Mercredi 20/08 Prague
Mercredi 20/08 Prague
Une première demi-journée pragoise comme je les aime, malgré une nuit un peu agitée.
N’ayant pas potassé avant le départ, je ne suis pas très au fait de l’Histoire de la ville ; je décide donc de participer à la visite à pied et gratuite que j’ai trouvée à l’auberge. Par gratuit, on entend que le guide est payé au pourboire selon sa performance. Ca le garde motivé. Un peu sceptique au début, j’avoue que le circuit organisé par Good Prag Tour, et surtout les connaissances du guide, valent le coût. La visite se borne à la nouvelle et à la vieille ville sans aller au château, mais permet de se faire une bonne idée de l’Histoire et du patrimoine de la ville. D’autant que le soleil est parmi nous.
L’histoire commence avec le peuple Boe, nom qui donna Bohe, Bohème, Bohémiens, peuple local. La légende veut que ce peuple eut un jour à choisir entre les 3 filles du roi qui n’avait pas de garçon. Ludice, la plus jolie, fut choisie comme reine. Elle avait le don de voyance et déclara un jour qu’une ville devait être fondée au-delà de « la petite fenêtre », ou, en ancien tchèque, la Praha, Prague !
Il faut ensuite avancer jusqu’au 14eme siècle et le règne de Charles IV pour voir la ville prendre son essor. Le roi est aujourd’hui jugé le personnage principal de la ville, dont le pont ou l’université portent le nom. Il battit notamment une partie de la ville et instaura une certaine paix politique et religieuse.
Les histoires de fenêtres ne s’arrêtent pas au nom de la ville. A l’époque des guerres catholico-protestantes, il était coutume de défenestrer les conseillers de l’empire des Habsbourg qui souhaitait imposer le catholicisme.
C’est également ici que Mozart donna sa première de Don Giovanni, jugé impropre à Vienne car ayant « trop de notes ». L’opéra se termina par une standing ovation de 30 minutes et Mozart déclara : « les pragois me comprennent ».
S’ensuivent ensuite la fin des Habsbourgs dans le Saint Empire Romain, puis la domination prussienne jusqu’à la 1ere guerre mondiale et la seconde. Pour un Tcheque, la 2nde WW ne débute pas en 1939, mais au congrès de Munich en 1938 où les puissances de l’Ouest abandonnent les Sudètes, partie septentrionale du pays, à Hitler. Celui-ci voulait que Prague devienne sa villégiature de retraite. Cela explique pourquoi la ville n’a pas été détruite à la fin de la guerre. Plus macabre, le quartier juif, ancien ghetto hérité du 15eme siècle et l’exode des juifs espagnols, n’a pas été touché car Hitler souhaitait en faire « un musée en plein air d’une race éteinte ». Himmler, de son coté, souhaita se confronter au Golem, entité protectrice des juifs qui devint fou en travaillant le jour du Shabbat, dont les restes mythiques seraient enterrés dans une crypte scellée dans la plus vieille synagogue encore en activité après celle de Jérusalem, Altnaï. La légende dit que les 2 agents SS ne revinrent jamais de leur expédition.
De 1945 à 1948, les Soviets prennent une part de plus en plus grande dans la vie politique et économique du pays. Le 21 aout 68, après le Printemps de Prague, les chars russes défilent dans la ville en signe d’autorité. EN 1969, 2 étudiants descendent les 600m de la place Venceslas après s’être immolé par le feu en protestation de la passivité du peuple tchèque. Il faudra attendre 1989 et la chute du bloc soviétique pour entre-apercevoir un renouveau avec le premier président post-URSS : Vaclav Havel. En 1993, la République Tchèque et la Slovaquie se séparent d’un commun accord, comme ils s’étaient liés des décennies auparavant.
Suite à cette visite constructive de prés de 3h, le groupe se sépare, non sans un petit pincement pour moi.
Il est l’heure de manger et le resto conseillé par le guide pue l’attrape-touristes à 20 bornes… Un conseil : quand la carte est en anglais ou en euro, fuyez. Quand, en plus, les prix sont différents entre les versions tchèque et anglaise, partez en cassant une fenêtre !
Blague à part, je suis heureux d’avoir enfin trouvé une adresse à conseiller, à l’écart du flot touristique, à des prix exceptionnels et à la nourriture locale et plus que convenable. Je commande la traditionnelle hovězí guláš, viande de bœuf mijotée en sauce, et des domácí bramborový knedlík, des pommes de terre fumées tranchée. C’est typique, plutôt bon, et ca tient bien à l’estomac ! J’accompagne le tout d’une pivo (bière) Cerne en pinte. Le plat à 86KRN (3€) et la bière à 28KRN (1€). Environ 3 fois moins cher que dans les coins touristiques ! Le resto ? Restaurace Haštalský dědek, légèrement à l’écart du quartier juif vers l’Est, dans une petite rue. Bon appétit !
Je profite de l’endroit pour finir ces lignes avant de repartir me balader dans la ville.
Se balader dans Prague, même sans but, est toujours un plaisir. C’est aussi la ville de la Musique que l’on trouve dans la rue en rock, pop, classique… Après un temps de comparaison, je trouve un concert classique qui m’a l’air sympa. Dans un vieux hall d’un monastère non accessible au public, j’écoute un quatuor à corde et une soprano jouant les plus grands airs de classique : Vivaldi, Händel, Pachelbel, Bach, Verdi, Mascagni, Bizet, Brahms, et bien sûr Mozart et Dvorak. Malgré quelques fausses notes sonores du 2nd violon, l’ensemble est agréable et la montée de la soprano en français sur Carmen me donne des frissons. Avec la réduc’ étudiante, je m’en tire à 400KRN (20€).
A l’auberge, j’ai fait la connaissance d’un italien un peu fantasque dont ses niveaux d’anglais et d’alcool empêchent une grande communication.
Un dernier tour de nuit dans la ville. Il faut avouer que je cherchais un petit bar sympa, que je l’ai trouvé, que j’ai voulu mieux, et que je ne l’ai plus retrouvé… Les rues de Prague mettent mon sens de l’orientation à rude épreuve, d’autant que je m’éloigne des coins touristiques.
Demain, le château à voir, quelques courses et train pour Zurich en fin d’après-midi.
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