Lundi 25/03 Katmandou
Lundi 25/03 Katmandou
A 8h, le soleil est déjà haut dans le ciel. En bas, le Thamel est calme. Il a troqué les bass vrombissantes pour le pépiement des oiseaux. Des terrasses s’élèvent le bruit des cuisines. La ville sortira bien vite de sa torpeur.
Je prends mon petit déjeuner anglais sur le toit-terrasse de l’hôtel. Je fais le plein de soleil, légèrement voilé par la brume matinale et malheureusement la forte pollution. La circulation dans la capitale est à l’image de son urbanisation : dense et anarchique. J’ai pu en avoir un avant-gout hier soir dans le taxi. Au Népal, on roule à gauche, reliquat des Indes britanniques toutes proches. En pratique, on roule là où l’on peut.
Il y a 5h de décalage horaire avec la France. A l’heure du petit déjeuner, mon corps est encore en pleine nuit. Et je le ressens malgré une nuit correcte mais non linéaire. Ici les bouchons d’oreille sont indispensables ! Pas de planning aujourd’hui. Juste me laisser aller et m’adapter.
La ville sent les fleurs, l’encens et la pollution.
Je ne sais pas ce que signifie « Durbar » mais il y en a dans plusieurs villes des environs et c’est classé comme monument historique. Peut-être « place » ou « palais ». En tout cas, ce matin, je me décide pour celui de Patan, un quartier au sud de la ville. Pour s’y rendre, l’hôtel me donne deux solutions : le taxi ou la voiture. Le premier se paye à la distance (au taximètre), le second au trajet et il attend pour le retour. Je suis sûr que c’est faisable à pied mais je me préserve et opte pour le second choix. Ca reste plus cher à 20$US. Une faiblesse que je regrette un peu. Le trajet traverse des zones bien moins touristiques, longeant la rivière bagmati, avec ses immeubles décatis, ses petites échoppes, ses détritus et sa circulation toujours aussi anarchique.
Si ce n’était l’écriture alpha-syllabaire dévanagari (l’alphabet local), je me serais cru dans un faubourg sud-américain. L’espagnol est étrangement plus simple à comprendre.
Le Patan Durbar comporte plusieurs temples et un palais qui héberge plusieurs divinités hindoues et bouddhistes. L’entrée est à 1000roupies (~9€) et je me fais alpaguer par un guide local. Cette pratique est assez énervante dans le Thamel ou ici. Bizarrement, sa tète me revient et après avoir négocié ses services à 500roupies (~4,50€), il m’emmène vers le palais.
La première cours est entouré de boiseries sculptées selon les divinités Au centre se trouve le plateau des sacrifices. Dans l’indouisme le buffle représente l’incarnation du démon. Il doit être sacrifié et son sang offert aux dieux. Le guide me spécifie toutefois que cette pratique qui se reproduit chaque année, rassemble de moins en moins de fideles. La prière, elle, demeure centrale. Une cloche de bronze trône en bonne place dans les temples. 3coups sonnent la prière, 7coups, les sacrifices.
La seconde cours abrite en sont centre une sorte de puits aux parois joliment sculptées de représentations divines. On y vient faire ses ablutions, se purifier avant de prier en face de la statue de la divinité évoquée. Ganesh, Vishnu, Shiva ou un autre du million de dieux hindouistes.
Nous passons ensuite en revue les petits temples sur la place. Chacun dans un style différent, ils sont dédiés chacun à un seul dieu. On y retrouve l’architecture indo-asiatique en pointes et colonnes. Mon guide déplore le manque de respect des touristes qui méconnaissent les usages. Entrer dans certains de ces temples est exclusivement réservé aux hindouistes, qui plus est ne mangeant pas de vache ou de bœuf, même jusqu’à une génération.
La majeure partie de la place a été détruite par le tremblement de terre de 2015. Si elle est en reconstruction, certains éléments datent encore du XIIIème siècle voire du Vème pour le lavoir.
Nous continuons hors de la place vers le temple Doré, bouddhiste celui-là. Le style tranche avec les précédents mais garde en commun le travail de sculpture des décors. On contourne la Stupa, centre sacré, par la gauche en signe de chance.
A la sortie, le guide insiste pour me montrer de petites boutiques d’artisans locaux « vraiment local, mieux qu’au Thamel ». Je l’avais bien anticipé mais je me laisse faire car il en profite pour me donner des explications. Il m’emmène d’abord chez un bijoutier. Il comprend vite que je ne mettrai pas 90$US dans une reproduction de Mandala en pierre semi-précieuses. J’ai toutefois droit à une démonstration de bols chantant. La qualité du son dépend essentiellement des métaux utilisés, le prix également. Pour produire la vibration et ainsi le « chant », on tourne un manche de bois autour des bords. Le manche a un coté femelle, doux au chant tamisé, et une coté mâle, en bois dur, pour un son plus puissant. La taille des bols dépend de leur utilisation. Les bols de plus de 20cm de diamètre servent à guérir, à ouvrir les chakras, Leurs vibrations sont puissantes et se ressentent à plusieurs centimètres de distance. Leur chant, grave et long, sert de mesure au « ohmmmmmmmm » de la méditation. La méditation, justement, se base également sur les petits bols au son plus aigu, plus bref. Rempli d’eau et de pétales de fleurs, il assainit la maison en absorbant les ondes négatives. Une découverte d’une part de la culture locale très intéressante.
Le guide m’emmène ensuite chez un créateur de Mandala. Un mandala est une peinture sacrée bouddhique représentant les 4 piliers (bouddha, le Nirvana/Paradis, l’enfer et un 4 eme que j’ai oublié). Et les 4 protections (la famille, la maison, l’argent et la santé). Je m’étais promis de ne rien acheter mais je craque pour un petit mandala à 12$US, fait main. Je jugerai à la fin du séjour si c’était un attrape-touriste ou si ca valait le cout. Le guide me ramène sur la place après plus d’une heure d’explications. Il a l’honnêteté de m’avouer toucher une commission sur les ventes. Ce n’est pas une surprise mais je ne m’étais pas trompé sur lui et je laisse un mini-pourboire qu’il accepte comme un présent. Il me salue et repart draguer un couple d’italiens.
Il fait désormais une température estivale (27°C) et je profite du retour à l’hôtel pour faire la sieste.
En fin d’après-midi, je pars me poser au Jardin des Rêves de style très anglais. J’y prends un excellent thé de fleurs fraiches le temps de bouquiner. A coté de moi discutent 3 français. Il y en a énormément ici. Certains viennent pour la montagne, mais beaucoup travaillent dans l’humanitaire et l’aide internationale qui représente selon mon guide le 2nd secteur de l’économie népalaise (après le tourisme, il me semble).
Le soir, un orage a éclaté sur la ville, nettoyant les rues et l’atmosphère.
Je me sens désormais plus léger. Je m’adapte bien et le choc culturel reste présent mais limité. Je suis aussi « soulagé » de pas mal de dollars après avoir payé le restant dû du trek. On s’enflamme toujours un peu les premiers jours. J’ai encore de la marge ; il reste 3semaines et demie de voyage !
Je tourne beaucoup au thé depuis mon arrivée. C’est aussi une façon de s’hydrater car l’eau du robinet est impropre à la consommation. Je la fait donc bouillir et/ou j’y ajoute un antibactérien pour la purifier. Je voudrais éviter d’avoir à acheter trop de bouteilles en plastique. Le pays n’a en effet pas de système efficace de traitement des déchets. A voir si ma méthode fonctionne sur mon estomac…
Et en parlant d’estomac, je teste une nouvelle spécialité népalaise : le tentuk. C’est une soupe complète avec des morceaux de chiapati, des légumes et des petits morceaux de buffle, le bœuf local, ce dernier étant sacré. Et c’est plutôt bon et complet. La soupe est bonne, les chiapati, sorte de pates épaisses, me calent. Et pour 2€, c’est pas mal du tout ! Le resto Katmandou Kitchen dans le Thamel était sur ma liste et méritera un autre passage, la carte népali était profonde et les momos moins chers ! Et puis, il y a du cricket à la TV, le sport national. Je n’y comprends rien mais les mecs en rose ont l’air content…
PS : Je viens de m’apercevoir que le décalage horaire est en fait de +4h45 au lieu de 5h. J’ai donc 15minutes d’avance depuis hier. Quoi que n’ayant pas d’horaire…
PS2 : Un singe a escaladé le mur de l’hôtel et s’est baladé entre les balcons. La base quoi ! Je vais quand même refermer mes fenêtres…
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