Mardi 9/2 Boquete

Mardi 9/2 Boquete

THIS MOMENT, WE OWN IT !!!!!!!!!!!!!!!!

Plus qu’un challenge, une victoire ! Les poings serrés en passant la grille du sommet. Le froid perçant, la bruine glacée et les jambes en transe, mais une explosion de joie. Les derniers virages, c’est Luz-Ardiden, c’est les pavés du Nord. La grande étape, 6h de montagne, 2000m de dénivelé sur 13,5km.

Notre voiture-balai, notre guide, c’est un ancien ranger, membre des équipes d’intervention dans les Rocheuses. Il profite des premières hauteurs pour nous apprendre les règles de survie des « 3 » :
-3minutes sans air
-3heures sans abri
-3jours sans eau
-3semaines sans nourriture
-3mois sans compagnie
Les règles des priorités pour survivre.

Les premières pentes écrèment déjà 2 concurrents et notre peloton de 7. L’un ne s’en remettra pas et abandonnera dés les 5eme kilomètre. Après un départ à 23h49, c’est à la lumière des lampes frontales et sous un ciel magnifiquement étoilé que nous montons avec des horizons de 3 mètres. On avance ensemble, on ne pense plus, sauf pour attendre un attardé. Je suis en jambe, pas une faiblesse, pas une fringale, même à 3h du matin. Je monte façon Armstrong  à l’Alpes d’Huez. La préparation paye, l’organisation de mes ravitaillements à base d’eau, de barres céréales et de coup de fouet au gatorade me tient.

Les 2 derniers kilomètres. Chacun a trouvé son pas, certains ne suivent plus. Ce n’est plus que Pantani, Ulrich et Beloki dans les derniers virages. J’ai les jambes, je déroule sans sourciller, à la Schleck. Et enfin, le sommet, les 3475m atteints à 6h03 soit, 6h14. Paola, une colombienne excentrique et Rafael (Rafi), son partenaire de voyage panaméen me suive 3-4minutes plus tard. On se congratule et se félicite. On l’a fait ! Ce moment, c’est le notre !

Nous ne sommes pourtant pas récompensés au somment. Une bruine gelée nous gâche la vue et nous congèle. On a perdu un peu plus de 20°C depuis le départ. Alors que le vue du somment devait être « un spectacle unique embrassant d’un regard l’Atlantique et le Pacifique », on est plus proche du « Alors, là, à 50m, vous pouvez voir une vache, ou un arbre ; je suis pas sûr d’ici ». Mais je crois que dans le groupe, tout le monde s’en fout. On a atteint le sommet. Même la petite américaine qui arrive plus de 30minutes plus tard.

Session repos au somment malgré le froid. C’est un centre de radio diffusion avec une dizaine d’antennes, mais à 6h, ce sont surtout les tentes qui font nombre. 2 petits abris sans effet contre la pluie et le vent.

7h40. La 2eme étape nous attend. 13,5 km toujours, 2000m négatifs. Facile ? Pas sur un chemin de sable volcanique et de cailloux traitres. Je ne sens toujours aucune fatigue, les jambes écrasent le Barú. Paola et Rafi suivent mon rythme à un peu de distance, mais nous nous rejoignons pour les pauses. Nous lâchons les autres dés le 3eme kilomètre de descente. Le terrain est technique avec 2 chutes pour Rafi et moi et 1 pour Paola. C’est surtout impressionnant d’enfin mettre un « visage » sur le chemin gravi cette nuit. En dessous de 2500m, le soleil nous accompagne malgré cette bruine incessante.

Enfin le dernier kilomètre, Paola et Rafi sont épuisés, mon genou gauche me lâche à chaque rocher, mais le garde du parc nous attend pour noter notre heure d’arrivée : 11h26. La descente en 3h46. 20 minutes plus tard, Jonathan, notre Ranger, ramène les 3derniers rescapés sur la ligne.

10h de marche, 27km, 2000m positifs puis 2000m négatifs, la pluie, le froid, le soleil, et le nuit. Tout y est passé. Mais mon premier 3500m, je l’aurais décapité !

30h sans sommeil à ce moment-là (36h quand j’écris ces lignes), je suis étrangement bien. Fatigué par l’effort mais pas par la nuit blanche. Alors que nous faisons la sieste dans l’herbe en attendant le minibus, je renseigne (et j’effraie) un couple de français sur le Barú trail, pendant que Jonathan nous montre des techniques pour faire du feu ?

De retour, je dois changer d’auberge, ayant prolongé d’une nuit à Boquete et la mienne étant déjà complète. J’ai 2h de retard pour le check-out, mais la femme de l’auberge ne fait aucun souci et propose même de me laisser la salle de bain avant de partir (je ne devais pas être beau à voir après cette rando). J’en profite pour rediscuter avec les 3 canadiens qui font le Barú ce soir, et avec le gentil couple de québécois.

La fatigue et la bruine n’aide pas à me mettre de bonne humeur. Le dortoir de 12 lits dans la nouvelle auberge non plus.

Point Hostels.com : Si ma première impression était négative après m’être vu reprocher mon arrivée tardive, tout est rentré dans l’ordre et cette petite auberge peu être un vrai nid à rencontre entre voyageurs de tous âges avec sa taille réduite. Jolie, avec un jardin et une terrasse agréables. Un petit hic : la propreté. Un gros plus : l’accessibilité du staff (surtout en espagnol). C’est quand même la première fois que je reviens vérifier qu’ils n’ont pas un lit de libre.

La nouvelle auberge est plus grande, mieux organisée. Elle m’aurait peut être plu, mais je n’ai qu’une nuit à faire avec le départ demain pour Bocas del Toro à 8h. Et avec le maillot jaune sur les épaules, je ne vais pas faire long feu ce soir.

Le chat de la maison a déjà compris en se couchant au pied de mon lit.

L’auberge fait des Tacos maison pour 2$. Youhou ! Ca me fait mon repas que je partage avec un couple de jeunes gallois en road trip de 5semaines en Amérique centrale. On échange quelques conseils super pratiques pour mes prochains jours. Manquerait plus que je passe une soirée sans socialiser ! Sur ce, je vais mourir !

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