Vendredi 29/01/16 Vaduz
Vendredi 29/01/16 Vaduz
« Il jetait un dernier regard en arrière, vers ce sommet qu’il n’avait pas pu atteindre. Il avait pourtant continué, repris plusieurs fois sa marche, pour une escalade qui était à sa portée. Mais ses jambes avaient trahi sa tète. Et sa tète avait trahi son cœur.
Il se trouvait déjà toutes les excuses. Il était parti trop tard, il n’avait pas assez d’eau, il n’avait pas assez dormi… C’était pourtant vrai ; il n’avait pas assez dormi.
C’était parti comme une nouvelle aventure, par le train de 21h31 qui le mènerait de Luxembourg à Trier, puis Koblenz pour son train de nuit. Il commençait à louer l’organisation des trains allemands quand ce dernier fut annoncé avec 35minutes de retard. Le froid était perçant sur le quai presque désert.
Son siège était large, confortable, mais la lumière aveuglante dans la nuit et les palabres irritants de la jeunesse allemande ne sont pas les meilleures berceuses. C’est avec 2h de sommeil qu’il accueillait les 6h du matin à Ulm, une ville qu’il n’avait jamais eu dans l’idée de visiter ; ni même l’idée de l’idée. Le retard était rattrapé et il put plonger dans le train qui le mènerait à sa première destination, le lac de Constance.
Il faisait gris sur Lindau, cette petite ile allemande proche de la frontière autrichienne. Elle avait le charme des ports bretons sous la brume matinale. Cet air vivifiant le revigorait. Il se sentait enfin parti.
Un dernier train l’avait mené dans la matinée à Feldkirch, ville frontière entre l’Autriche et le Liechtenstein, dont les rares éclats ont été ternis par le trafic incessant.
Les contreforts de Vaduz, il les voyait depuis le bus 11, son dernier transport. Vaduz la financière, Vaduz la secrète, dans son écrin grés aux crêtes blanches. Il comprit assez vite que Vaduz était limitée, et après un tour presque complet, il s’élança dans une marche d’échauffement. Il atteint rapidement le château princier qui surplombait la ville. Le soleil brillait sur le chemin et il s’élança alors vers le Gadlei, montagne naine que 3h de marche auraient du conquérir…
Il se rappelait tout cela lorsqu’il jeta ce dernier regard. Il avait été trahi, par lui-même. La beauté fantastique du panorama et le calme pénétrant de la foret n’était qu’infime baume sur les blessures de l’échec.
Ses pas le mèneraient facilement vers Triesenberg, où il espérait trouver le réconfort d’une chambre donnant sur la vallée. L’auberge était jolie, gros chalet de montagne et ouvrir les volets invitait à l’envol, au-dessus des Alpes que seule la vallée du Rhin séparait.
Ces instants de calme au soleil descendant sur la Suisse voisine étaient gâchés par les eclats de la chambre d’à coté, bruyants et leurs enfants bien trop énergiques.
Après une brève visite, il prit le parti du plaisir. Le repas de l’auberge, en plus d’être une des rares options aux alentours, fut copieux. Se régalant de soupe, cheval et coupe glacée à l’orange, il préparait déjà le lendemain.
Le Gadlei était plongé dans le noir, et son regard se portait désormais plus loin. Car il ne s’avouait pas vaincu. Demain, il recommencerait ! »
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