Vendredi 15/05 Salvador de Bahia

Vendredi 15/05 Salvador de Bahia

« Le pelourinho est illustre et grand, sa beauté est faite de pierres et de souffrance. L’histoire toute entière de Bahia y est liée, son humanité, pour le pire et le meilleur. »  Jorge Amado

Le Pelourinho, le petit pilori, de celui où étaient exposés les esclaves à leur arrivée de Guinée ou d’Angola avant de partir vers les plantations de cacao ou de sucre. De ces lieux que l’on ne regarde pas qu’avec les yeux, mais aussi que l’on ressent, chargé d’histoire. C’est de cette époque que la ville a forgé son âme noire, son influence africaine. Jorge Amado y a fait vivre des histoires engagés là où il a lui même vécu, dans le Bahia populaire. Suor, Bahia de Todos os Santos, Cacao… là où la pauvreté s’entasse, pour un premier pas dans l’Amérique des colonies.

A l’ouverture d’un baie abritée, la ville devait par son port devait faire concurrence  à Recife plus au nord. Le centre historique, dont le pelourinho, se composait également de la Praca da Se et du Terreiro de Jesus. Il était habité par les aristocrates et les nombreux membres de la 15aine d’églises et de couvents du quartier datant du 16eme au 18eme siècle. Assis sur une colline, il domine le quartier du port où arrivaient caravelles et negriers, et désormais cargos. Le port, d’une laideur sèche fut à cette époque, l’un des coins les plus dangereux du monde. Le Pelourinho, quant à lui, est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1985, avec ces façades multicolores sur des pavés chargés d’Histoire. Reliant les deux, l’ascenseur de Lacerda transporte chaque jour des centaines de travailleurs de la ville haute à la ville basse et vice-versa pour 15 centavos (centimes) depuis le 19eme siècle.

Au centre se trouve également l’ancienne faculté de médecine, l’un des plus beaux bâtiments de la ville en style coloniale orange saumoné. Il accueille désormais le musée ethnographique et le musée Brésil-Afrique. Sans grand intérêt, ces deux musées ont le mérite de présenter des objets liés au Candomblé, religion des esclaves de Bahia, regroupant animisme et croyances chrétiennes.

Cette religion est composée d’Orixa, entités divines dont chacune à une tache ou une histoire. Le dieu suprême Olodumaré donna à Oxala la mission de créer le monde avec suggestion (Aba) et réalisation (Asé). Ce dernier devant toutefois des sacrifices à Exu, ce qu’il ne fit pas par fierté. Lors de son passage vers l’autre monde, Oxala croisa Exu qui en était le gardien. Par vengeance, ce dernier infligea à Oxala un grand châtiment. Il lui fit boire du vin de palme et il devint complètement bourré. Un autre rival, Odudua, en profita pour voler le pouvoir de création du monde contenu dans un sac. Sa première création fut un poulet à 5 becs (je promets que je suis sobre en écrivant ces lignes). Le gallinacé gratta tant et tant que les monts et les vallées furent créés. En punition de son ivresse, Oxala dut créer l’homme et lui interdit le vin de palme. Les croyants fêtent le Grand Orixa, ou le roi blanc, en s’habillant chaque vendredi de blanc. Il est considéré comme l’équivalent de l’Esprit Saint chrétien.

Heureusement qu’il y a des musées car dehors, il pleut des pots (« chove de potes » en portugais). J’ai quand même du mal à accrocher avec Salvador. Mais peut être que mon estomac m’y aidera.

Un restaurant propose 3 plats typiques bahianais au menu : une sorte d’omelette de pomme de terre aux épices, oignons, jambon et sa sauce ; un plat succulent. Le plat principal est emblématique de la ville, comme la Feijoada à Rio : la Mocqueca peut être de poisson, de fruits de mer (la mienne) ou mixte. C’est servi avec du riz, des « bananas de terra » et du « farofa de dende ». Et on mélange le tout. Bien que plutôt réticent aux fruits de mer (euphémisme…), je trouve le plat plutôt bon quoi qu’un peu fade. Mais le serveur arrive avec le piment qui agrémente un plat somme toute plutôt bon. En dessert, ce sera un Pudim de tapioca et coco avec glaçage passion, encore une fois, plutôt sympa. Le tout pour 65brl (18€), bière comprise.

La pluie tropicale est quasi-incessante et me met un gros coup à la motivation. Sans soleil, les plages de Salvador n’ont que peu d’intérêt. Je rentre passer l’après-midi à lire et écouter de la musique. Relaxant.

Vers 20h, je pars affronter la pluie pour trouver à manger, tel le chasseur préhistorique. Apres 15minutes d’hésitation (comme d’hab), je choisis le Carmo bistrot, une sorte de bar tropical-snack avec ses chaises aux couleurs d’une marque de bière sur un carrelage blanc illuminé au néon. Pour décoration, les frigos à bières et la télévision. Ca va me sortir un peu du touristique. Que des locaux et des habitués qui saluent le patron assis avec quelques autres devant un match de foot du club de Bahia. Ce n’est pas le même cadre qu’à midi, ni les même prix !

En commandant une bière, on m’apporte une bouteille de 600ml dans un contenaire fraicheur. Sur la carte, mes yeux s’attachent aux noms inconnus. Un Kibé pour le plat et un Acai en dessert. Le premier est une assiette de croquettes de viande frites avec une sauce piment qui passe ultra bien. Le second, une coupe banane-ananas avec une sauce gelée de fruits rouges et saupoudrée de cacahuètes et raisins secs. Parfait, surtout avec cette chaleur.

Je finis ensuite la soirée, ma bière et presque le séjour, sur la terrasse cachée à l’arrière du bar dominant la baie. Deux musiciens enchantent l’atmosphère en rythmes de bossa-nova. Um grande prazer !

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