Samedi 17/08 Narva

Une longue, très longue journée. Mais je me pose enfin au calme dans le petit restaurant Plant. Ce restaurant à l’avantage de réinventer les plats et de me faire découvrir de nouvelles saveurs. Ce soir c’est tomates-mozza au lait de noix de cajou et un rizotto aux noix et kalé. Leur limonade est toujours à tomber.

Ça me requinque. La nuit s’est passé sous la brise douce d’un moteur d’avion placé dans le dortoir. Même mes boules Quies de compétition n’y feront que peu. Et ce matin, un thé réconfortant puis depart à 9h pour 12h (!) de découverte. Direction l’extrême orient estonien. Direction Narra, à la frontière russe. C’est une région qui semble trèsdifférentes de Tallinn. Déjà elle est à 93% russophone, avec une longue Histoire commune, de Pierre le Grand aux soviets.

Notre premier arrêt, après 2h de route à travers la foret et les champs baltes presque monotones, sera Kohtla-Järve, une zone industrielle à son apogée sous l’èresoviétique. De grandes usines extraient du pétrole (shelloil ?). La ville elle-même était organisée autour des baraques des mineurs et la maison de la culture où trône encore la faucille et le marteau. C’est un exemple concret de ce qu’était cette zone avant l’effondrement de l’Union Soviétique. Elle a depuis l’un des plus forts taux de chômage d’Europe.

Nous partons ensuite vers Viivikonna. Après avoir était une ville semblable à KohtlaJarve, c’est désormais une ville fantôme. Les baraques alignées des années 50 tombent désormais en ruine. Son usine a fermé à la fin des années 80.

De l’autre côté de l’autoroute se trouve Sillamae, la ville qui n’existe pas ! Ou du moins qui n’était sur aucune carte jusqu’en 1991. Et pour cause, c’est un site top-secret d’enrichissement de l’uranium. Les immeubles d’habitations étaient presque luxueux pour l’époque et donnaient sur la mer, histoire de chouchouter les travailleurs. Désormais, la ville périclite et un studio vaut entre 8 et 10000 euros. Le front de mer, quant à lui, est particulièrement joli. Il s’ouvre sur une allée stalinienne des années 50 de style baroque.

Nous arrivons ensuite à Narva, capitale de l’Est. La ville enfile les couches entre les bâtiments staliniens des années 50, les habitations utilitaires des années 70 et les debuts de réfection depuis 2010. Pour l’anecdote, les travaux ont commencé lors de l’envahissement de la Crimée par la Russie. Surement un hasard…

Narva possède deux châteaux, un sur chaque rive, dont la rivière fait office de frontière. Pour l’histoire, lorsque les estoniens ont construit le leur à l’époquemédiévale sur ce point de passage stratégique, l’Empire russe s’est vexé et a finalement construit une citadelle trois fois plus grande. L’ego !

Sur le retour, nous passons devant une usine de textile du 19eme siècle, construite sur le modèle anglais et pouvant accueillir 13000travailleurs. C’était une ville dans la ville avec école, hôpital, police…

Enfin, nous finissons sur la plage au soleil descendant. Une longue plage de 8km non bétonnée malgré plusieurs maisons de vacances en retrait.

Cette excursion a été plutôt longue avec pas mal de route, les différents lieux étantéloignés les uns des autres. Mais cela m’a permis de découvrir de façonconcrète un pan de l’Histoire du pays et de l’Europe du Nord-Est.

Le diner était encore une fois succulent mais j’abuse ! Une petite balade digestive et au lit ! En espérant que la moissonneuse-batteuse ait changé de champ…