Vendredi 26/02 Loreto
Vendredi 26/02 Loreto
Loreto est un petit village sur la mer de Cortez, à environ 5h de bus au Nord de La Paz. C’est aussi un Pueblo Magico car c’est historiquement la première capitale des Californies US et mexicaine. C’est de là qu’a commencé l’expansion des missionnaires dans la péninsule, puis vers le Nord et l’actuelle Californie. On y retrouve la première mission, une église de type hispanique au centre du village. De là part le Camino Real, le chemin qui mène à toutes les missions des Californies, comme ceux menant à Rome…
Autour de la mission s’articulent quelques rues au charme colonial, puis une expansion moderne à l’intérêt limité, hormis le prix des tacos ! A l’est, le malecon et l’ouverture de la ville vers la mer et ses iles, Coronado, Carmen et Danzante.
Il me faudra 9h finalement pour atteindre Loreto depuis San Jose. Un premier bus serpente dans les canyons de la partie sud de la péninsule jusqu’à La Paz, puis le gros du trajet jusqu’à Loreto pour les cinq dernières heures, traversant des paysages sublimes de désert, canyons ocres, et petites criques cachées. Covid oblige, j’ai deux sièges pour moi seul, grand confort ! D’autant que les bus, de base, sont confortables, avec même un film sur les écrans suspendus. Le trajet total m’aura couté 700 pesos (28€).
Arrivé à Loreto, je dépose mes affaires au joli et très abordable hôtel Agra. J’y retrouve Antonio, qui sera mon guide pour les quatre prochains jours. J’ai décidé de partir faire 4 jours de kayak dans la baie de Loreto, réputée pour sa faune marine. Le tour-operator américain qui emploie Antonio n’a pas de client en ce moment et j’ai donc pu négocier directement avec lui. Un avantage au niveau personnalisation et prix. La météo, capricieuse, déterminera le reste.
Rendez-vous le lendemain. Nous partons à une trentaine de kilomètres au sud vers la plage de Liguï. De là, nous chargeons le kayak double de notre équipement de camping, de vivre pour les quatre jours et de nos affaires personnelles.
Le premier jour nous verra traverser vers la première ile : Danzante. Le vent du nord-ouest crée une bonne houle qui rend notre avancée aventureuse. On s’en prend littéralement plein la gueule pendant deux heures avant d’atteindre enfin les abords de l’ile et ses baies protégées. Bien plus simple à pagayer, la cote ouest de l’ile alterne criques, plages et caps rocheux. Nous montons le camp sur la plage d’Arroyo, dans la partie sud. Deux tentes, deux réchauds pour de bons petits plats préparés par Antonio, …et le plaisir de chier face aux étoiles (excusez la poésie, mais c’est une vraie sensation particulière !)
La nuit tombe vite et nous aussi. Le réveil se fait naturellement aux aurores après une nuit correcte mais froide. Le vent est tombé. Je réveille un petit scorpion au pied de ma tente et pars marcher sur les hauteurs. Nous démontons ensuite le camp et chargeons le kayak pour une seconde traversée. Cette fois, de Danzante à Carmen. La mer, placide, s’est calmée. La navigation en est d’autant plus facile et agréable. La traversée à peine plus courte. Nous approchons l’ile par le sud-ouest après avoir contourné Danzante. Le relief est presque similaire. La géologie est toutefois très différente : Carmen est plus ancienne et reposait avant au fond de la mer. On retrouve au sol des coraux et des coquillages fossilisés, un peu partout.
La plage de Faro, où nous posons notre camp, forme une avancée dans la mer. Nous sommes accueillis par une cinquantaine de dauphins de passage qui croisent et sautent à quelques mètres de nous. J’essaierai de les rejoindre à la nage mais sans succès ; ils se détournent d’autant que je les approche. Le repas également approche, et après le ceviche maison préparé par Antonio à midi, on enchaine sur d’excellents tacos de bœuf. La nuit sera calme et belle, alors que les dauphins continuent leur va-et-vient.
Grosse journée pour ce troisième jour. Réveil à 5h (je ne dormais déjà plus) et démontage du camp à la frontale. Objectif lever de soleil de la pointe sud de Carmen. Pagayer à la lueur de la lune, puis aux faibles rougeoiements du ciel est une sensation exceptionnelle de calme et de paix. Le spectacle lui-même en valait les efforts. J’y avais pensé et Antonio l’a proposé. Nous sommes sur la même longueur d’ondes.
Nus reprenons ensuite la direction de Danzante, cette fois par le sud de l’ile. Nous sommes aux frontières du triangle des baleines bleues, une zone protégée où se réunissent chaque année de mi-février à mi-mars une dizaine du plus grand être vivant au monde. Du kayak, nous apercevons au loin leur jet spectaculaire (7 à 12m). Puis nous en entendons une, toute proche, sans pouvoir la localiser… Et à quelques centaines de mètres, nous apercevons enfin le dos et la dorsale de ma première baleine bleue !
Mais d’un kayak, la vue et la portée d’action sont limitées. Antonio a contacté un de ses amis accrédité pour une approche en panga, une petite embarcation de pèche. Il vient nous chercher alors que nous finissons de monter le camp et de bruncher.
Il ne faudra pas plus de vingt minutes pour en repérer une, qui s’approchera d’elle-même en surface à une vingtaine de mètres ! Difficile de décrire le gigantisme de ces êtres. De 20 à 30m, plus de 150 tonnes, qui flottent, là, devant notre petit rafiot. Sublime, exceptionnel ! Quel spectacle de la nature.
Et ca continuera ainsi pendant 4h. Nous observons jusqu’à cinq baleines de prés, certaines se croisant, toutes proches. La technique du capitaine est simple : on repère un jet, il analyse le mouvement de la baleine et se positionne pour être au plus prés mais à distance correcte et sur les cotés ou à l’arrière (la meilleure position pour les photos de queues, impressionnantes), puis on attend entre 5 et 15 minutes que la baleine remonte respirer. Ca fonctionne presque à tous les coups. Notre capitaine est doué ! Et cette observation superbe !
La fatigue, le mal de mer, la quesadilla au fromage, mais surtout une longue journée au soleil ont usé mon corps. Certainement une mauvaise insolation, mais qui me tiendra mal pour encore deux jours. J’aurai survécu à la nourriture mexicaine mais pas à son soleil !
Le dernier jour, après une nuit plus que chaotique, nous retournons doucement à notre point de départ. La mer s’est calmé et offre un miroir d’eau à mon manque d’entrain. L’expérience aura toutefois été sublime pendant quatre jours, hors du monde et si proche de la nature. J’ai adoré !
J’ai réservé deux nuits de plus à Loreto. A la Casa Castaneda. La chambre est sombre mais confortable. Le jardin est calme, agréable et joliment décoré. Les propriétaires me permettent de prendre la chambre plus tôt que prévu. Ca m’arrange bien et j’en profite pour prendre enfin une douche, récupérer un peu de sommeil et porter mes affaires à la laverie.
Aujourd’hui, je récupère enfin. Encore un peu de calme avant de retourner demain vers La Paz, puis de traverser en ferry vers Mazatlán et le Sinaloa. L’aventure continue !
Blue whale encounter in Loreto
Jumping dolfin in Loreto
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