Jeudi 22/12 Alta

Jeudi 22/12 Alta

Ne soyons pas totalement négatifs sur hier soir. On a quand même vu quatre renards roux et surtout un renne. Magnus, notre guide, aura eu le mérite de faire vivre l’escapade par ses connaissances et histoires. Il aura conduit 100km sud pour trouver une éclaircie, sans succès. Nous étions sur le territoire des Sami, les premiers habitants scandinaves. Ici, il est tabou de demander combien on possède de rennes. C’est une mesure de richesse.

Ce matin, la déception était passée. D’autant qu’une journée chargée m’attend. Le petit déjeuner du Lodge est potentiellement l’un des meilleurs que j’ai pu avoir en voyage. Uniquement des produits frais et/ou locaux et/ou bios. Le saumon sauvage, péché dans la rivière proche et fumé, a un gout totalement différent, plus boisé, plus fin. L’atmosphère à la bougie, au calme, ajoute au plaisir.

9h30. Il fait encore nuit mais mon musher est déjà là. Un musher est un conducteur-dresseur de chiens de traineau. Je pars pour la journée. J’ai de la chance, je suis seul. Les chiens sont logés juste à coté de l’auberge. Une soixantaine, qui s’affole quand on rentre dans l’enclos. Ils veulent tous courir ! Il n’y aura pourtant que huit élus : quatre pour moi et quatre pour Herbe, mon musher. Il a d’ailleurs ses propres chiens. Mon attelage fougueux sera composé de Lifte, une chienne, leader du groupe et pourtant très calme et timide. Elle chaperonnera Soivo, un jeune male, leader en devenir. Pour la ligne arrière, ce sera Svuku, un jeune male plus petit aux yeux de fou et Grojke (Grog en norvégien), un vieux mâle castré, ancien champion de Norvège de course de traineaux, calme et affectueux.

Ils se jettent la tète la première dans les harnais que j’apprends à mettre. Puis je les attache dans un ordre bien précis. Le traineau de bois est bloqué par une ancre rouge, le frein le plus puissant. Vient ensuite le frein à pied, barre de métal qu’on enfonce dans la neige pendant la course pour arrêter les chiens. Enfin, pour gérer la vitesse, la plateforme mobile. Il ne me faudra que quelques minutes pour comprendre qu’il faut jouer de son poids et de la pression pour gérer convenablement et en douceur la vitesse des chiens. Tout est dans l’ajout de frottement au traineau. A la fin, je serai capable de sentir la vitesse à avoir à un haussement de talon prés !

L’ancre est lâchée, les chiens aussi ! Et on part pour plusieurs heures dans la Norvège sauvage. Apres une phase de test, on attaque la forêt, aux petits chemins irréguliers qu’il me faut gérer comme sur des skis. Mon musher semble content que je maitrise aussi vite et bien (rien de prétentieux, ca vient de lui, par trois fois). Ca lui permet aussi de s’amuser sur des chemins qu’il n’aurait pas pris avec une famille. Des bosses en foret, du bobsleigh sur les chemins gelés et un peu de vitesse dans les champs de poudreuse. Tout ca dans un décor spectaculaire à la lumière crépusculaire, avalé par ma nature. Un aigle nous survole, ici des traces d’élans. Petite tension lors de la traversée par deux fois de la rivière gelée. Le bleu glacé craque sous le traineau, mais ne rompt pas.

Mon guide nous arrête prés de la rivière et prépare un feu dans un trou de neige, alors que les chiens s’enroulent pour une sieste. Au menu, soupe aux champignons et gâteau au chocolat, le tout fait maison. Herbe fait griller le pain dans une pince à gaufre en métal, au dessus du feu, ce qui lui donnera un gout de fumée très particulier. Nous resterons là, en pleine nature, à discuter voyages, chiens, montagnes…

Il me parle de sa vie en Alaska pendant 10ans comme musher et trappeur et des courses historiques de 200, 500, 1000km. Trine, la propriétaire du Lodge et des chiens est d’ailleurs une ancienne championne.

Le retour sera encore plus chaotique et sportif. Et surtout sera à la lumière des lampes frontales. Il est 13h30, il fait nuit noire. Le froid devient mordant ; j’ai déjà quatre couches de vêtement et des chaussures spéciales.

De retour au refuge, les chiens, détachés, filent d’eux-mêmes dans leur niche. Quel pied, ce trip ! (encore un bon point pour l’ego, Herbe me conseille de faire le trip de plusieurs jours, que j’ai le niveau !)

Un conseil cependant, ne restez pas derrière l’un des chiens quand il pete, c’est une infection ! J’y aurai passé 5h… La douche ne fera pas de mal, et enlèvera l’odeur.

Avant de repartir ce soir pour la chasse aux aurores boréales, le diner m’attend. Juste deux tables ici, le chef, Johny Trästi, est pourtant un des pontes de la professions, élu meilleur chef de Norvège lorsqu’il initiait à Oslo. Je ne sais pas ce qui me sera servi : du local, du sain, du bien et du bon.

Ce sera cabillaud sauvage légèrement grillé, une cassolette de pané, haricots et champignons aux gouts exceptionnel. En accompagnement, une petite purée de petits pois et des pommes de terre rissolées aux oignons. Une pannacotta aux baies allongées (aucune idée du nom) en dessert. Le tout accompagné d’un blanc italien surprenant d’équilibre (oui je suis de mauvaise foi là…)

Un brésilien d’une quarantaine d’année, que j’avais déjà rencontré hier, aura lui choisi le menu à cinq plats. Du crabe, divers poissons, du renne (que je dois encore tester d’ailleurs)… Dire que je cale déjà avec mon petit poisson…

Allez, je suis prêt pour une deuxième tentative de chasse aux aurores boréales. Le ciel parait clair, on me dit que c’est un temps idéal.

J’ai déjà entendu ca quelque part…

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