Vendredi 16/08 Tallinn

Vendredi 16/08 Tallinn

Petite pause en ce milieu d’après-midi dans une institution de Tallinn, le café Maiasmokk. Désormais plutôt touristique, ça reste le café le plus vieux de la ville, datant de 1864.

Nuit un peu agitée, il faut se réhabituer aux dortoirs. Toutefois, je suis d’attaque à 9h pour les pancakes faits maison de l’auberge. Et j’arrive pile à l’heure pour le début du free walking tour. Durant 2h, note guide nous balade entre le haut et bas de la vieille ville. La partie haute regroupait historiquement les lieux de pouvoir et a surtout subi les influence russes et suédoises. Le bas de la ville était considéré comme une ville libre, principalement allemande. Il faut noter que la ville a prospéré grâce à son influence dans la Ligue Hanséatique, ligue regroupant les principaux pays et ports marchands de la mer du Nord à la Baltique du 13eme au 16eme siècle. ¨Principale porte d’entrée vers la Russie impériale, Tallinn a décliné jusqu’à la paupérisation suite à la création de St Pétersbourg en 1703. Le style des villes hautes et basses s’est ainsi presque figé, donnant un centre historique préservé.

La guerre d’indépendance finnoise, le 3eme Reich puis la dictature soviétiqueont ensuite profondément marqué le pays. Plutôt sur les extérieurs mais pas uniquement. L’église St Nicolas en plein centre historique fut partiellement bombée et ses abords détruits durant les attaques finnoises. La zone resta en friche jusqu’au rachat de tous les terrains par la ville dans les années 80 pour en faire une esplanade. Tous ? Non ! car un irréductible estonien conserve toujours une parcelle au milieu de la place. La ville, vexée, a déclaré le terrain inconstructible. Pour se venger, le propriétaire a décidé d’y faire… pousser des pommes-de-terre ! l’église en elle-même fut convertie en musée sous l’èresoviétique. Dans la ville, seule la basilique Alexander Nevsky conserva ses prérogatives religieuses car elle était… russe orthodoxe !

La visite se termine sur la place de l’Hôtel de Ville où se trouve notamment la plus ancienne pharmacie du pays, datant de 1422. Un descendant du fondateur fut notamment l’apothicaire de Pierre le Grand.

Je continue la visite en solo et me dirige vers le nord. Une fois passée la gare, le décor change pour une ancienne friche industrielle. Elle est en cours de réhabilitation. C’est une zone hipster avec bières, food trucks, designers et start-ups. On y trouve aussi le nouveau marché, plutôt bien achalandé. Je m’y pose pour manger un sandwich au fromage et lapin à l’étal.

Cette après-midi, direction la mer ! Que je n’ai toujours pas vue. Je traverse pour cela le paisible quartier de kalamaja. Ses façades bois-pastel rappellent le style scandinave.

Cette partie du front de mer, aux berges bétonnées, comporte notamment le musée de la mer et un superbe brise-glace ancien. Juste à côté se trouve l’ancienne prison de Patareil. Construite il y a 150ans, elle ne fut réellement utilisée qu’à partir des nazis puis des soviétiques. La visite (5€) est instructive et permet de découvrir les conditions de détention, les deux extrêmes n’ayant rien à envier l’une à l’autre…

Je rentre ensuite doucement via le quartier moderne de Tallinn, Rottermann, du grand centre commercial et des immeubles de bureaux. Tout ce dont une capitale à besoin en somme.

Proche du café Maiasmokk, où j’ai commencé ces lignes, une petite famille de japonais me demande de les prendre en photo. Rien debien palpitant jusque-là, mais les parents, déjàâgés, m’offrent une pièce de 5yen. Cela ne représente que 5centimes d’euro mais ils m’expliquent dans un anglais laborieux que c’est un remerciement symbolique, portant chance et fortune (« go-en », destinée). Merci ! Quel peuple ! Dans un mois, je serai chez vous !

Prochaine étape : un diner typique. J’ai deux options en tête…

Il semble que les rares bons restaurants estoniens soient pris d’assaut. Mon premier choix est plein ce week-end. Mon second choix pour 15jours… Mon 3eme choix aurait pu être mon premier s’il avait servi de l’élan. Plus classieux, plus cher aussi que les deux premiers, c’est finalement le Farm qui m’accueille. Une cuisine estonienne moderne à partir de produits locaux. Testons !

Et après deux heures dans un coin tranquille de ce très joli restaurant, je peux dire que j’ai un avis plutôt positif sur ce restaurant. Les plats sont bons, surtout en considérant les limitations locales (entre les lignes : c’est pas le meilleur repas de ma vie). En entrée, j’ai pris des croquettes de brochet insipides que relève superbement une sauce au caviar de poisson plutôt légère. La salade sur du pain de mie toasté reste un mystère mais ne gâche rien. Pour le plat, ce sera du veau aux herbes avec des carottes locales et une purée maison. Efficace disons. Le gout, sans être mauvais, ne m’a pas pris. Il aurait fallu de bonnes herbes de Provence pour l’accord. Mais ça ne pousse peut-être pas ici. En dessert ce sera une crème d’avoine avec confiture de rhubarbe. Original et sympa.

Mais ce qui m’a fait une expérience, ce sont les vins. C’est la première carte que je vois à Tallinn avec des vins estoniens ; et je fonce la tête en avant (le vin se vengera plus tard). L’Estonie n’a pas de raisin… je prends donc sur l’entée un vin blanc de … Rhubarbe ! un nez très fruité mais une bouche fraiche et légère qui surprend. Longueur fruitée (ça reste de la rhubarbe). Sur la viande, c’est un rouge bien sûr. Un Mamm&FuukReserva à base de … cassis et d’aronia (je connaissais pas non plus…), un fruit nord-américain qui tend vers la canneberge. Le cassis est trèsprésentau nez. La bouche au premier abord a le soyeux du Bourgogne avant de laisser place au fruit. Etrange, indéfinissable et meilleur accompagné.

Pour clôturer ce repas typique, je demande à la serveuse un digestif locale. Elle me ramène un verre deVana Tallinn, une liqueur à base de rhum (non estonien) d’épices et de vanille. Ça ressemble au Kraken pour les connaisseurs. Pas ce que je préfère mais toujours bon. Me service est convivial-chic dans un environnement du mêmeacabit. La douloureuse quant à elle, n’en vaut malheureusement pas la chandelle.

Il est encore toto, et je dois trouver un coin agréable pour rédiger ces notes. Je trouve au fond d’une cour une petite terrasse calme. Une bière locale (kolk) suffira à mon bonheur avant de rentrer dans mes pénates.

Demain, si tout va bien,départ pour l’orient estonien et la frontière russe.

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