Jeudi 26/09 Kyoto

Jeudi 26/09 Kyoto

Nuit agitée. Mon genou n’a pas apprécié la longue balade d’hier. Il va pourtant devoir vite s’y faire… Mais au moins, les réveils se font à une heure décente. Petit déjeuner toujours agréable.

Ce matin je pars vers Arashiyama. Il y a bien évidemment un temple (encore !), mais il y a aussi une foret de bambou, une montagne à singes et surtout un petit salon faisant une cérémonie du thé. C’est Matsuni de l’auberge qui me l’a conseillée.

Je n’ai pas pu réserver mais quand j’y arrive à 10h, la maitresse de maison n’attend personne. J’aurai droit à une cérémonie privée (ce qui m’aurait couté le triple dans le quartier touristique de Gion).

Au-delà de la simple dégustation de thé, la cérémonie est un ensemble de codes et d’usages qui doivent apporter le bien-être à ceux qui la pratique. Elle fut codifiée au 17eme siècle par Rykyu dans « la voie du thé ». Elle doit faire prévaloir quatre principes fondamentaux : wa (Harmonie), Kai (Respect), Sei (Pureté) et Jaku (Tranquillité). La salle de cérémonie se compose d’une décoration sobre de seulement une calligraphie qui s’adapte à l’invité (pour moi, ce sera « l’expérience d’une vie »), et d’une touche florale qui doit etre la plus modeste possible. Il y a en plus le brasero et les divers ustensiles

Voici les étapes :

  • On purifie la spatule et la louche avec un chiffon particulier
  • Avec la louche, on verse de l’eau dans le bol, le rince et jette l’eau
  • Avec la spatule, on verse deux doses de thé matcha dans le bol
  • Avec la louche, on verse une demi-dose d’eau dans le bol
  • On mélange avec un ustensile en bambou jusqu’à l’apparition d’une mousse
  • On rince l’ustensile
  • On présente la décoration du bol vers soi (chaque bol est sensé être unique et avoir un sens particulier)
  • On le saisit de la main droite et le pose sur sa main gauche
  • On tourne le bol d’un quart de tour dans le sens des aiguilles pour éviter de poser les lèvres sur la décoration
  • On boit le thé en cinq gorgées en faisant un bruit d’aspiration lors de la dernière (dans le calme d’une maison de thé, c’est signe de contentement)
  • On essuie la zone des lèvres sur le bol avec deux doigts
  • On tourne le bol d’un quart de tour de plus pour présenter la décoration à son hôte en signe de remerciement

La maitresse de maison a une voix douce et calme. J’en sors complètement détendu. Du coup, je conseille fortement la maison de thé Wagomi à Arashiyama.

Les petits gâteaux servis avec le thé doivent toujours être mangés avant de boire. Ils doivent aussi être en lien avec la saison. Je repars avec une petite grenouille en céramique en cadeau, signe de prospérité. Une belle découverte.

Je continue vers le temple Tenryuji, sans grand intérêt après ceux d’hier. La bambouseraie agrémente la marche mais pas non plus de quoi s’extasier. Je finis par traverser la rivière pour grimper au sommet d’une petite colline. De là s’étend une vue sur toute la ville. Content du petit effort qui est d’autant plus récompensé que je suis accueilli par des singes des neiges, typiques du japon avec leur tète rouge.

Depuis lors, je suis assis au bord de l’eau à écrire et contempler la vue. Je crois que j’avais besoin de prendre le temps, ce que je ne sais pas trop faire en voyage…

Apres un long moment de repos bien apprécié, je reprends le train pour aller cette fois à l’opposé de la ville, à Inari. C’est un des lieux les plus visités et photographiés de la ville. C’est là qu’on retrouve ces fameux « portiques » rouges alignés par centaines et formant des tunnels. Ca serait particulièrement avec des effets de perspective intéressant, si ce n’était pas complètement asphyxié de touristes. Heureusement, ce dernier étant une grosse feignasse, il ne va que rarement au-delà du convenu. Une chance pour moi car en continuant un peu plus haut je tombe sur un chemin montant au sommet du mont Inari. Un vieux japonais m’explique que je peux même faire une boucle qui m’évite de repasser par la même entrée bondée. Je signe et en avant pour 40minutes de grimpette dans la foret. Je sue quand même à grosses gouttes entre ma condition physique médiocre (au mieux) et la chaleur humide. Je mets quand même plusieurs mètres aux deux jeunots en forme. C’est bon pour le moral et la rééducation ! Le sommet n’offre rien de particulièrement réjouissant mais la deuxième partie de la balade s’ouvre sur des tunnels de portiques nettoyés des touristes. C’est un plaisir pour les yeux ! Je redescends par un point de toute la ville, puis par un chemin en solo où plusieurs panneaux mettent en garde contre les sangliers et les singes sauvages. Je m’arme d’un bâton vengeur (une branchette…) et malgré le plaisir de la nature, je suis content de retrouver la civilisation quelques minutes plus tard.

Il est 17h, le soleil se couche en un rouge flamboyant qui donne une douceur nouvelle à la ville et à ses ruelles. Je décide d’en profiter et de remonter vers Gion, le quartier touristique du centre, à pied. Je suis le seul touriste sur cette partie du chemin et cela me plait de parcourir ces petites rues où se croisent des cyclistes de retour du travail, des écoliers, des vieilles qui nettoient leur devanture, des fleuristes, des épiceries ou des restaurants à qui il ne viendrait même pas à l’idée de traduire le menu. J’adore ce paysage de vie quotidienne. Un train passe, les cyclistes s’arrêtent. On dirait un Miyasaki !

Et c’est tout l’opposé de Gion. Autrefois quartier emblématique de maisons de thé et de geishas, ces femmes de compagnie à l’éducation stricte et longue, c’est aujourd’hui un enchainement de restaurants aux prix exorbitants derrière des façades certes traditionnelles mais qui ont perdu depuis longtemps les histoires du quartier.

Passant des boutiques de souvenirs (très jolis, il faut l’avouer. On est loin de la babiole) aux magasins de luxe, je tente de rentrer en métro avant de m’apercevoir que le système n’a pas changé depuis hier… Je rentre donc à pied ! Je traverse le marché Nishiki qui vaut certainement le detour pour un thé ou juste ses arcades.

Le retour est toujours aussi long sus ces grandes avenues. Les transports sont bien le point « galère » de Kyoto.

Tout prés de l’auberge, je teste sur les conseils de Tommy un petit resto à Okonomiyaki. Ce sont des sortes d’omelettes épaisses garnies de légumes. Ca sert de base (comme une pizza) au bacon, oignons frits et pignons. C’est ensuite recouvert d’une sorte de glaçage « Winchester » avec un filet de crème. Le tout est cuit sur une plaque de cuisson de type teppaniaki. C’est super bon mais j’ai ma dose d’œuf pour le séjour !

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