Vendredi 23/12 Alta/Oslo

Vendredi 23/12 Alta/Oslo

Au-delà du cercle polaire, on croit aux contes de fées.

Aux dieux vikings et aux trolls des bois, aux sorcières et aux nuits magiques.

Mais surtout, on croit en Elle. Elle, imprévisible et belle, vénérée et crainte. Lorsu’Elle attend la nuit noire pour  dévoiler ses plus éclatantes parures émeraudes. Si timide un jour, si éblouissante le lendemain. Danses voluptueuses, tantôt lente, puis fugace, elle se donne sur un ciel étincelant. Puis, après l’instant ardent, Elle s’allonge, s’assoupit et se retire.

J’ai assisté hier soir à l’un des plus beaux spectacles naturels qu’il m’ait été donné de voir. Apres l’échec de mercredi, je suis reparti avec Zeka, le brésilien et Steinar notre guide, photographe amateur, à la chasse aux aurores boréales. Nous n’aurons pas besoin d’aller bien loin car le ciel est clair sur Alta et une énorme aurore éclate juste au dessus de nos tètes. La soupe et le briefing, autant être honnête, Zeka et moi, on s’en fout et on part directement sur une petite montagne d’où le ciel nous entoure, loin de la ville.

Elle est exceptionnelle ce soir, puissante, lumineuse, d’un vert éclatant, parant toute une partie du ciel. Elle sera en mouvement constant pendant prés de 2h, totalement exceptionnel ! La moyenne va de quelques secondes à 15minutes. Ce soir catégorie 4-5, elle peut aller jusqu’à 9, 3 étant le plus répandu, 9 provoquant un black-out électromagnétique, qui ramènerait l’hémisphère Nord à l’âge de pierre. Les avions sont d’ailleurs détournés lorsqu’une aurore de niveau 6 est annoncée. Ces perturbations lumineuses sont créées par le contact entre des vents solaires et l’atmosphère. L’activité n’est connue pour sûr qu’une heure à l’avance, lorsque le vent frappe un satellite spécialisé, situé entre la terre et le soleil.

La nuit est sans lune et on voit pourtant facilement. Je teste ma petite camera qui me sort quelques clichés à peine potables mais tout de même corrects. Heureusement Steinar va nous envoyer les siennes, faites avec du bon matériel.

On discute pas mal entre nous dans le froid norvégien, un chocolat chaud à la main, la camera dans l’autre.

Aurore s’est calmée, même si elle lance encore quelques œillades furtives, et tire sa couette moelleuse de nuages pour se dérober à nos yeux encore émerveillés.

Ce matin, je suis encore un peu dans les vapes mais je me sens bien. Le petit déjeuner est toujours exceptionnel et j’en teste le cabillaud mariné et le fromage.

Zeka prend le même avion que moi pour Oslo et me fait profiter de l’arrangement amical qu’il a avec le patron du centre d’exploration des aurores Glod (par qui je suis passé les deux soirs), pour le transport vers l’aéroport. 50€ de taxi d’économiser quand même ! On dit qu’il ne faut pas parler aux inconnus. Je fais pourtant ca à longueur de voyages…

Zeka est un grand voyageur ; à 50ans il a fait plus de 105pays. C’est aussi un grand journaliste brésilien, présentateur du journal télévisé du dimanche soir pendant 18ans sur TVGlobo, la chaine nationale, devant 30millions de téléspectateurs ! Il présente désormais un talkshow familial de 3h le samedi matin. Nous discutons évidemment voyages et échangeons conseils et contacts avant de nous quitter à l’aéroport d’Oslo. Lui rentre à Paris pour le réveillon où il a un pied à terre. Moi je file pour ma dernière journée norvégienne. On rencontre des gens extraordinaires en voyage. J’ai hâte de reprendre la route !

Oslo, la veille de la veille de noël, c’est un peu une ville morte. Même l’auberge de mardi est fermée et je dois me rabattre sur une chambre d’hôtel hors de prix et bruyante. Les restaurants ont fermé à 17h et j’ai presque honte de finir ce séjour sur un fast-food, dernier lieu ouvert. Je n’aurais donc pas pu gouter la viande de renne. J’ai quand même eu droit à d’excellents produits durant cette semaine. Je dirais même que c’aura été une semaine pleine, particulièrement rythmée et riche.

Demain, 24 décembre, il sera temps de rentrer retrouver la famille pour Noel. Le point fixe, centre de gravité d’un voyageur équilibré (autant qu’un voyageur puisse-t-être équilibré…). Plus le lien est fort, plus on peut partir loin. Je suis parti au bout du monde !

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