Lundi 15/02 Tortuguero/San Jose
Lundi 15/02 Tortuguero/San Jose
Je suis épuisé, physiquement et moralement. Le retour dans une grande ville, la capitale San José en l’occurrence, m’a foutu un gros coup de pression/décompression. Comme si, après 12jours à fonds (ou du moins fixés sur un objectif), je me demandais ce que je foutais là. Non pas au Costa-Rica, mais à San José, « à la ville ».
Encore une bonne nuit dans un dortoir agréable, juste un peu réveillé par des départs matinaux vers 5h30. Un grand plaisir de partager un café dans le jardin, tranquillement, le bruit de l’océan en fond.
Il va être temps de s’élancer dans un long périple jusqu’à San José. Laurent, un chaudronnier de 46ans, en direction du Pacifique, m’accompagnera un bout de chemin.
Point Hostels.com : Quel plaisir, quelle atmosphère ! Un régal de se lever le matin dans un petit paradis. Il suffit d’être dans le jardin pour observer la nature. Rien à redire. Merci !
Tortuguero reste une communauté qui se tourne vers le tourisme pour survivre. Tout y est donc dédié et chacun peut être guide, vendeur de souvenirs ou hôte, voire les 3. Mais hormis les touristes en excursion journalière, ceux qui restent un peu ont le même attrait pour le calme et la nature.
Pour aller de Tortuguero à San José, il n’y a pas 36 solutions ; ca reste une zone presque coupée du monde. En fait, il n’y en a que 2 : prendre un bateau navette pour 35$ (après 12jours, on aura compris que j’utilise $ et € au même cours de change actuel, même si seul le $ est accepté ici en plus des Colons), ou les transports publics. Dans les 2 cas, il faut quitter Tortuguero en petit bateau à fond plat, les lanchas. Ensuite, la navette privée trace sa route.
J’ai bien évidement pris le chemin des transports publics. Les bateaux quittent Tortuguero pour La Pavona à 5h30, 9h, 11h30 et 15h pour 1600colons + 1000 colons de bagages (grosse escroquerie) soit environ 5€. Je prends celui de 9h qui débarque à La Pavona vers 10h30. Le temps de trajet dépend du tirant d’eau dans les canaux. Je n’étais pas super serein à l’idée de laisser mon sac à dos dans une barque dédiée aux bagages. Mais elle est bâchée et arrivera même avant nous. Le parcours est particulièrement scénique et on se croirait presque à suivre le cours de l’Amazone dans cette eau trouble que mangent les arbres formant un tunnel ouvert. Et sans pluie (sisi !!!), car le bateau est grandement ouvert.
A La Pavona, il n’y a rien d’autre que des bateaux accostant à même la terre, un petit bar, des toilettes à 1$ et une foultitude de navettes marqués « Turismo ». Au milieu, un vieux bus vert part presque aussitôt pour Cariari, la 2nde destination avant San Jose. Il coute 1100 colons (2,2€) et dure 1h.
Une fois à Cariari, le chauffeur me descend un peu à l’arrache (tellement que j’ai oublié de dire au revoir à Laurent qui continue vers Cahuita avant le Pacifique), car le bus pour San Jose est à 300m alors que lui part vers l’autre terminal de la ville, dans une autre direction. Je saute juste à temps dans le bus de 11h30. Sinon, il m’aurait fallu attendre 13h30 ou faire un tour par Guapiles.
Il passe entre des bananeraies, puis les montagnes où je retrouve la pluie, et enfin redescend vers San Jose. Le soleil est à nouveau là lorsque j’arrive au terminal Caribeños.
La ville est quadrillée en avenues et rues, numérotées en fonction de 2 routes principales qui forment l’axe. Avenues impaires au nord, pair vers le sud. Pour les rues, paires vers l’ouest, impaires vers l’est. Plus on s’éloigne de l’axe, plus le chiffre augmente. Et, Magie ! Il y a des plaques de rues !!! La première fois depuis le début du voyage. Difficile de faire plus facile !
L’auberge est très jolie à l’intérieur et bien placée prés des musées et des zones à voir. Ils ont par contre un gros problème d’organisation. Ils m’attendaient hier, et ont surtout oublié ma réservation du 18… Comble, ils sont complets ce jour là, alors que j’ai le dortoir pour moi-seul ce soir. Bref, à ce point-là, il faudra que je trouve une autre auberge à San José, ou alors, je prolongerai d’une nuit à la Fortuna, ma prochaine destination.
Petite digression ; ce n’est pas désagréable du tout d’avoir cette liberté de modifier les itinéraires à l’envie. Chose que je fais rarement, en réservant toujours à l’avance. Il va falloir que ca change en mettant un peu de piment !
Ceci étant dit, la ville a de très jolis monuments comme le musée national (fermé le lundi évidement…), une école pour fille et d’autres monuments officiels. Je fais le tour du centre-ville en 3h, en passant également par le zoo. Une erreur ! Un drame ! Après 8 jours à trainer dans les zones sauvages (plus ou moins) de l’Amérique Centrale, voir des toucans et des singes en cage me déprime. Même eux ne semblent pas peter la forme… Même le jaguar, que je suis pourtant content de voir pour la première fois, semble s’empâter à tourner en rond dans ses 30m². Et comble de l’idiotie, un lion ! Oui, un lion dans un zoo d’Amérique centrale… Certes, c’est beau, majestueux et il est à moins de 5m, mais Merde ! NON ! Pas comme ca, pas dans ces conditions ! Pas après avoir passé des heures à chercher un grillon dans la jungle ! Je ressors atterré…
Je me balade un peu en ville où le monde, le bruit et les vendeurs ambulants m’agressent. C’est pourtant loin d’être Paris à l’heure de pointe…
Je me pose un peu dans un parc un peu plus calme en regardant des artistes de rue jonglant sur la musique de gouttière, littéralement. Le musicien s’est construit un instrument à percussion avec des gouttières coudées. Il tape à l’embout avec des tongs et le son diffère selon la largeur du tuyau. Belle ingéniosité musicale !
Je ne sais pas si c’est la fatigue ou le contre coup, mais j’ai à ce moment là une grosse faiblesse physique. Je commence à connaitre le bout de gras qui me sert de corps et je file acheter une bouteille de Fanta pour le sucre. Elle restera certainement la bouteille la plus chère de mon Histoire ! En effet, je m’aperçois après-coup que j’ai fait tomber une liasse de 50000 colons en cherchant la monnaie d’une bouteille à 800colons. De 1,6€ à 90€, je risque d’avoir du mal à m’assoir pendant quelques jours… Je reste philosophe en me répétant que dans la vie, il y a 2 façons de voir un problème : soit tu peux faire quelque chose et le problème est résolu ; soit tu ne peux rien y faire, et il n’y a plus lieu de s’en inquiéter. En positivant, j’aurai fait un heureux aujourd’hui (mais si quelqu’un a de la vaseline, ca pourrait aider…)
J’ai déjà explosé le budget de prés de 300€… Il faut dire que je ne m’attendais pas à un coût de la vie aussi élevé. Surtout au Costa-Rica où la nourriture est plus chère qu’au Luxembourg (comparaison avec une boite de thon, 500g de pates et sauce tomate, pain de mie, fromage). Le fait de m’être pas mal lâché à Bocas pour supporter la pluie n’a pas aidé non plus. Et mon don involontaire de ce soir n’arrange rien. Ca c’est pour la partie tune, flouze, pognon, « mille mille mille ». Car il faut bien en tenir compte. Mais comme nous discutions avec Laurent, on ne va pas tous les jours au Costa-Rica ou au Panama. Et s’il faut mettre une rallonge pour se forger des souvenirs exceptionnels, alors c’est dans le bon sens.
Un autre proverbe (je suis philosophe ce soir) dit que dans 10ans, tu auras plus de regrets de ce que tu n’as pas fait, que de remords de ce que tu as entrepris. Alors, partons !
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