Samedi 28/09 Kinosaki
Samedi 28/09 Kinosaki
A Kinosaki, que l’on aille prendre un thé, aux bains ou simplement en balade, on le fait en yukata. Le yukata est une sorte de kimono léger aux manches amples. On le ferme d’abord par son pendant droit puis l’on rabat le gauche. Enfin, on fixe l’obi, tissu orné servant de ceinture, au niveau de la taille. Le nœud doit être tourné vers l’arrière. Pour les femmes, la position du nœud doit représenter leur statut marital. On le porte généralement avec des geka, des sandales de bois particulièrement inconfortables. J’ai essayé, j’ai fait demi-tour au bout de cinq minutes…
J’ai eu du mal à m’endormir hier, surement à cause du thé… mais le réveil, bien que matinal, s’est fait au bruit des oiseaux et du ruisseau. On a vu pire. Allez, après une petite marche dans le sublime jardin zen de l’hôtel, c’est l’heure du petit déjeuner.
Il y a encore de quoi manger pour quatre… bébés sardines, poisson grillé, tofu en bouillon, porridge au crabe (plutôt bon), légumes vapeur, soupe miso et bien sur, lait et thé. Hormis l’œuf poché au vinaigre, j’ai gouté à tout. J’aurais du mal à dire que c’était un petit déjeuner « plaisir », mais ca me tiendra bien au corps et avec des produits locaux, sains et traditionnels.
C’est bien beau de manger, mais il va falloir compenser un peu tout ca. Ce matin, direction le mont Taishi, derrière l’auberge. On peut y accéder en téléphérique mais je préfère le chemin qui serpente dans la montagne. Plutôt physique, bien que courte, la montée mène à un point de vue sur toute la vallée, jusqu’à la mer du Japon. Ca vaut l’effort d’autant qu’un petit air au sommet tempère la chaleur moite. Plutôt que de redescendre par le même chemin, le plus court, un autre trace sa route de l’autre coté de la montagne pour redescendre prés de la gare. Le chemin est parsemé d’offrande et d’autels bouddhiques, qui rendent le parcours presque mystique.
Par change, j’atterris devant la gare pile à l’heure pour le train vers mon second objectif de la journée : la mer !
En dix minutes, nous atteignons donc Takeno. La gare est à 20 minutes en ligne droite de la plage. Le village semble désert ; la saison est finie. Ca se démontre encore plus en bord de plage où tout est fermé. Il est pourtant prés de midi.
La plage est réputée pour être l’une des plus belles du Japon. Et en effet, une demi-lune de sable clair borde une eau cristalline. Les monts verts ferment l’écrin jusqu’au fond de la baie. Malgré les nuages, l’effet demeure. Un petit air de Copacabana sans les brésiliens. Sans personnes en fait ! On doit être une dizaine tout au plus. C’est calme. L’air marin me rafraichit après une escapade vers un promontoire en bout de plage. L’eau est encore bonne pour la saison. Calme et sérénité.
Le peu d’animation me fait toutefois rentrer à Kinosaki en milieu d’après-midi. Je pars frotter la crasse de la matinée aux bains Mandarayu. Ce serait là qu’un moine aurait prié pendant 1000jours afin d’apporter cette source au village. Les bains, singuliers de l’extérieur, sont quelconques. On ne passe de toute façon jamais longtemps dedans : une douche, 10-20minutes dans les sources chaudes, une douche et maison !
Je me chauffe pour un footing. Ca sera la meilleure idée du jour ! Je file vers un ilot sur la rivière derrière la gare. Sous le soleil descendant, le paysage est somptueux, sublime, un régal. A ma gauche, les rizières verdies par les eaux ; à ma droite la rivière calme, imperturbable. Et tout autour, ces montagnes de pins et de cèdres. Pas un bruit hormis un train de temps en temps. C’est trop beau, je repars pour un deuxième tour et établis ma nouvelle meilleure distance de puis l’opération. Du coup, le moral est au beau fixe !
Apres l’effort le réconfort. Et un dernier bain : Ichinoyu. Le bassin extérieur, posé dans une cavité de la montagne est plutôt agréable. Je m’y lave et détends, à la chaleur d’une source thermale naturelle. Mon genou n’en apprécie qu’autant.
Tout ca m’a ouvert l’appétit mais j’appréhende un peu de devoir ressortir de ma zone de confort comme hier et ce matin. C’est un autre Kaiseki qui m’attend. Le cérémonial avec mon hôtesse est toujours un peu lourd pour chaque plat.
Coté repas, je suis finalement au paradis ! Le chef m’a fait mentir et a proposé un menu qui me ravira les papilles d’un bout à l’autre. Est-ce l’expérience, le choix des mets ou simplement une meilleure adéquation avec mes gouts (ce dont je doute car c’est encore une bonne partie de fruits de mer) ? En tout cas, les plats s’enchainent sur une succession de saveurs toutes plus originales et exquises. La vue et l’odorat ne seront pas en reste évidemment.
- Apéritif de feuilles de ginkgo yakuzen-shu, une tuerie. Je dois trouver la même chose !
- Hors d’œuvre : saury-fish, cake aux racines de lotus, poisson en toast de légumes, crevette shuto-yaki… Petites bouchées originales. J’adore !
- Soupe de maquereau et autres poissons aburi. Champignons shimeji et yuzu. Toujours aussi bon
- Un mélange de sashimi servi avec une sauce vinaigrée : oursin, crevette, « ivoryshell aburi » et poisson du jour
- Petit steak de bœuf Tajima. Je confirme la tendresse de cette viande et son gout légèrement sucré, un peu noisetté, servi avec des champignons shiitake en sauce moutardée. Je suis tel Julien Lepers après un 4 à la suite : Oh Oui Oui OUIII !
- Flan de crabe et tofu tamaji-mushi qui m’ne ferait aimé le crabe, à la racine de lotus et sauce Ankake
- Abalone et poulpe cuits dans une assiette en terre. Ca donne un gout particulier qui tempere mon appréhension.
- Rondelles de poisson Isuou farcies au champignon Matsutake. Un régal d’accord poisson/légume
- Bol de riz au bœuf mijoté au poivre (J’en veux encore, encooooore), légume et soupe miso.
- Belle salade de fruit, gâteau aux noix et thé vert.
- En digestif, je pars pour un Shochu (prononcé chotchou, sinon la dame, elle comprend pas…) C’est une sorte d’alcool de grain, genre whisky dilué. Je préfère mon vieil Islay.
Un vrai grand plaisir tout au long de ce repas digne d’un étoilé. Toujours par petites touches, le chef présente un tableau raffiné et succulent.
Alors que mon hôtesse prépare mon futon, je vais écrire au salon de l’hôtel. Tout est à discrétion ici : biscuit, gâteau, vin, saké, bière… J’ai assez mangé pour aujourd’hui et je me pose écrire ces notes avec un verre de saké. La vie est belle !
PS : la déférence de mon hôtesse me gène. Je n’aime pas cette soumission. J’ai presque envie de lui dire « Relève-toi, je vais t’aider » mais je sais que ce serait perçu comme un affront. Ici, chacun sa place.
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