Samedi 30/06 Klaksvik

Samedi 30/06 Klaksvik

Ce que je n’ai pas pu faire hier, je l’ai fait aujourd’hui. Certes pas en hélicoptère mais en bus. Une vraie expédition !

Au petit déjeuner, je rencontre enfin Xylene, mon hôte. Arrivée il y a 7ans des Philippines, elle a fait divers boulots avant d’ouvrir un fastfood à Tórshavn et ensuite ces chambres d’hôte à Solvagur. Elle me propose de me déposer à Tórshavn en allant travailler, ce qui, en plus d’être très sympa, me fait économiser 90DKK (env. 12€). Il fait un temps radieux et les cimes des fjords se découvrent. Xylene décide de passer par la route panoramique par les cols pour me montrer quelques petits points de vue. Le temps dégagé ouvre une sublime perspective sur les cirques et les baies encadrés de ces remparts de roche.

J’arrive en avance à Tórshavn, fondée par les Vikings, qui signifie « le port de Thor ». J’en profite pour visiter les Tinganes. Ces maisons historiques du 17eme siècle en bois rouge abritent les différents bâtiments du gouvernement. La gouvernance autonome couvrent notamment la langue (le féringien, de source nordique) et les affaires internes (transports, poste, infrastructure). Le Danemark conserve ses prérogatives en termes de Défense (présence de troupes) et de monnaie. Toutefois, si la couronne danoise est la monnaie officielle, le change est donné en couronne féringienne, qui n’est pas échangeable ailleurs que dans l’archipel.

Départ pour Klaksvik au Nord-est du pays. C’est surtout le trajet qui m’intéresse. Nous traversons Streymoy, Eysturoy et enfin Bordoy en longeant les cotes, les fjords ou traversant par des tunnels. Le spectacle est au rendez-vous. Toujours le même décor qui se renouvelle sans cesse.

Klaksvik est un joli village coincé sur une fine banque de terre qu’entourent deux bandes de montagnes, une baie au Nord, un fjord au Sud. En face du port, l’ile de Kundy avance son cap comme s’il allait s’imbriquer. Je n’ai qu’une heure sur place et je pars sur les hauteurs par le chemin des amants qui mène au col. La vue sur le village vaut la montée. Je décide de redescendre en footing. Courir dans un tel décor est plus qu’agréable, mais c’est surtout que j’ai poussé la marche un peu trop loin pour le temps imparti.

L’autre intérêt du village est sa belle église moderne de style scandinave. Ouverte, aérée, un orgue jouant à l’intérieur. Au plafond, un ancien drakkar viking. L’Histoire des Féroées est assez incertaine. Elle débuterait entre les IVème et VIème siècles par des moines irlandais à la recherche d’un lieu d’ermitage. Au IXème siècle, les vikings colonisent le pays et créent le premier « alping » (assemblée d’hommes libres prenant les décisions politiques et juridiques), sur le site de l’actuelle capitale. Les habitants se convertissent au christianisme vers l’an 1000, et passe sous la domination d’Olaf 1er, roi de Norvège, en 1035. A partir de 1380, le pays passe sous le règne de la double monarchie Norvego-danoise. Christian III convertit la population au lutherisme. Durant la 2nd guerre mondiale, le pays est sous domination du Danemark, alors occupé par l’Allemagne nazie. Les britanniques s’en emparent afin de prévenir tout débarquement via le Nord de l’Ecosse. Les Féroées deviennent autonomes en 1948 mais ne font pas partie de l’Union Européenne, ni de l’Espace Schengen (pas de passeport nécessaire toutefois).

Je m’assoupis sur le trajet du retour, toujours aussi beau sous le soleil descendant. Je décide de profiter du beau temps pour refaire la randonnée autour du lac de Bordalafosur. La perspective sans le plafond de nuages s’élargit carrément. Je marche vite à l’aller pour être sûr d’avoir le temps de profiter au sommet. Et c’est encore plus beau, plus large, plus coloré… Je prends plaisir à regarder le lac, l’océan, les falaises et la danse des mouettes dans un vent fort et frais. Et puis, il est temps de redescendre, doucement, tranquillement. Le soleil chauffe encore à 20h, le vent s’est calmé, je suis bien.

Au bout du lac, proche de l’aéroport, on peut apercevoir la statue d’un cheval cabré. La légende raconte qu’il existait dans le lac une créature affreuse, le Nykur. Elle se transformait en un sublime cheval gris pour leurrer et attirer quiconque passait sur les berges sur son dos avant de les engloutir dans le lac en un galop. Elle ne pouvait être vaincu qu’en prononçant son nom Nykur. Mais cela, personne dans l’ile ne le savait. Un jour, 2enfants jouaient au bord de l’eau lorsque Nykur apparut. Elle leur proposa bien sûr de venir jouer sur son dos. Le plus grand grimpa aisément mais le plus jeune, trop jeune encore pour même parler correctement, avait beau sauter, il n’y arrivait pas. Nykur se cabra alors et s’enfuit vers le centre du lac. Le plus jeune, effrayé et en larme de voir son frère Niklas se noyer cria confusément « Nikal, Nika ! ». La prononciation était si erratique qu’il se transforma en Nyku. La bête se sentant appelée perdit son pouvoir et disparut. Les deux frères furent ainsi sauvés.

Bonne nuit.

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