Dimanche 25/02 Cuyabeno

Dimanche 25/02 Cuyabeno

J’ai été réveillé par beaucoup de choses dans ma vie, mais c’est la première fois que des petits singes prennent bruyamment leur petit-déjeuner dans le palmier au-dessus de ma case. Ça pourrait être pire ; Robert et Lise, les sexagénaires anglais, avaient un scorpion dans leur rideau… Encore et toujours des problèmes de voisinage…

Ce matin, nous partons explorer la jungle environnant le lodge. 3h30 de marche dans une végétation luxuriante. Nous trouverons des petites grenouilles mortelles, une chenille de 15cm, une abeille tueuse en train de manger un insecte en aspirant ses enrailles que son venin a liquéfiées, plusieurs insectes pro du camouflage et même un paresseux endormi autour d’une branche. Luis apercevra également un indigo, serpent de la famille des couleuvres. Jaune et noir, il faisait plus de 3m. « Il mord mais ce n’est pas dangereux » me dira Luis. Perso, un serpent amazonien de 3m qui mord, ça rentre pas mal dans ma définition de dangereux…

Luis nous expliquera aussi les propretés naturelles de certaines plantes contre la douleur, la fatigue… Mais aussi comment la nature d’adapte à son environnement. Le sol d’argile rouge est peu nutritif pour les arbres qui ne peuvent y plonger leurs raines. Ils ont alors développé un système de support intergénérationnel où les plus anciens (jusqu’à 500ans !) servent de tuteurs aux plus jeunes, qui eux, stabilisent les racines. Tous peuvent s’entre-nourrir. Autre exemple, les nids des termites sont construits sur la face des troncs opposée à la pluie pour éviter d’êtreinondés. Elles ont aussi créé de petites rigoles qui écoulent l’eau ruisselante, hors du nid.

De retour au lodge, nous sommes accueillis par un bon verre de jus de fruits et par nos petits singes, aperçus ce matin. Nous avons désormais un bon temps calme entre le déjeuner et notre prochaine balade en fin d’après-midi. Repos trèsagréabledans le hamac et le patio à l’ombre du puissant soleil équatorien. Une légère brise nous berce mais assèche encore un peu plus la lagune…

J’ai pu discuter avec la famille autrichienne. Ils sont tous pro de plongée et même instructeurs pour 2 des enfants. Je prends tous les conseils pour passer ma certification. J’essaierai cet été…

Je viens de me rendre compte qu’il y a un peu plus de 10ans, fin aout 2017, je partais pour ma première grande aventure. Le canada, l’Amérique du Nord, mon premier transatlantique. Qui révèlera ce que j’ai dans mon sang, dans mes gênes, le virus du départ. Et 10ans et 51 pays plus tard, je fais la sieste entouré de petits singes dans un des endroits les plus reculés du monde.

Encore une dernière soirée en Amazonie ; demain sera une longue journée de trajet jusqu’à Quito. Mais il restait encore à voir et nous l’avons vu ! Nous partons en fin d’après-midi à la recherche d’anacondas. Des traces ont été aperçues dans la lagune ces derniers jours mais sans trouver la bête. Après 20 minutes de marche dans la boue et entre les racines et les branches, nous atteignons une zone marécageuse. Et là, au milieu d’une eau saumâtre, nous attend le monstre de l’Amazonie. Une femelle anaconda de 6m de long, 20cm de diamètre, prend le soleil. La force de la bête pourrait broyer et avaler un homme adulte et ne plus avoir à chasser pendant 6mois. C’est exceptionnel de voir un tel animal à 2m de nous ; impressionnant ! Plus effrayée de nous que nous d’elle, elle se mouvra doucement dans une cavité des racines d’où nous ne la reverrons plus. Mais quel spectacle !

La balade de retour, toujours dans la boue de la lagune, nous fera profiter du coucher de soleil. A la nuit tombée, nous sortons les torches sous les regards brillants des caïmans. Nous en approcherons un blanc, qui se cachera sous l’eau peu après. Je n’ai aucune photo de ce moment, j’avais coincé ma botte dans la boue et ne pouvait donc pas m’approcher à portée d’objectif ! Luis voulait en attraper un, ce qu’il fait apparemment souvent, mais sans succès.

Encore une fois, la douche au lodge sera salvatrice. Nous prenons le repas ensemble en partageant un verre de vin chilien et des bières offertes par Christof le danois. Une succulente empanadade banane au fromage accompagne de longues discussions sur la vie, le vin, les différences culturelles, l’astronomie, les politiques en Chine et aux USA… C’est l’avantage de voyager avec des gens éduqués et ouverts. Luis partage aussi ses points de vue sur les liens tendancieux entre politique et pétrole, les techniques qu’ils emploient sur les communautés locales… Il nousdécrit aussi une tribu du sud de l’Equateur qui tue quiconque s’approche de leur territoire et vit encore à l’état sauvage. La compagnie pétrolière a envoyé dans les années 90 un missionnaire parlant leur langue qui convertit une partie de la tribu au christianisme avant de la retourner contre l’autre partie afin d’éradiquer le village et de laisser le pouvoir à la compagnie pétrolière. Le processus prenant trop de temps, des années, la compagnie envoya purement et simplement des tueurs.

Le gouvernement équatorienprotègedésormais les communautés indépendantes mais doit balancer avec les lobbys pétroliers agissant dans l’ombre.

L’Amazonie n’est qu’une nature sauvage, celle des bêtes et celle des hommes.

Amazonie

P1050631
P1050642
P1050652

Ajouter un commentaire