Vendredi 23/02 Cuyabeno (Amazonie)

Vendredi 23/02 Cuyabeno (Amazonie)

J’ai dormi 4h sur les 6h30 de trajet. Plus que la plupart semble-t-il. Je n’ai rien vu du trajet mais j’ai ressenti le chaos de la route. Le bus nous dépose au centre de NuevoLago/LagoAgrio, la capitale de la province, à l’hôtel D’Mario. J’avais normalement un vol ce matin de Quito, mais la TAME l’a décalé en fin d’après-midi, ce qui m’aurait fait rater mon excursion. Cette compagnie est une plaie !

De 6h à 9h30, il n’y a pas grand-chose à faire ici. La ville vit de l’exploitation des réserves naturelles de l’Amazonie. Pas de façontrès propre, voire franchement degueulasse ; rejets polluants, fuites, surexploitation, déforestation, corruption, intimidation, expropriation des tribus locales, on est dans l’ultra-capitalisme ici. Et d’un autre côté, PetroEcuador, la compagnie énergétique locale, donne du travail à des milliers de personnes et fait grandir l’économie du pays. Il est toujours facile pour les pays développés de se poser en humanistes après avoir piller les autres continents. Un affamé se foutre royalement que son unique repas ait un impact écologique…

Il est 21h. L’énergie solaire accumulée pendant la journée nous permet de nous éclairer pour encore 1h, de 18h à 22h. Ensuite, nous serons au rythme de la forêt, sans électricité.

Ce matin, le guide a failli m’oublier car l’agence m’avait donné le mauvais point de ramassage. Nous serons 7 direction le SionaEcolodge, niché dans un bras de Laguna Grande, dans la partie équatorienne de la forêt amazonienne. Après 2h de bus où le décor se verdit à mesure que je me réveille, nous arrivons à l’auré de la réserve de Cuyabeno. Il nous faudra 3h de pirogue pour parcourir les 35km qui nous séparent du lodge. Notre guide, Luis, est réputé pour être l’un des meilleurs de la réserve. Et en effet, il trouve des animaux là où nous ne voyons que du bois. Des caïmans, des serpents et des singes et même un poisson-chien qui sautera dans notre bateau toutes dents dehors. Nous nous prenons au jeu de la recherche mais après 2h, nous somme juste étalés sur nos banquettes de bois à faire bronzette. L’eau est très basse, ce qui ralentit notre progression. Il n’y a pas plu depuis un moment et la pirogue s’embourbe dans les bancs de sable de la lagune. Quand le moteur s’éteint, c’est le calme profond de la forêt qui s’éveille. Nous finissons les derniersmètres dans la boue, sac sur le dos.

Le lodge est composé de 6bungalows de bois dont 4 forment 8 chambres. C’est basique, une simple paroi de bois entre les 2chambres et des filets anti-insectes. On est dans un réserve, on s’adapte. Mais j’aime ça ! j’ai même droit à ma chambre à part à la place du partage, le groupe étant en nombre impair.

J’avais peur au départ de me sentir isolé avec les 3 couples, d’autant que d’autres lodges semblaient plus adaptés aux backpackers. Mais le lien se fait et il y a quand même une famille qui est arrivée la veille. Il y a donc un couple de New Yorkais. Elle travaille dans une banque et lui est chercheur en astrophysique au MIT. Du bon niveau ! Il y a aussi un gentil couple de trentenaire danois, un de sexagénaire qui se chamaille tendrement. Ils sont en voyage depuis 5mois en Amérique du Sud et partent pour la Nouvelle Zélande l’année prochaine. On ne sera pas à court de discussion.

Luis nous emmène à la nuit tombée pour notre premier contact nocturne avec la forêt. Sur la dizaine d’araignées vue, une bonne moitié pourrait nous tuer et se balade à 50m de mon lit. Ça pose… 2 araignées-banana, les plus mortelles, 4-5 tarentules de la taille d’une main, beaucoup d’araignées-scorpion, inoffensives, des cafards, des grenouilles et un paresseux.

Luis fait honneur à sa réputation et ses 21ans d’expérience et augmente chaque découverte de commentaires :

  • La tarentule femelle mange le male aprèsfécondation pour se renforcer.
  • L’araignée-banana secrète un poison contenant 4 agents létaux (contre un seul pour la tarentule, cette looseuse !)
  • Les araignées non mortelles utilisent leur fameuse toile qu’elles modifient en fonction des zones « productives », c’est àdire qui attrapent le plus.
  • C’est un fruit de l’évolution si les cafards ont appris à voler.

Luis s’adresse à moi en espagnol et aux autres en anglais. Je ne sais pas pourquoi mais au moins ça me fait progresser. Demain nous partirons à la rencontre d’une tribu indigène, les Siona. Pas de pagne ou de peintures sur le corps, nous découvrirons comment ils vivent de la forêt. Nous devrions aussi rencontrer un chamane local qui nous donnera des explications sur les plantes médicinales.

En attendant, je vais profiter du peu d’électricité qu’il me reste pour prendre une douche. Avec une humidité dans l’air de 99%, ça va êtreagréable… Au moins, il n’y a pas de moustiques : le ph de la lagune est de 4.5, trop acide pour les larves !

PS : c’est particulier, ici on ne vérifie pas qu’un monstre se cache sous le lit, mais si une araignée ne niche pas sous l’oreiller !

PS2 : Apparemment, le couple de NY a eu le mêmeproblème que moi avec la TAME aux Galápagos. Tout comme une famille de 5 devant eux. Imaginez que ces derniers ont dû sortir pres de 1500$ (1300€) juste pour quitter l’ile… Compagnie d’escrocs !

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