Samedi 18/06 Sarandë/Berat

Samedi 18/06 Sarandë/Berat

C’est une histoire qui commence sous une pergola de vignes sur la colline de Gorica. Le soleil s’est épuisé par une journée mémorable et laisse place à une douce soirée d’été. La brise se lève et calme les ardeurs de la montagne albanaise. Quelques notes de guitarerésonnent avec douceur, répondant aux oiseaux rieurs que le crépuscule a réveillés. Du haut de son trône rocheux, le château  couve ses maisons ancestrales. Des murs de pierres qui gardent les histoires, des toits de tuiles qui ont essuyé les nuits des temps. La pergola vibre désormais sous les notes voluptueuses de « Tears in Heaven ». Une sensation de plénitude. Je suis bien. Je suis à Berat.

Il m’aura fallu 5h de bus depuis Sarandëpour rejoindre Berat. Tomi m’a accompagné à 8h pour prendre le minibus, gérant avec le chauffeur pour que je ne paye que le prix annoncé (1200leke 9€).

Point Hostel.com : Si l’appartement semble dénudé, Tomi le remplira de sa gentillesse et de son aide. Bien situé, quoi qu’un peu bruyant.

Malgré les routes chaotiques d’Albanie, je me laisse bercer par le voyage. Entre 2 somnolences, j’observe le paysage des larges vallées encadrées de hautes montagnes. Des chèvres, des ânes, des villages plutôt pauvres mais non dénués de charme. Et des dizaines de Lavarko, des « stations de lavage » constituées d’un simple auvent de tôle sous lequel s’activent 2 ou 3 gars pour récurer de fond en comble une des nombreuses Mercedes du pays. Il doit y avoir un lien particulier entre les Albanais et les Merco…

La station de bus de Berat est située à l’opposé de la ville par rapport au centre historique. Mais ça, je ne le découvrirai qu’après m’être perdu une bonne heure dans les quartiers populaires de l’Albanie profonde, par 35degres sous le soleil au zénith, avec toujours ma maison sur le dos. Bref, je suis en nage quand j’arrive dans le quartier de Gorica, face à la colline du château. C’est magnifique, fleuri et calme.

Sans perdre de temps, je pars pour la visite. Plus pour le panorama du sommet et le sport de la montée que pour le château lui-même, des ruines de murailles encerclant une ancienne forteresse chargée de défendre les maisons blanchies de ses flancs. Je discute un peu avec une étudiante albanaise qui vend des fruits le week-end. Entre 2 poires, elle me conseille un panorama sur Gorica, un peu à l’écart. Un vrai bon plan, d’autant que ça me fait rentrer dans le château par l’arrière et m’évite de payer les 100lek d’entrée.

Vers 15h, je reviens aux bases : j’ai faim et il y a du foot à la TV. Du coup je choisis un petit restaurant en conséquence. Je sympathise avec le proprio devant Belgique-Irlande, alors qu’il me propose une assiette-dégustation albanaise. « Un peu, un peu, un peu » qu’il me dit… Je finis donc avec 6 portions de spécialités locales dont chacune aurait suffi pour un repas ! Donc nous avons :

De l’aubergine grillée farcie de petits légumes (super bon !)

Un poivron farci de riz à la tomate, et épices (rien à redire)

Un rond de pomme de terre farci de viande hachée recouvert de sauce tomate gratinée (très original)

Un poulet au riz safrané (basique mais bon)

Une sorte de piperade particulièrement réussie

Et un Byrek, friand fourré à la purée compacte.

« Un peu, un peu, un peu » qu’il disait…

Du peu que nous arrivons à discuter, j’apprends qu’il a passé 8 ans à travailler comme ingenieur-meca chez… Airbus à Toulouse ! Il n’en parle pas plus français pour autant, m’ais m’offre finalement le digestif, en bon toulousain ! Ouf ! C’est pas du digestif de dégustationça ! Un Raki local qui doit bien chiffrer à 60%. Ah ben je vais bien somnoler devant le reste du match moi ! Donc les 3 repas en 1, la sieste, le Fanta, l’eau et le Raki, ça va me faire combien tout ça ? 800lek ! Et en Euro ? 5.8€ !!! J’aime les prix à l’albanaise. Et le raki est offert !

Apres tant d’émotion, je retourne marcher dans la ville, agréable, avant de rentrer me poser à l’auberge, profiter de la soirée.

Soirée qui fut pour le moins surprenante. Repas à l’auberge, que je passe finalement avec Michael, un quinquagénaire de Bavière qui a visité les Balkans durant 3 semaines. Il me donnera de précieux conseils sur Tirana, surtout niveau marche.

Le repas est fait maison avec un énorme cordon bleu (bœuf, fromage, omelette) et une belle salade. Lorenc, notre hôte, fait son propre vin et nous le fait gouter. Quelle surprise ! Un merlot de 2ans très équilibré et qui aurait même un petit potentiel de garde. Moins fruité que ce que l’on attendrait sous ces latitudes, il y gagne en complexité. Une surprise pour un vin fait maison !

Lorenc nous fait ensuite écouter ses talents vocaux après la découverte à la guitare. Autant de potentiel et de plaisir que pour le vin. Puis s’en suivent pour notre trio des discussions plus sérieuses sur l’Europe, la corruption en Albanie et les projets du pays. Lorenc finit par nous offrir un 3eme verre de vin et, comme de coutume aujourd’hui, le Raki.

Je sais désormais comment boire le raki pour qu’il n’agresse pas : une gorgée d’eau, une gorgée de Raki. Le gout change du tout au tout.

Je vais paraitre radin (« mille, mille, mille ») mais pour le souvenir, je mets le prix : vin maison au verre 0.7€, repas 4.5€, Raki 0.45€, bière 33cl 0.9€. Albanien style !!!

Dernière discussion avec Lorenc sur mon job. Comme en Grèce, les gens sont souvent perplexes d’avoir un banquier de l’Union Européenne en face d’eux et qui ne soit pas un gros connard prétentieux et méprisant (quoi que…). Du coup, j’explique que la BEI est une banque à but non-lucrative qui finance des projets de développement européens. Voilà, c’est dit ! Je suis un mécène, applaudissez-moi !

Oui, oui, je vais dormir…

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