Vendredi 3/11 Auschwitz

Vendredi 3/11 Auschwitz

« Oublier le passé, c’est se condamner à le revivre ».

Réveildifficile ce matin à 6h30 pour prendre le bus direction Auschwitz, le plus grand camp de concentration et d’extermination de l’Allemagne Nazie. Difficile car hier soir aura été plutôt arrosé. Passé le diner, nous attaquons le désormais traditionnel apéro. Nous sommes une quinzaine autour des pichets de vodka-sirop et je prends les choses en main en lançant une chocholle, Ring of Fire en anglais. Une carte une règle et presque une gorgée à chaque fois. Ca plait et l’ambiance est excellente. Je devrais me reconvertir en organisateur d’apéro (si ce n’est pas déjà le cas…) ! Nous finissons tranquillement avec Mélanie, la française rencontrée mercredi, Elisa, la basque espagnole, un américain et un allemand qui viennent d’arriver et Minnesota, une jeune américaine qui n’aura pas supporté le dernier shot. (Elle vient du Minnesota et personne n’arrivait à prononcer son nom)

Apres tout ça, il faut quand mêmeêtre à 7h15 au bus pour Auschwitz. Nous sommes 8 de l’auberge, qui dormons une grande partie de l’heure et demie de trajet.

Le premierarrêt est Auschwitz I, le camp de concentration et de travail. Les baraquements, militairement alignés, sont en briquettes rouges. Certains accueillent les présentations des preuves et témoignages de l’époque nazie. Des amoncellements de chaussures, bagages, peignes des prisonniers dépouilléssont autant de preuves des millions de personnes, juives, roms, opposants politiques… déportés pendant la guerre. Un cran de plus dans l’horreur dans la salle des cheveux. Hommes et femmes étaient tondus à leur arrivée et leurs cheveux étaient utilisés comme matièrepremière pour divers usages. S’en suit la baraque II du docteur Mengele, le boucher d’Auschwitz, qui conduisit des expérimentations sur les détenus. Il est le plus connu mais ces « essais » étaientcourants dans les camps. Puis la baraque du SonderKommando, celle des prisonniers qui « nettoyaient » la chambre à gaz après la « douche ». Celle-ci, la première du camp était juste en face, au fond de l’allée principale. Entre les deux, le mur des exécutions. Pour l’anecdote, le Zyklon B utilisé pour gazer a été découvert par hasard alors qu’un prisonnier en charge d’exterminer les insectes mourut en inhalant le pesticide.

Le lieudégage une puissance certaine. Le portail d’entrée, couronné du fameux « Arbeit Macht Frei » (le travail rend libre) plonge le visiteur un minimum instruit dans une empathie douloureuse. Celle-ci n’a pourtant rien à voir avec la claque prise à l’arrivée à Auschwitz II Birkenau. Si le premier camp était fait pour vivre, ou du moins survivre, Birkenau, respire la mort. Son immense portail en brique en est le symbole principal. Porte d’entrée des trains  amenant les déportés de toute l’Europe, cet unique bâtiment était l’antichambre de l’enfer. Au-delà, un simple quai où un officier allemand décidait du sort de millions d’humains d’un simple mouvement du poignet. A droite, la mort, à gauche, le camp, soit la mort lente. Les baraques accueillaient jusqu’à 400personnes dans 80m² environ. Les prisonniers y mourraient dans des conditions plus que sommaires en 3 à 6 mois.

Au fond du camp, dans la foret, les anciennes chambres à gaz et les fours crématoires ont été détruits. A la place s’élèvedésormais un mémorial. Le camp tout entier, vide dans la plaine sous le ciel gris, respire la désolation. La folie des hommes n’en est pas une. La folie est pardonnable ; le choix du meurtre ne l’est pas. L’acte sensé, réfléchi, organisé de mener à la mort des humains, hommes, femmes et enfants, catégorisésdifférents, n’est pas de la démence, c’est de l’horreur. C’est impardonnable. Alors pourquoi avons-nous encore 20% de connards votant FN ? On ne choisit pas un parti fondamentalement raciste, dont le fondateur considère ce que je viens de voir comme « un détail de l’Histoire », pour unélément de programme ! On ne choisit pas les extrêmes parce que « rien ne marche » ou qu’il faut « tout casser » ! C’est arrivé en 1933…

Ce devrait être un voyage obligatoire pour les lycéens, pour montrer où peut mener la haine. C’est toujours « inconcevable, « loin de nous », « impossible ». Etça revient pourtant toujours…

« Oublier le passé, c’est se condamner à le revivre ».

Difficile d’enchainer aprèsça.

De retour à Cracovie, nous allons tous au Beer Bar & Hostel où nous avons droit à un repas gratuit avec l’excursion. Il nous faudra attendre 1h pour avoir une table pour 5 avec certains de l’auberge. La soupe à l’oignon réchauffeaprès 3h dans le froid polonais, puis je prends un czanachi, une sorte de ragout à base de porc, pomme de terre, oignons, pois chiche et tomate. C’est super bon ! Une stout locale pour accompagner. Ce sera la seule chose à payer. Royal !

Nous nous séparons à la sortie. Mélanie repart en bus pour Varsovie où elle est CPE, et je retrouverai les autres ce soir au diner. En attendant, je file vers l’ancien ghetto, de l’autre côté de la Vistule. Si le quartier n’a rien de spécial, il abrite encore l’usine d’Oscar Schindler, qui employa plus d’un millier de juifs durant la guerre pour les sauver de l’extermination. Il a été immortalisé par Steven Spielberg dans « La liste de Schindler ». L’usine accueilledésormais un musée sur la Pologne nazie, mais j’y arrive trop tard. Je me pose juste à côté dans un bar à vin où on me fait tester 2 cuvées polonaises : un blanc et un rosé. De l’aveu même du caviste, la Pologne n’est pas un pays de vin. Je confirme…

Il va me falloir rentrer pour le diner. La douche va faire un bien fou avant ma dernière soirée à Cracovie. Demain Midi, retour à Francfort.

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