Samedi 27/03 San Cristobal de las Casas
Samedi 27/03 San Cristobal de las Casas
Trois journées plutôt pleines, trios journées qui me remettent sur les rails après la purge de Puerto Econdido.
Je suis arrivé jeudi matin à San Cristobal de las casas dans l’état du Chiapas, le plus au sud du pays, à la frontière guatémaltèque. Il m’aura fallu 14h de bus de nuit pour y parvenir. J’ai réussi à dormir environ 4h, ce qui est plutôt dans la tranche haute de mes espérances. Mes écouteurs antibruit fonctionnent à merveille et ma playlist de vieilles chansons fait le reste. Vers 11h, j’ai le plaisir d’être accueilli à l’hôtel Casa Margarita. Ma chambre est même déjà prête (j’avais envoyé un message prévenant que je voyageais de nuit.) et je m’effondre pour une sieste bien méritée ! La chambre est au calme à l’arrière d’une belle posada qui s’articule autour de deux superbes patios de style colonial. Elle est chaleureuse sous un toit aux poutres apparentes. Je n’avais réservé que la première nuit, attendant de décider entre rester et prendre un dortoir. Une rapide négociation me permet d’avoir les trois nuits ici à 1500 pesos, soit 20€ la nuit. A ce prix là et dans un si bel endroit, je dis banco ! En comparaison, un lit en dortoir coute 150 à 300 pesos (6-12€).
Une fois requinqué, je pars découvrir la ville. Ca ressemble à une petit Oaxaca, ce qu’il ne faut surtout pas dire aux locaux. La place principale accueille la cathédrale de style colonial et lance en croix de longues rues aux maisons basses et colorées. Sur deux avenues piétonnes s’articulent les bars, restaurants et agences de tourisme. Il suffit de s’éloigner d’un ou deux bloques pour profiter un peu plus du visage éclectique de la ville. C’est cette facette de la ville que fait découvrir le free walking tour du soir. Le coté artistique, indé, se retrouve ici comme à Oaxaca avec ses cafés, ses galeries… Je prends note des bonnes adresses.
Tout d’abord, il y a Kinoki. C’est un melting-pot d’art, de cinéma à littérature. Le café a un petit cinéma défraichi à l’étage. Pour 50 pesos (2€), je regarde la sélection de la semaine. Le semeur, un film français tourné dans… les Pyrénées ! Au-delà du film, se faire un ciné m’avait manqué. J’y prends un vrai plaisir. Je finis cette soirée à quelques mètres de là dans une taqueria … vegan ! Ca serait presque un oxymore au Mexique. Une petite soupe de tomate et soja, une sélection de tacos sans viande, un burrito de légumes et les meilleures frites du Mexique !
La découverte culinaire de la ville s’étendra sur les trois jours. Je teste d’abord un restaurant « chic », le tierra y cielo. Que des plats originaux et locaux dans ma sélection :
- Soupe de chipilin : une sorte d’épinard dans un bouillon infusé de cette même plante. Leger et sympa
- Chamorro en Ninguijuti, un plat absolument imprononçable fait d’un excellent pavé de viande émincée dans une sauce tomate épicée.
- Sorbet chocolat superbement présenté
- Vin mexicain plutôt bon
Le service est agréable, tout comme le lieu, dans le patio d’une maison calme. Ce sera 700 pesos (30€), le haut de gamme local mais un très bon plat !
Dernière étape gastronomique, je pars vers l’atelier de Juan Jose. Sa passion, c’est le café et le chocolat. Et il s’est installé ici il y 4 mois pour partager. Pour 200 pesos (8€), il me propose de préparer ma propre barre de chocolat. Etape par étape, de la graine torréfiée à la barre finie, il me fait participer tout en m’expliquant les points importants des températures et des consistances, selon le produit que l’on veut préparer. Pour la barre, il faut faire fondre le mélange cacao, beurre de cacao et sucre jusqu’à le rendre quasi liquide, pour ensuite le mouler. Pour les truffes, il ne faut surtout pas arriver à ce niveau là et garder une partie molle mais malléable. J’ai préparé une barre mangue/piment. Il m’apporte une mangue fraiche que je découpe et ajoute au mélange dans le moule avant de le saupoudrer de piment. Le résultat, après une heure au frigo, est plutôt satisfaisant. Entre ca, les truffes et les copeaux de chocolat au piment effet doux puis piquant, on passe deux heures à mettre la main à la pate, littéralement, avant de discuter, en espagnol, autour d’un thé. Il est aussi très fier que son petit stand puisse offrir le café comme chacun l’aime. Ce sont ses passions et ca se sent !
Avec tout cela, on pourrait dire que mon passage aura déjà été bien rempli ! J’ai pourtant ajouté deux excursions au tableau. Ce vendredi, je pars avec un tour operator pour le canyon de Sumidero. C’est un magnifique canyon profond de prés de 1000m que l’on visite d’abord en bateau, d’en bas, puis depuis les miradors des hautes falaises. Un arrêt au village de Chiapa de Corso, célèbre pour son portique de style mudejar, et le pox, boisson froide à base de maïs, cacao et cardamone. Le tout reste une excursion organisée que a tout de mon triste 3P : payer, photographier, partir. Malheureusement, accéder à ces lieux aurait été compliqué en solo.
Ma deuxième visite culturelle sera plus aventureuse, bien que plus proche. Je veux voir l’église de Chamula. Pour cela, il existe des colectivos qui partent a priori proche du marché. Apres 1h, je suis devenu un spécialiste du marché central de San Cristobal, mais je n’ai toujours pas quitté la ville. Je ne trouve pas ce putain de terminal et aucun bus ne passe. Jusqu’au miracle d’une pancarte annonçant « Chamula » sur un colectivo bloqué dans le bordel du marché. Je saute dedans et monte sur les hauteurs de la ville pour 18 pesos.
Le village en lui-même n’a pas grand charme. L’église parait même plutôt simple et je me demande ce qui en fait tant parler. C’est à l’intérieur que la différence se fait. De la clarté blanche de la façade, on plonge dans une obscurité brumeuse. L’intérieur ressemble à une grange avec son sol certes de marbre mais couvert d’herbes sèches. Des milliers de bougies vacillent dans la fumée d’encens. Les rites mixtes indigeno-chrétiens créent une atmosphère mystique où l’on prie ici les saints mayas. Des rangées de bougies multicolores sont allumées selon un code et un ordre particulier, dépendant de « l’enjeu » de la prière. Difficilement descriptible, l’ambiance est à découvrir. Les photos y sont strictement interdites sous peine de 4000 pesos (160€) d’amende et d’être jeté hors du village. La population, ici, est presque 100% indigène, tout comme une grande partie du Chiapas. Des écarts de richesse importants s’affichent en ville. La mendicité y est plus pressante qu’ailleurs. Elle va des enfants indigènes aux occidentaux paumés. Une réalité qui mériterait un chapitre que j’essaierai de développer avant la fin de mon voyage.
En attendant, je le continue demain avec 5 jours dans la jungle lacandon, avec rafting, kayak et sites mayas. Un programme riche !
Pour lequel je dois être d’attaque demain à 6h !
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