Mercredi 10/03 Mexico
Mercredi 10/03 Mexico
Je devais ne faire qu’y passer, sur ma route vers Oaxaca. Je reste finalement 4 nuits à Mexico. Je prends mon temps.
Depuis Guadalajara, il faut un peu plus de 6h de bus pour atteindre le Terminal Norte. J’avais un billet pour le bus de 8h30 mais celui-ci, venant de Tijuana à l’extrême Nord-ouest du pays à plus de 2h de retard. On me conseille de changer mon billet pour le bus de 9h qui part de Guadalajara. Facile et agréable.
J’ai deux sièges pour moi, un écran avec une trentaine de films (en espagnol) et 6 à observer les montagnes mexicaines. J’ai même le wifi ! Les bus mexicains, pour le moment, ne déçoivent pas !
Contrairement au métro de Guadalajara, moderne et propre, celui de Mexico a bien (ou mal) vieilli. Le trajet coute seulement 5 pesos (0.20€). Il reste efficace et j’arrive en 20 minutes Plaza Zocalo, en plein centre. Mon auberge se situe à deux pas. Elle est superbe et moderne, dans un bâtiment ancien de l’avenue Uruguay. Mon lit est une sorte de petite capsule dans un dortoir de six. Je serai pourtant seul pendant les quatre nuits. Un luxe à 12€ la nuit ! Et un effort apprécié du staff pour maintenir une bonne distanciation sociale.
Pour les trois jours à Mexico, je profite du beau temps pour redécouvrir la ville depuis mon passage familial il y a deux ans. La place d’armes, la cathédrale, ce style à la fois colonial, indigène, aux influences clairement européennes. Un free walking tour me permet d’en apprendre davantage sur l’Histoire du centre historique, déjà place fortes indigènes avant l’époque coloniale. J’en profite pour arpenter les rues adjacentes, pleines de petits commerces et street food.
Lundi 8 mars, c’est la journée internationale de la femme. Le centre se barricade. On me conseille de rester à l’hôtel ou de sortir du centre. Il faut dire que le Mexique est un pays à la réputation machiste affirmée jusqu’à son président AMLO. Selon El Pais, 11 femmes meurent chaque jour au Mexique de germinicide. Ces cas, ajoutés aux viols et agressions sexuelles, se terminent dans 99% des cas, toujours selon El Pais, pas des non-lieux. Les tensions entre les femmes et le gouvernement semblent s’être accentuées ces derniers temps et une force policière importante est déployé.
De mon coté, j’évite le tumulte et pars vers le sud dans la banlieue de Coyoacan. C’est un quartier coloré, vivant et plutôt chic dans sa fréquentation. C’est là que se trouve le musée Frida Kalo. Je recherche en vain le restaurant visité il y a deux ans. Je me pose finalement dans le parc adjacent pour lire.
A mon retour, en fin d’après-midi, le centre s’est transformé. Les magasins ont baissé leur rideau, plusieurs d’entre eux ont été vandalisés, les vitres explosées, des graffitis féministes s’étalent sur les routes, les devantures, le matériel urbain. De ce que je comprends, des groupes anarcho-féministes ont gangrené les manifestations. La connerie n’a pas de sexe.
Je repasse par Zocalo, pour rejoindre mon auberge. Des gaz lacrymogènes sont lancés. Pourtant, des groupes plus pacifiques continuent leur combat au centre de la place. Comme souvent, et quelle que soit la cause, une minorité violente décrédibilisera le mouvement en attirant les regards des journaux et de la foule. Une idiotie paradoxale.
Je ne reste pas longtemps sur la place. Je décide de partir, alors que certains hommes présents (photographes ?) se font prendre à partie. L’atmosphère est tendue ; je retourne prendre une bière sur la terrasse de l’auberge.
Le lendemain, le calme est revenu. Les dégâts, eux, sont importants et une foule d’hommes et de femmes s’activent pour nettoyer. Comme prévu, les journaux titrent sur les violences. Le sujet principal est relégué au second plan.
Pour sortir du centre, je pars vers l’Ouest et le quartier de Chapultepec. C’est un quartier huppé, avec beaucoup de musées (fermés). C’est surtout un grand parc que je prends plaisir à arpenter.
Pour mon dernier jour, j’ai essayé d’arranger un trek sympa. Mexico est bâtie sur un lac, au centre d’une cuvette à 2000m d’altitude. Autour s’élèvent divers volcans. Je décide, après moultes pérégrinations, de monter au Pico Del Aguilla, le pic de l’aigle. C’est Emiliano qui sera mon guide. Apres une heure de trajet, nous entrons dans une foret de pin. Un vrai plaisir olfactif ! Le plus dur reste à venir. Nous grimpons sur 4km une pente à 25% de moyenne. La pinède s’éclaircit et nous atteignons tout d’abord le Pico Del Aguilla (3880m) puis le sommet principal à 3939m. Presque 4000m. Le souffle est bon, les jambes aussi, mais j’ai pris mon temps. Pole pole ! Pique-nique au sommet d’ou nous embrassons du regard l’immensité de la ville. Au loin, le Nevado de Toluca, l’Iztaccihatl, la belle endormie, et le Popocatepetl, parmi les sommets les plus élevés du pays. La descente est plutôt ardue, sur une telle pente. Mais nous sommes récompensés par une bonne bière à l’arrivée. On en profite pour discuter, avec Emiliano. Il est biologiste de formation et a participé à plusieurs excursions d’observation des baleines dans la mer de Cortez. Je partage mon expérience de Loreto. On parle également foot, avant qu’il me fasse une visite privée de l’université et des œuvres d’art couvrant les façades, plutôt vieillies. Un peu de sport et de culture. De quoi bien finir mon passage dans la capitale mexicaine.
Je pars demain pour Oaxaca de Juarez, dans l’état éponyme. Une journée de bus encore, pour découvrir de nouveau paysages. C’est une région de nature et de gastronomie. De quoi me contenter !
PS : J’ai dû payer mon billet de bus dans une pharmacie… De quoi donner des idées de développement en France ?
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