont raison de mon appareil photo qui se voile d’un film de condensation, qui ne disparaitra que sur le chemin du retour.

Je me balade ensuite sur les Paseos Inferior et Superior qui serpentent au-dessus et en-dessous des chutes. Les vues sont toujours aussi belles et différentes. Et les touristes moins nombreux !

Il me reste du temps et je m’attaque au Macuco trail. Très peu fréquenté et beaucoup plus sauvage, c’est exactement l’immersion qu’il me faut. Un panneau prévient de la présence d’animaux dangereux. On m’avait averti de la présence de serpent. Je n’en ai pas croisés mais j’ai rencontré un singe, une tarentule (ou équivalent), des « porcs-rats » non identifiables, des fourmis longues d’un pouce et des papillons multicolores de la taille d’une main. Une balade en foret donc ! Et quoi de mieux qu’une piscine naturelle au bas d’une cascade pour féliciter les plus méritants ? Parfait ! Même si je ne me baigne pas, non motivé par le séchage en zone tropicale.

Au final, le tout se complète et ajoute la découverte au plus prés des chutes, ce que le coté brésilien ne peut faire.

De retour à Iguaçu, je visite un peu la ville, sans intérêt. L’avenida Brasil regroupe boutiques, bars, snacks. Je m’arrête, ou plutôt je craque, pour un milk-shake glacé au Kinder Bueno. Ce n’est pas local, mais avec cette chaleur, je dis Oui ! Je suis par contre surpris par l’étendu de la ville ; je n’aurai pas le temps d’aller au Tres Fronteras, le point où se rejoignent les frontières brésilienne, argentine, et paraguayenne.

Le temps lourd devrait donner des orages demain. Et quelques belles averses arrosent déjà le jardin alors que je finis une Itaipara bien fraiche. Demain, je retourne à Rio !

1/ Iguaçu signifie « grande chute » en Guarani, premier peuple ayant colonisé le lieu il y a 700ans. Venant d’Amazonie, ils voyageaient pour découvrir le Paradis perdu promis par les dieux. Pour eux, les plantes et les animaux étaient l’objet de divers cultes. Il n’y avait pas de statuts particuliers au sein de la communauté ; les hommes et les femmes partageaient les taches quotidiennes. L’arrivée des européens et le début de l’exploitation de la foret ont bouleversé leur culture et leur société.

2/ Avec 1 semaine d’avance, un petit papillon marqué 88 sur ses ailes est venu me rappeler que je faisais presque 27ans.

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