Mercredi 28/02 Quito
Mercredi 28/02 Quito
Pas de record. La météo équatorienne en a décidé autrement. Il a plu une bonne partie de la nuit et ça continue ce matin, alors que j’attends le chauffeur. Il est 7h et il n’arrive pas. Après 45minutes, il trouve enfin l’auberge et nous partons pour El Chaupi, un village au pied des Illinizas. Nous prenons Fernando, mon guide, au passage ainsi que baudriers et casques pour l’ascension. La route vers le départ du trail se transforme vite en chemin de terre puis en chemin de boue. La voiture glisse et s’embourbe au bas de la montée. En face, alors qu’il n’y a pas de place pour 2, une camionnettedérape et se bloque. Je me demande à quel moment elle va nous glisser dessus… Des agents du parc, des ouvrier et quelques autres bloqués (je ne pensais pas ce chemin si fréquenté…) mettrons 1h30 à dégager la voiture et la situation. Il est 11h et la décision des agents tombent : le chemin est fermé pour les voiture.
Il reste 9km jusqu’au départ et 4km d’ascension après. Un dénivelé à ce point de +1600m, jusqu’à 5100m. Soit 26km de haute montagne à faire avant la nuit, soit dans 7h. La distance en soit ne me fait pas peur, l’altitude non plus. Les 2 combinés, j’en suis incapable au vu d’hier. Il me faudrait au moins 3h pour les 4km d’ascension à cette altitude. Je suis dégouté, je jette l’éponge… Record inchangé à 4696m (Si le guide me disait que c’était faisable, le chauffeur, du coin, m’avouera que ça paraissait très compliqué).
De retour à El Chaupi ; Fernando m’offre un repas chaud avec un soupe (locro) et une assiette de légumes, bananes frites et haricot, un jus de tomates sucrées pour boisson. Pas de remboursement de prévu, l’abandon est de mon côté… le point positif c’est qu’il me restera tout l’après-midi pour aller au monument de la MitatdelMondo, qui marque le point de l’équateur tel que déterminé par La Condamine (cocorico !) en 1735.
Pour s’y rendre à moindre cout, rien de plus simple. Des quartiers du centre, il faut rejoindre l’Avenida Americana (à pied 0$), puis prendre le Metropolitano C2 vers le Nord jusqu’au terminus La Ophelia (0.25$). De là partent 2 bus qui passent à la Mitat. Je ne me souviens plus des destinations mais c’est sur la droite dans le sens des départs. On atteint en 30-40minutes le siège moderne de l’UniSur, l’union sud-américaine. La Mitat est derrière. 5$ pour le musée et les expositions (intéressantes). La photo du monument depuis l’entrée est gratuite, mais se taper 1h de bus pour 30secondes…
Le monument, grandiose, se trouve sur la ligne imaginaire déterminée par Charles Marie de La Condamine et son expéditiongéodésique en 1735. Le but était de déterminer (ou prouver) que la Terre est aplatie aux pôles et gonflée à l’Equateur. 2Expeditions sont donc commandées par Louis XV. L’une aux pole, et l’autre vers l’Equateur, pour La Condamine. Le périple de quelques mois durera finalement 9ans. Le profil des Andes et les rapports avec les communautés indigènes rendent les travaux scientifiques extrêmement longs et difficiles. De plus, les rapports entre La Condamine et Godin, le chef d’expédition, sont exécrables et ils finissent par se séparer, ainsi que leurs résultats. La Condamine et Bouguer terminent les études mais ne se mettent pas d’accord sur qui prendra la paternité. Une longue course s’engage entre les 2 hommes pour rentrer en Europe, publier leur résultat. Si Bouguer prend le parti de la sécurité en passant par la Colombie, La Condamine, accompagné de l’Equatorien Maldonado, décide de traverser l’Amazonie (son récit, à lire, est exceptionnel). Lorsqu’il arrive enfin à Amsterdam, il apprend que Bouguer a présenté ses résultats seulement 3jours plus tôt. Mais LA Condamine est aussi brillant orateur que la présentation de Bouguer était plombée de détails. Il récupère la gloire des découvertes, non sans être, il est vrai, un des artisans principaux. Godin, le chef d’expédition, ne publiera jamais et se mettra même au service de l’Espagne. Maupertuis, chef de l’expédition polaire, aura prouvé 7ans auparavant que les pôles sont aplatis.
Au final, La Condamine n’aura été ni le premier, ni le meilleur mais son apport dans le calcul de la place de l’équateur aura été primordiale. Des études modernesmontrerons plus tard qu’il ne s’était trompé que de 260m. Mais doit-on le blâmer pour si peu alors que nos GPS se perdent une fois passer le périf parisien…?
Il me reste une dernière soirée à Quito. Je vais rester calme. Demain sera encore une journée de trajet avec un vol à 11h pour Bogota puis Medellin. Avec les connections en bus et les escales, je vais encore presque faire le tour du cadran. Cet empressement m’irrite, je devrais calmer ma boulimie. L’Equateur aurait mérité une semaine de plus, au rythme des bus, moins prise de tête, et finalement à peine plus long que l’avion. D’autres sommets à gravir, Cuenca et ses vestiges incas, Banos, ses sources, son rafting, Otavolo, Guayaquil… Encore tant à voir. J’ai pourtant déjàvécu des moments exceptionnels antre les Galápagos, l’Amazonie et l’ascension du Rucu. Mais il me manque la route…
La Colombie, dès demain, devrait être un peu similaire avec beaucoup (trop ?) de vols. J’y retrouverai les Flos, frère et sœur. On devrait avoir de quoi voir et de quoi faire !
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