Samedi 15/07 Bratislava

Samedi 15/07 Bratislava

Il y a peu de choses qui voyagent aussi bien que Mcdo hormis le thé et le vin ! Ca tombe bien, j’ai les 2 dans le sang.

Et le vin complique ma tache de retranscrire des notes qui s’annoncent grandement historiques.

La nuit fut bonne et plutôt fainéante. Je n’émerge que vers 9h pour un petit déjeuner sans intérêt à l’auberge. Le programme de la journée s’annonce chargé et lent à la fois.

Ce matin, et après une courte hésitation, ce sera le château de la ville et son musée d’Histoire. Le château de Bratislava est un bâtiment essentiellement du 18eme siècle, pour son bastion central, tout habillé de blanc. Le reste se limite au fort et remparts. Les jardins, calmes, valent la visite et le repos. Puis s’enchainent les salles du musée d’Histoire autour d’un escalier immaculé, que scindent des raies d’or sublimes. Quelques artefacts classiques, une expo temporaire de verres (vides…) sans intérêt et une salle d’objets préhistoriques plutôt fade. Ca me permet toutefois d’en connaitre un peu plus sur l’Histoire du pays et de la ville…

Les premiers arrivants datent de l’âge de pierre. L’Histoire commence toutefois avec l’installation des romains à Gerulata, avant d’être envahis par les Germains en 360. Suivent ensuite les Slaves en 900 entre la Bavière et les magyars (hongrois). Le pays passe du 13eme eu 19eme siècle sous domination hongroise, puis austro-hongroise. Elle acquière par la même l’autorisation de se fortifier contre les Turcs après 1500. Elle prend le nom de PressBurg. En 1848, la révolution met fin au servage et crée le 1er conseil de la Nation Slovaque, qui instaure la monarchie en 1849. La Tchécoslovaquie est créée en 1916 au congrès de paris qui devint effectif en 1918 avec la chute de l’empire austro-hongrois. 1939, la République Tchèque fait partie du 3eme Reich, la Slovaquie est déclarée Etat Slovaque et Protectorat de Bohème Moravie. Suite à la libération en 1945, une décision purement politique (dixit mon guide) entérine la scission. Apres le coup d’Etat du parti communiste  en 1948, le pays deviendra de 1960 à 1992 la République Socialiste de Tchécoslovaquie, avant de devenir la République slovaque en 1993. Adhérant à l’Union Européenne en 2004, elle prend l’Euro en 2009.

Le musée se conclut par une expo sur la torture. Par exemple, vous méritiez le pilori à Bratislava pour mensonge, déshonneur et surtout, SURTOUT, pour avoir mélangé de l’eau au vin !!! Ca aurait été bien pire si j’avais été juge à cette poque là…

Je prends part ensuite à la visite guidée de la ville. Nous ne sommes que 5 et j’en retiens quelques anecdotes :

  • La capitulation de la bataille d’Austerlitz a été signée à l’Hôtel de Ville de Bratislava et entérine la fin de l’accès à la mer pour l’Empire. Un affront que ressentent toujours les slovaques envers Napoléon.
  • La légende veut que la statue du chevalier Roland, combattant contre les turcs, sur la place principale, se retournera le jour d’une attaque des ottomans sur le pays ! L’histoire ne dit pas si les kebabs sont inclus dans cette invasion…
  • Juste à coté, montrant son postérieur à l’ambassade de France se trouve la statue du soldat Hubert. La légende raconte que ce soldat de Napoléon lors de la Campagne de Russie soit tombé amoureux d’une slovaque lorsqu’il était soigné à Bratislava. Originaire de Champagne, il aurait aussi exporté les cépages et la technique pour créer le premier mousseux hors de Reims. L’histoire est en fait plus prosaïque car l’aïeul hongrois d’Hubert aura déjà implanté le breuvage en Slovaquie au 18eme siècle.
  • L’une des plus vieilles pharmacies de la ville, aujourd’hui ruine d’un concert-hall, porte les traces du cosmopolitisme de la ville. En effet, la devanture porte l’inscription « Pharmacie » en 3langues : hongrois, allemand et slovaque, réminiscence des grandes épidémies.
  • Toute proche, la cathédrale Saint Martin qui accueillit pendant 3siecles les couronnements des rois hongrois. La particularité de cette cathédrale réside dans son clocher : il n’y a pas de croix qui le surplombe, mais une couronne sur un coussin, une demande de la famille des Habsbourg pour assoir leur puissance.

Je profite ensuite de mon pass pour visiter gratuitement de petits musées qui n’auraient, sans ca, aucun intérêt : Salon des appartements, musée des armes, musée de la pharmacie (dans une vieille pharmacie joliment décorée de pots de médicaments). Enfin je finis par le musée de la viticulture slovaque.

Je commence par la partie historique avant de prendre part à la dégustation (et il valait mieux !). Les vignes sont connues depuis la préhistoire mais ce sont les romains, avec l’oppidum de Gerulata qui l’implantent. La loi de détaxe des parcelles privées de 1291 lance l’expansion et l’exportation. De nos jours, la balance est inversée : le pays consomme plus qu’il ne produit.

Pour la dégustation, je suis les conseils du sommelier pour 4verres : 2blanc (la majorité de la production), 1 rosé et 1rouge.

  • Variato 2015 Riesling, Blanc des petites Carpates. Sec, longue persistance, frais.
  • Mrva Stanko 2015, Palava, petites Carpates, blanc demi-sec base Gewurztraminer, très aromatique.
  • Château Ruban, rosé, 2016, nez fraise, langue amorphe mais persistance fruitée. Sud du pays, plus ensoleillé.
  • Povelka, 2015, rouge, Brondet, Porto, fruits rouges, chocolat. Un mélange surprenant, indéfinissable d’un cépage récent et unique au monde, le Deraj.
  • Monvino, rouge, une erreur.
  • Slovenka Alibernet 2011, le plus tannique des vins slovaques, s’approche d’un haut-médoc. Mon préféré.

Le sommelier me montre également une spécialité, le Tokaj, un vin caramélisé uniquement produit en Slovaquie  et Hongrie, liquoreux à la couleur or sombre, cuvé en petits tonneaux de bois. Les bouteilles vont de 30 à 100€. Je ne peux essayer malheureusement.

Durant la dégustation, je rencontre un groupe d’expatriés, dont une française, avec qui on discute vins bien évidemment, mais aussi voyages. Une écossaise installée ici depuis plusieurs années me laisse ses coordonnées pour m’aider lors de mon prochain voyage sur l’ile d’Harris, au nord-ouest de l’Ecosse, d’où elle vient. Elle me conseille aussi un restaurant local et un bar à vin pour finir la soirée. Je testerai peut-être ce soir.

Apres 6 verres de vin, je ne suis pas forcement des plus neutres. Je file hors de la vieille ville pour me reposer dans un salon de thé qu’on m’a conseillé. Et quelle adresse ! Loin des touristes, c’est un petit havre de paix que cette arrière-salle de quelques tables qu’orne une superbe bibliothèque. Les thés sont de grande qualité, en import pur. Il me faut bien ca pour écrire toutes ces lignes. Un thé noir du Népal, un thé vert, semi-ombragé, du Japon, et Piaf qui fredonne. Un secret bien gardé que cet Avra Kehdahvra, 49 Grösslingova.

Je commence à avoir faim et je suis les conseils d’Alexandra, l’écossaise expatriée, et file au Prasna Bosta. Je le trouve au fond d’une cours, au fond d’une rue, dans un recoin, dans la ruelle Zamocnicina. Maintenant que je l’ai cité, soit j’encense, soit je démonte, mode critique gastro !

Bien, bien, bien… Comment dire… Il serait exagéré de dire que c’était mauvais. Le plat un ragout de porc et de bœuf, légèrement trop cuit, au paprika, piment et poivron, dans un pancake de zucchini aux herbes à l’avantage d’être original à défaut de valoir son prix. Le vin, un svätovavrineche (à tes souhaits) de 2012 reste très moyen, même au 7eme verre de la journée. Je ne peux me dire déçu car cela reste globalement bon et la terrasse est agréable mais…

Ne restons pas sur une note négative. Je traverse la rue pour m’installer dans la petite salle ouverte du Grand Cru (en français), le bar à vin recommandé encore une fois par l’écossaise. Il y a peu de monde et l’accueil est chaleureux. Martin, le propriétaire me conseille :

  • Un pinot noir pour commencer : Juraj Zapeazny 2013, hors menu, le préféré de Martin. Plutôt fruité, bon équilibre, faible persévérance.
  • Je le mets ensuite au défi de battre l’Alibernet 2011 bu cet après-midi. Il m’avoue ne pas pouvoir (et apparemment c’est l’un des meilleurs vins que je pourrais boire en Slovaquie) ! mais me propose un Alibernet Svitava 2015, très jeune, fruité, peut-être en devenir !
  • Un Dunaj Vyber Hrozna, encore un mais d’un autre producteur, pas de millésime mais plutôt agréable en bouche. Toujours jeune et fruité.
  • Un dernier « conseil du patron », un Alibernet, Nerouet, un cépage créé récemment, encore très fruité, bonne persistance, équilibre correct bien qu’un peu amer en finale.

Je discute un peu avec Martin qui m’avoue privilégier les vin locaux ou des pays voisins afin de faire découvrir ce qu’il y a de meilleur ici, plutôt que des Bordeaux plus « vendeurs ». Un petit dernier, offert, le 10eme de la journée, « pour la route ». Je vais passer pour un ivrogne… Mais comme on dit « 2 verres c’est hygiénique, 4 verres c’est de l’alcoolisme, 6verres c’est une dégustation et c’est CLASSE ! »

Je pensais conclure là-dessus et rentrer, mais j’ai finalement rencontré dans le bar Benjamin et Kristine, 2 norvégiens qui m’ont proposé de finir la soirée avec eux. Des amateurs de thé à qui j’indique le café de cet après-midi. On finit en terrasse ensemble jusqu’à tard et on parle de nos occupations. Je parais tellement conservateur par rapport à un dessinateur de rue (graffiti artistique) qui voyage dans toute l’Europe pour dessiner, et une joueuse d’Ukulélé itinérante, qui bouge entre 2 concerts. J’ai tellement envie de reprendre la route…

Je finis, alcoolisme touristique oblige, dans la brasserie artisanale en face de l’auberge, la Zamocky Pivovar pour tester une Stout (dark) plutôt légère à 1.90€.

Voyager seul, ne jamais l’être !

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