Lundi 15/03 Oaxaca
Lundi 15/03 Oaxaca
Oaxaca est un vrai plaisir, une ville qui a beaucoup à offrir et qui mérite qu’on s’y attarde quelques jours. Ce sera 5 nuits pour moi.
De Mexico, il faut 7h pour rejoindre le centre de Oaxaca, plus au sud. Apres une première moitié de parcours sans grand intérêt, le bus s’attaque aux montagnes séparant Puebla de Oaxaca. Le paysage de montagne et de canyons sublimes. La route, elle, est plutôt bonne. Les bus ADO sont un peu moins confortables que ceux de la TAP mais le trajet se passe agréablement.
Pour mon séjour, j’ai choisi une auberge « luxueuse ». La casa Angel propose de bons dortoirs mais j’opte pour une sorte de pod, de capsule, dans un dortoir de quatre. Nous ne seront la majorité du temps que eux avec Phil, un américain. J’évite les grands dortoirs pour deux raisons : le calme et la distance sociale (relative). Il y a toujours moyen de socialiser dans les parties communes mais, au moins, je bénéficie de nuits tranquilles. Avec l’âge, j’ai d’autres besoins et d’autres envies qu’il y a dix ans. Le surcout est relativement faible ; de l’ordre de 4€ en moyenne par nuit.
Je rentre directement dans le vif du sujet avec deux activités dés le premier jour. Tout d’abord, une visite à pied de la ville me permet de découvrir l’Histoire, relativement classique pour le Mexique, les monuments et l’atmosphère, colorée et artistique. Plusieurs galeries d’art ponctuent les rues aux maisons basses et colorées du centre historique. Je prends un réel plaisir à arpenter les ruelles pavées menant de la cathédrale au Zocalo, la place centrale. Durant ce tour, je sympathise avec Simon et Ilka, un couple germano-autrichien en lune de miel. Je les retrouve par hasard le lendemain au bus partant pour Monte Alban.
Monte Alban est une ancienne cité Zapoteque, qui fut à son apogée entre le 2eme et le 6eme siècle. Le site fut découvert et dégagé au 20eme siècle. Il se trouve à 10km d’Oaxaca sur une montagne. Le site comporte divers temples et bâtiments administratifs. La ville était autrefois dirigée par un consortium théocratique. Si la ville s’étendait alors également sur les flancs des montagnes, il ne reste aujourd’hui que ces ruines principales, faites de pierres volcaniques et protégées par la végétation. On y retrouve également un terrain de jeu de balle, ce jeu cérémonial où le vainqueur gagne l’honneur d’être sacrifié. Le jeu consiste à envoyer la balle de cuir de 2kg dans le terrain adverse grâce à ses hanches, épaules ou coudes. On retrouvera cette influence chez les mayas dans le jeu de l’anneau.
La cité est orientée Nord/Sud en vénération du soleil.
On retrouve également des Danzante, des formes humaines graves dans la roche. Elles semblent représenter des personnes atteintes d’infirmités physiques ou mentales. Des informations contradictoires lient ces figures soit aux études médicales de l’époque, soit à une adoration des êtres différents.
Enfin, le site lui-même est l’un des plus anciens du Mexique. On y retrouve des traces de la civilisation Olmèque du 5eme siècle avant JC. Cette visite fut un plaisir !
Pour le coté pratique, il y a trois façons de monter à Monte Alban. La plus simple est de prendre une excursion complète avec guide et transport. Ca coute environ 350 pesos (env. 15€). Les plus roots pourront prendre un colectivo pour 10 pesos puis marcher 30 minutes vers le sommet, et inversement au retour. Pour ma part, je prends un bus semi-touristique pour 80 pesos (3€) qui mène directement au site et laisse 3h sur place avant le retour. On peut aussi marcher 10km depuis le centre de Oaxaca mais la route à travers les quartiers pauvres et en plein soleil n’offre pas un grand plaisir. Toutefois, il est gratuit…
Avec Ilka et Simon, nous avons décidé de prendre un guide sur place. Je ne l’aurais pas fait seul mais c’est une réelle valeur ajoutée. Ca coute 100 pesos (4€) par personne. Avec l’entrée à 80 pesos, nous nous en tirons à 260 pesos pour le même service qu’un tour organisé.
Les bus semi-touristiques partent à 8h30, 9h30 et 10h30 de 518 calle Mina. Les retours sont à 12h30 et 13h30. Il parait qu’il y en a un plus tard, mais le site fermant à 16h30, je n’ai pas vérifié.
Pour nous remettre de nos émotions, nous partons déjeuner au marché du 20 Noviembre. Au Mexique, c’est généralement un bon choix, à qui a l’estomac déjà fait au pays. Chaque échoppe essaie de nous alpaguer et par esprit de contradiction, nous nous attablons à la plus calme. Elle est tenue par une gentille famille qui nous explique les plats, nous fait gouter ses moles et son quesillo, le fromage de vache local. On partage une Tlayuda, une tortilla à la crème de haricot avec du bœuf et du quesillo. Je prends en plus un caldo de pollo, une soupe de légume au poulet. Avec quelques bières et une discussion sympa avec la famille, nous ne regrettons pas notre choix. Nos extravagances culinaires nous couterons 100 pesos (4€) par personne. Un vrai bon deal !
Pour découvrir la gastronomie un peu plus développée, j’ai aussi réservé une dégustation Oaxaquena. Durant 4h, au coucher de soleil, je fais le tour de quatre terrasses agréables en dégustant des spécialités de la capitale de la gastronomie mexicaine.
Restaurant Tierra del Sol, cuisine mexicaine *** :
- Cocktail mezcal chili
- Agua fresca de poleo, un jus frais à « l’huile de bourré », une infusion contre la gueule de bois.
- Une jolie tostada de tomate, savoureuse
- Mole Chiljuacle, de courge et canard
- Mole de Laurel (la patronne), aigre-doux à la poire rôtie
- Dessert tout maïs (crémeux, en grain, lacocha)
Restaurant Don Juanito * :
- Agua fresca très herbeuse (je ne me souviens plus de la plante)
- Pozole, soupe de bœuf excellente.
- Taco à la vapeur, original
- Guacamole et sauterelles, un plate d’apéritif.
- Mezcaline aux fruits de tamarinier
Restaurant La casa del Tio Guero ** :
- Agua fresca
- Chile en Nogales : plat traditionnel de la fête nationale mexicaine. Chili fourré aux champignons, câpres, poire, pomme, plantain, amande, olives… couvert d’une sauce crémeuse (Nogales), grenade et piment pour la couleur. Excellent.
- Memela : tosta de haricots (frijoles)
Restaurant Ancestral *** :
- Agua fresca
- Entrée porc et poulpe sur une mini quesadilla aux haricots
- Caldo de Piedra : soupe de poisson préparée à la table et froide. La cuisson se fait en ajoutant des pierres chauffées au feu de bois qui ébouillantent le bouillon et cuisent le poisson et les légumes. Génial !
- Dessert d’un mole gelé au chocolat et haricot rouge, toast de plantain. Superbe, bien qu’un peu lourd pour finir.
- Mezcal Arrequena fait avec des plantes de 18 à 25ans d’âge. C’est bon mais je ne sens pas une grande différence. Au fond des verres à Mezcal se trouve une croix christique. On dit que lorsqu’on voit la croix, il est déjà trop tard pour son âme! Et mieux vaut la noyer avec une autre tournée !
Un tour au final de prés de 5h, très agréable et en bonne compagnie avec la guide et le jeune gérant d’un boutique-hôtel luxueux. Une vraie découverte culinaire.
Je termine mon périple gastronomique à Oaxaca par un cours de cuisine avec le chef Oscar Carrizosa. Le thème tourne autour des produits préhispaniques. Une cuisine d’indigène donc, mais avec un mixeur ! Je suis seul pour ce cours et le chef, sans être désagréable, n’est pas le plus pédagogue du monde. On prépare 5 plats différents :
- Chichilo : un mole mizteca. Il y a une trentaine d’ingrédients dont le piment bien sur et les haricots.
- Une soupe de haricots rouge, simple et savoureuse
- Un tamale de tichinda, pate de maïs, chili, jus de viande ou légume et crevettes noires
- Salsa Jitomates y miltomates, sauce pimentée aux tomates vertes et rouges, rôties
- Tortilla maison
La préparation est énergique pendant plus d’une heure. Le tout m’est ensuite servi dans le patio au calme. Le chef semble se détendre, sans en devenir plus sympathique. Une bonne expérience toutefois qui clôt mon séjour à Oaxaca de Juarez.
Ajouter un commentaire