Vendredi 9/3 Bogota

Vendredi 9/3 Bogota

Ah ben mince ; le retour en classe eco, ca pique ! Elle est où ma coupe de champagne ?

La dernière journée en Colombie aura été riche en nourriture cérébrale et culinaire. J’ai enchainé une visite guidée du centre et une visite gastronomique. J’étais un peu fatigué ce matin. J’ai fait une petite crise de panique cette nuit, l’impression d’être enfermé, le souffle coupé. A 2600m d’altitude, j’ai mis une heure à reprendre mon souffle. Ca m’arrive 1 à 2 fois par an, rien de bien méchant mais fatiguant. L’auberge est sympa malgré tout. Point Booking.com : Très belle auberge et bon quartier. Un peu bruyant, toilettes à l’extérieur, et staff moyen. Le petit dej devrait être inclus.

La matinée sera donc culturelle. Santiago, notre guide, reprendra en partie ce que Juan, à Medellin, nous avait présenté, notamment sur Escobar ou les élections à venir. Sur ce dernier point, il nous précise que Gustavo Petro, le candidat centriste, faisait partie des guerilleros M19 qui furent engagés par Escobar pour attaquer le palais de justice dans les années 90, pour faire disparaitre les documents d’extradition. Personne n’a les mains propres apparemment… Les élections pour le Senat ou la Camera ayant lieu ce weekend, l’alcool sera interdit pendant tout cette période sous peine de 100$ d’amende.

La politique du pays a toujours été chaotique. Apres la 2nde guerre mondiale, le maire de Bogota Gaitan était devenu extrêmement populaire auprès du peuple colombien et roulait pour la présidence quand il fut assassiné lors d’une manifestation. L’influence des USA a toujours plané sur ce meurtre car Gaitan avait des visions socialistes, ce qui était inacceptable en pleine guerre froide.

Toute la construction de la Colombie est une somme d’influence. Apres les Spaniards, Simon Bolivar a libéré et réuni le Venezuela, la Colombie, le Panama, le Pérou, l’Equateur et la Bolivie sous l’Union de la Grande Colombie au 19eme siècle. Le Pérou et la Bolivie se rebellent après le déclaration de Bolivar comme dictateur. La Colombie s’est peu à peu réduite après l’indépendance de l’Equateur, du Venezuela et le grignotage de l’Amazonie par le Brésil.

Ces influences continuèrent notamment lorsque les USA trouvèrent un intérêt flagrant en Amérique du Sud. Argent, drogue, guerre froide, les cartes étaient bien plus complexes qu’une série TV. Selon Santiago, les Colombiens sont désormais reconnaissant aux USA pour leur combat contre les narco-trafiquants, la mise à niveau de l’armée et les programmes d’éducation, sous le nom de Plan Colombia. J’ai un peu l’impression d’avoir ici affaire au pompier pyromane…

La visite continue dans le quartier de la Candeleria, qui signifie « vierge des canaries » que priaient les marins avant leur traversée de l’Atlantique. Quartier historique fait de maisons colorées de type républicain, de style colonial, il accueille de sublimes graffiti. Les habitants en ayant assez des tags, ils décidèrent d’embaucher des artistes de rues pour redécorer le quartier.

Le tour finit par une visite du musée de Botero, toujours vivant. Le musée principal se trouve à Antiocha, prés de Medellin, d’où est originaire l’artiste. Le musée de Bogota a une histoire trouble.  Il date de l’époque où son fils était maire et accusé de corruption. Jugé coupable, il devait faire des années de prison, mais Botero père fit le don de ce musée à Bogota. Son fils eut droit au privilège d’une sorte de résidence surveillée. Le lien n’est pas officiel mais les rumeurs circulent. Tout est compliqué en Colombie.

Botero reste un artiste majeur et sa collection de Bogota regroupe des œuvre de Picasso, Miro, Manet, Toulouse-Lautrec, Dali, Renoir, Giacometti… Ses œuvres, figures disproportionnées, ont aussi une signification cachée. Par exemple, le tableau « La Famille » semble représenter une petite famille tranquille sous un arbre. Mais trois détails prouvent le contraire : a gauche, un serpent, au sol, une pomme croquée, aux mains de l’homme, deux alliances. Le tableau représente ainsi l’adultère.

Beaucoup d’info et peu de nourriture, il est temps de passer à table ! Pendant 3h, nous testerons avec Hector, un colombo-québécois, différentes spécialités :

  • Chicha, amer, au gout de cidre, fait avec de la panela (sucre raffiné), mais, pois, pomme et bu dans une conque appelée toctuma. A l’origine, prémâché par les indiens avant la fermentation.
  • Chucuta : une boisson énergisante à base de mais, de coriandre, de pois, haricot, cacao et lentille. Ca a un gout de chocolat chaud un peu pâteux.
  • Du thé de coca, pour le mal des montagnes.
  • Des enpanadas, petits croissants fourrée, spécialités d’Amérique latine globalement. A tester avec différentes sauces, surtout les plus pimentées !
  • Un jus de lulo, un fruit local amer dejà gouté à Medellin
  • Un ajiaco, une excellente soupe faite de trois types de patates, de l’ayahuasca et du mais. On ajoute de la crème, des câpres et du poulet. Un plat en soit !
  • Une oblea, gaufre de rue tartinée d’arequipa (caramel) et de fromage.
  • Un chocalate y queso qui est aussi bizarre que ca semble. C’est un mélange de chocolat chaud classique et de fromage que l’on fait fondre dedans. Je teste ca avec un coupe de portugais de Bruxelles et le constat est unanime : bien trop bizarre…
  • Un peu de bono de cali, une boule de pain de mais moelleux, farci de fromage ou de confiture.
  • Un jus d’avena : jus d’avoine, sucré et cremeux avec le gout d’une danette vanille…
  • Arepa : le pain local de blé ou de mais, avec du fromage evidemment. Plutôt lourd.
  • Pour finir, l’alcool local : l’aguardiente, alcool de cane à sucre au gout d’anis. Ca aidera à digérer.

Je n’ai plus faim ! étrange… et je dois quitter le groupe avant la dégustation du café. Il est 17h et il me faudra 1h pour atteindre l’aéroport. Je fais le plein de souvenirs (j’ai totalement oublié d’envoyer des cartes postales et même de les acheter…).

J’ai relu ce matin les recommandations du Ministère des Affaires Etrangères. A les lire, je n’aurais pas fait la moitié de mon parcours. Ils sont beaucoup trop alarmistes. Et pourtant, j’ai encore passé un séjour exceptionnel. Je suis perfectionniste en voyage et je ressens une frustration par rapport à ce que j n’ai pas pu faire.

Au-delà de ca, j’ai nagé avec des tortues, des requins, j’ai gravi mon point le plus élevé, j’ai vu des plages paradisiaques, j’ai dormi dans la jungle, j’ai été entouré de voyageurs et d’amis, et je sirote un bon cognac sur le retour. Mes voyages ne sont jamais tout rose, tout réglés. Ils ont le piment des imprévus. Ils sont ce qui fait d’un voyage une aventure.

Et pour citer Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature colombienne:

« Ne soyez pas triste car ca se termine ; soyez heureux que ce soit arrivé »

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