Samedi 3/11 Istanbul
Samedi 3/11 Istanbul
Il m’aura fallu le temps de m’y habituer, mais il y a un plaisir particulier à déambuler dans Istanbul. Un peu plus loin des touristes, un peu plus proche des stambouliotes.
Ça avait pourtant mal commencé. Je me suis définitivement trompé d’auberge. La musique et les cris du bar n’ont pas cessé jusqu’à 2h du matin. Et mon dortoir est juste en-dessous. J’avais pris cette auberge pour son coté social et central. C’est en fait un party-hostel et je ne suis pas d’humeur sociable. Mauvais mix…
Bref, au moins j’ai pu réviser au rdc.
Réveil difficile mais je me remets vite. Je demande à changer de dortoir ; il n’y a plus de place. J’envisage de changer d’hôtel, mais y renonce. Je pars sous le soleil prendre le ferry vers l’Asie. Direction Üsküdar.
Quel plaisir de passer la matinée sur le front de mer aménagé, face à la carte postale stambouliote. Après avoir pousser jusqu’au Harem, le port industriel, je me pose au calme. Devant moi s’étale le centre historique et son chapelet de minaret, Galata et au loin, le centre d’affaires et ses buildings. Un vieil homme arrive pour discuter, mais la barrière de la langue abrègera l’échange. Il passera simplement à la personne suivante.
Après ce bain de soleil il est temps de se sustenter. Et je tombe sur une vraie bonne surprise comme je les aime. Je m’arrête dans une dönerci, un restaurant à kebab qui, si j’ai bien compris, fait sa propre viande. De la terrasse, j’ai la même vue que depuis mon rocher. Parfait. Pour le plat, je me laisse guider, car la carte est en turc, ainsi que les serveurs. Ce sera donc une assiette de viande de Kebab (mouton et bœuf) sur un lit de frites et yaourt. Ils m’apportent en plus une salade et des piments. La viande me parait plus fade qu’en France, mais c’est plutôt bon (quoi que très gras). En dessert, on m’apporte une crème à mi-chemin entre le riz au lait et la crème brulée. Très bon. Deux thés turcs avec cela et l’addition ! Ces deux derniers me seront offerts car à discrétion, et le repas me reviendra à 44TRY (7€), pourboire inclus. DönerciHamdiUsta, pour ceux qui passeraient dans le coin.
Cette parenthèse de calme refermée, je prends le ferry du retour puis le tramway qui m’emmène vers Taksim, la place principale de Galata, partie de la ville plus moderne et « occidentale ». De là, je parcours les 2km de l’istikdalCalecsi, l’artèrecommerçante. Rien à signaler, du shopping et des mosquées.
Je redescends juste à temps pour monter dans le ferry faisant le tour du Bosphore. C’est à priori un « must-do » de la ville. Et pour 15TRY (2.5€), on ne va pas se priver ! A ce prix-là, ona le droit à des chaises en plastique sur le toit du bateau mais la vue reste la même. Il longe d’abord la cote européenne en passant de beaux palais de l’époque ottomane avant de passer sous l’immense pont du Bosphore avant de rejoindre les murailles près du pont tout aussi imposant du Fatih. Le retour via la cote asiatique fait face au coucher de soleil. Si la météo est belle, la brise marine rafraichit les sens.
La croisière touche à sa fin, presque comme le séjour. Mais il me reste encore une chose à expérimenter : les bains turcs. Il y en a plusieurs dans la ville. Certains sont ultra-modernes, d’autres datent e la prise de Constantinople. Ce furent des lieux d’hygiène et de palabre, où l’on discutait politique ou mariage.
A l’auberge, on m’a conseillé les bains de Gedikpasa. Ils datent de 1475. Ce sont de petits bains et l’entrée, derrière le grand Bazar, ne paye pas de mine. J’en serais presque suspicieux. Et pourtant, tout se passera à merveille.
Le parcours est rodé. On m’octroie une petite cabine de bois où je me change pour ne porter qu’une serviette rugueuse. Puis on m’accompagne dans les bains. La premièrepièce accueille les douches. S’en suit la pièce principale. Toute de marbre, elle respire l’Orient et la vapeur d’eau. La température est encore soutenable. On m’invite à m’allonger à même le marbre en attendant mon masseur. Détente !
Le rituel du massage est lui-même particulier. Le masseur me lave d’abord le corps en frottant vigoureusement avec un gant râpeux. Je me rallonge ensuite sous la coupole et le masseur m’enduit de mousse. Il commence alors un massage très (très) vigoureux des jambes, bras, dos et épaules pendant 15bonnes minutes. Il faut imaginer un pilier (de bar et de rugby) d’une cinquantaine d’année et la moustache bien portante vous faire exploser les points de compressions ! Il termine plus tranquillement en m’étirant les articulations et en me rinçant. Sa session terminée, il me conseille d’enchainer les trois dernières salles : le hammam bouillant, le sauna en bois et le bassin froid, niché sous une belle voute de pierre. Ces bains respirent l’Histoire.
Lorsque je ressors de tout ça, mou et propre, un jeune homme me sèche dos et tète avant de me ramener dans ma cabine de bois pour que je m’y repose. On ne fait rien par soi-même ici. Mais ça fait énormément de bien !
Pour la partie pratique, les bains sont non-mixtes, coutent 120TRY (20€) +pourboire du masseur et tout le matériel est inclus. Si le massage dure 25minutes, on peut rester aussi longtemps qu’on le veut. Ce soir, il y avait essentiellement des turcs, même si la pratique s’est beaucoup perdue.
Le temps de trouver mon autocollant, de manger une Sorba (soupe) et un iskander (kebab au yaourt) et je m’offre un dernier moment turc : un künefe chez Hafiz Mustafa. Un künefe est une pâtisserie turque à base de kadayit (blé déchiqueté en sirop) fourré de fromage. C’est à la fois sucré et doux. Les pâtisseries Hafiz Mustafa quant à elles sont une institution depuis 1864. Le fondateur est notamment l’inventeur des akidesekeri, ces petits cubes de sucre et fruits si réputés, dédiés historiquement aux janissaires du palais. Le pâtissier fut aussi reconnu pour ses « douceurs turques », celles dont le nom signifie « qui dévoile la gorge » ou « rahat-i hal-kum » ou… Loukoum !
Le temps de finir ces notes et les gens de l’auberge seront peut-être partis au pub-crawl (vu qu’ils gueulent désormais dans le hall) et je pourrais aller dormir.
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