Dimanche 22/12 Nadi
Dimanche 22/12 Nadi
Enervé, dégouté, écœuré, voilà mon sentiment en rentrant vers l’hôtel après une visite express de Nadi. La ville-même, légèrement en retrait de la cote, n’a aucun intérêt. Même si mon sentiment est en partie ma faute.
Après avoir flemmardé au lit comme il se doit, je décide de faire les petits 5km de l’hôtel jusqu’à Nadi. Le soleil tape et sur le chemin, un taxi me fait la causette, comme j’ai pu le faire au Vanuatu. Petit prix (7FJD, 3€). Une fois à l’intérieur, je commence à cerner son truc. Il essaie de me refourguer une auberge sur une autre ile avant de me conduire dans un magasin de souvenir du centre-ville. Il me présente ca comme une vente du village de Novala, au centre de l’ile et dont les gains servent à aider les enfants. Le discours de base de l’attrape-touriste. Je suis sceptique mais je suis, juste pour voir. J’ai droit à la cérémonie de bienvenue avec le partage du Lava. « C’est authentique » bla bla… (A savoir que le Kava fidjien est sans intérêt comparé au Vanuatu, qui est bien plus fort et plus relaxant). Une chance pour moi, je n’ai ni la carte ni beaucoup d’argent. Je prends quand même un petit souvenir dont le prix est magiquement passé de 180 FJD (70€) à 30FJD (12€) car « désormais, on est amis ». Je ne suis même pas sûr que ca passe la douane et je suis convaincu que ce n’est pas artisanal, mais c’est un cadeau sympa pour ce prix. Le taxi, lui, change de ton et demande son paiement. Et oui ! Faut pas ramasser des backpackers ! Même si j’ai été sympa de prendre un truc.
Echaudé et dégouté, je pars faire quelques courses (là, c’est moins cher) et cherche un endroit pour manger. Je me fais harceler par les taxis et les vendeurs ambulants. Enormément d’indiens ici (a contrario du Vanuatu). Je m’arrête manger dans un resto mi-indien, mi-fidjien, et la patronne, Fidjienne, me montre la carte et me file direct 50% (argument commercial de base). La serveuse (indienne) est sympa et me demande si je suis marié. C’est la 2eme fois de la journée après le chauffeur qui voulait me caser avec l’une de ses nièces. Après avoir vu plusieurs vieux blancs avec de jeunes Fidjiennes, j’en deviens presque un bon parti ! Je discute un peu avec la patronne qui fêtera noël avec sa famille, ses 3 enfants et ses 3 petits enfants dont l’un vient de naitre. Le plat de curry est copieux et bon ; je reprends espoir en ce pays.
Dans la rue, un homme m’interpelle et on discute un peu. J’ai pris cette habitude au Vanuatu, mais le coté désintéressé a disparu ici… On dit que se faire avoir une fois, c’est la faute de l’autre ; à la 2eme, c’est ma faute. J’en suis persuadé. Je suis beaucoup trop tendre après une semaine de pure gentillesse au Vanuatu… Après une petite discussion rugby (ils connaissent tous Toulouse ici !) et à nouveau la cérémonie du Kava, le discours commercial reprend. Lassé et déçu, et surtout (heureusement) sans plus de monnaie sur moi, je lui balance 5FJD (2€) pour le Kava (et les « enfants » qui viennent bizarrement tous du même village…).
Retour à pied jusqu’à l’auberge. S’ils me traitent en touriste, je serai ce touriste. Je ne foutrai plus un pied dans « l’authenticité Fidjienne ». Je commence par contre à comprendre pourquoi l’auberge est si bien notée. Après cette journée en ville, je comprends que ce que je prenais à l’auberge pour du touristique est en fait le plus authentique : la gentillesse, les plats, le Kava. En clair, l’hôtel est plus fidjien que la ville, désormais un attrape-touristes.
Hier soir, des musiciens ont joué jusqu’à minuit en partageant avec nous le Kava. Sans frais, en amis. Et en musique et partage. Un bel esprit.
Ce soir, après un après-midi sur un transat, je prends le plat de l’auberge. Enfin du typique ! le Lovo-lovo. Ca comprend une soupe froide et citronnée de poissons et coco (excellente), du poulet, du bêlé (épinard local), citrouille, aubergine grillée et racine de taro (insipide). Dans le cadre idyllique face à la mer avec musique, soleil en fond, j’envisage sérieusement à en faire ma cantine du soir. Oui, je quitte l’esprit backpacker, mais le pays ne m’en laisse plus le choix.
Je laisse la fin de mon poulet à l’un des chiens errants de la meute qui a décrété la plage son territoire. L’avantage, c’est qu’ils chassent tous les autres chiens. Ils ne sont pas agressifs même s’ils se mettent parfois à hurler à la mort.
Je me fais doucement à l’auberge. Je pense que mon appréhension d’hier vient de la grande différence entre le Vanuatu et les Fijis sur les auberges que j’ai choisies.
Alors que mon MP3 enchainait aléatoirement Aupa BO et la Pena Baiona, 8 Fidjiens ont entamé un rugby-touché. Je me serais bien joint à eux si les carrures ne m’en avaient dissuadé.
Ca me ramène au pays. Légèrement mélancolique, j’appréhende le jour de noël.
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